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Centrafrique : une économie au fond du gouffre
Publié le jeudi 26 octobre 2017  |  Centrafrique Presse info
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© Autre presse par DR
La directrice générale du FMI, Christine Lagarde et le Ministre centrafricain de l`Economie, du plan et de la coopération, Félix Moloua.
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L’économie de la Centrafrique, où se rend le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres le 24 octobre 2017, est exsangue, après quatre années de violence. Etat des lieux.

En 2017, la Centrafrique devrait connaître une croissance de son PIB de 4,5%, après 4,7% en 2016, rapporte le FMI. Pour autant, selon la Banque Mondiale, plus de 75% des 4,7 millions d’habitants sont dans une situation d’extrême pauvreté, plus d’un quart a fui les violences entre milices rivales. Et le pays est classé dernier (188e) en ce qui concerne son Indice de développement humain (IDH) par le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD).


Un pays riche en matières premières


Potentiellement, le pays est riche en matières premières (uranium, diamants, or, bois…) et en produits agricoles (coton, café, tabac, huile de palme…). L’agriculture reste apparemment le principal secteur de cette économie : elle emploie près de 75% de la population et représentait en 2014 plus de 58% du PIB.


La Centrafrique n’en reste pas moins très dépendante de l’aide internationale : en novembre 2016, elle s’est vue promettre plus de 2,2 milliards de dollars sur trois ans lors d’une conférence de donateurs à Bruxelles. En juillet de la même année, le FMI avait approuvé un plan d’aide, là encore sur trois ans, d’une valeur équivalant au PIB du pays (1,584 milliards de dollars en 2015).


Une économie entièrement à reconstruire



De plus, après quatre années de violences (depuis le renversement du président François Bozizé en 2013), l’économie, dévastée, est entièrement à reconstruire. Un objectif qui reste un vœu pieux tant que durent les heurts entre groupes armés rivaux. Ceux-ci s’affrontement notamment pour le contrôle des zones minières. «Des coupeurs de route et d’autres individus armés sévissent également en établissant des barrières illégales pour collecter des taxes auprès des commerçants ou en s’opposant aux éleveurs pour les dépouiller de leur bétail», observe un document de la Banque africaine de développement.


Les violences «empêchent le développement du secteur privé et minent les bases de l’industrialisation et du développement du pays. Elles présentent un environnement à très haut risque, au point que même les nationaux s’abstiennent d’investir. Ce contexte défavorable a tendance à encourager l’expansion des activités entrepreneuriales ‘‘destructrices’’, sur fond de développement du trafic et de fraude, notamment dans le secteur des ressources naturelles», poursuit le document.


«En plus de la perspective de la disparition de ses entreprises», la République centrafricaine «fait face à la désindustrialisation et à une paupérisation de sa population». Et la Banque africaine de développement de conclure : «Le processus ne peut être inversé qu’avec», notamment, «une politique de retour à une sécurité durable et avec la mise en oeuvre des réformes adéquates».





Perspectives économiques en Centrafrique

https://www.afdb.org



Malgré une révision à la baisse, le PIB réel devrait augmenter de 5.1 % en 2016, porté par la reprise des industries extractives.


Alors que le pays connaît une certaine stabilité macroéconomique et tente de mettre en oeuvre des réformes structurelles, les autorités ne contrôlent toujours pas l’ensemble du territoire et les populations sont encore victimes de violences.
En raison des crises politiques récurrentes qui surviennent dans le pays, le développement de l’entrepreneuriat, de l’industrie et du secteur privé est extrêmement risqué et peu attractif, même pour les Centrafricains.



La reprise économique timide entamée en 2014 se consolide progressivement, avec un taux de croissance du PIB réel qui devrait atteindre 5.1 % en 2016. Cette embellie trouve d’abord ses racines dans la reprise du secteur des industries extractives, qui enregistre un bond de 22.8 % à la suite de la levée de la suspension partielle du processus de Kimberley. Les pressions inflationnistes, fortes pendant la crise, devraient s’atténuer en 2017 et 2018 en raison de la reprise du transport sur le corridor Douala-Bangui, et notamment grâce à l’amélioration de l’offre des denrées alimentaires.

Le pays fait toujours face à des violences entre les anciennes factions de l’ex-Seleka, notamment pour le contrôle des zones minières. Des coupeurs de route et d’autres individus armés sévissent également en établissant des barrières illégales pour collecter des taxes auprès des commerçants ou en s’opposant aux éleveurs pour les dépouiller de leur bétail. Les organisations non gouvernementales (ONG) ne sont pas épargnées, alors qu’elles apportent leur aide aux populations. La situation ne pourra pas se calmer tant que les politiques appropriées et le programme de désarmement, démobilisation et réintégration des ex-combattants (DDR) ne seront pas mis en place. La République centrafricaine (RCA) a cependant maintenu une certaine stabilité macroéconomique et a progressé dans la mise en oeuvre des réformes structurelles. Avec l’appui des partenaires au développement, elle a achevé le plan national de relèvement et de consolidation de la paix pour un coût total de 3.16 milliards de dollars (USD), et l’a présenté à la communauté internationale le 17 novembre 2016 à Bruxelles. Son plaidoyer a été un succès et a produit des annonces venant pour l’essentiel des bailleurs traditionnels.


Les crises récurrentes en RCA empêchent le développement du secteur privé et minent les bases de l’industrialisation et du développement du pays. Elles présentent un environnement à très haut risque, au point que même les nationaux s’abstiennent d’investir. Ce contexte défavorable a tendance à encourager l’expansion des activités entrepreneuriales « destructrices », sur fond de développement du trafic et de fraude, notamment dans le secteur des ressources naturelles telles que les mines, les forêts, etc. En plus de la perspective de la disparition de ses entreprises, la RCA fait face à la désindustrialisation et à une paupérisation de sa population. Le processus ne peut être inversé qu’avec une politique de retour à une sécurité durable et avec la mise en oeuvre des réformes adéquates.





Source: Perspectives économiques en Afrique (PEA) 2017









APPRÉCIATION DU RISQUE



http://www.coface.com



Le contexte macroéconomique s’améliore mais les tensions intérieures continuent de peser sur la croissance



La croissance devrait continuer à progresser en 2017 dans un contexte de reprise graduelle des exportations, suite à la levée de l’embargo sur les ventes de diamants, et des investissements en provenance de l’étranger. Néanmoins, ces progressions ne permettent pas de retrouver les niveaux antérieurs au conflit de 2013 du fait de l’insécurité persistante qui continue de nuire à l’activité économique.

La demande interne devrait demeurer atone compte tenu de l’exil de près d’un quart de la population (1 million de personnes ont quitté le pays depuis le début du conflit et ne sont pas encore revenus). Cependant, l’arrivée au pouvoir, en 2016, d’un gouvernement stable devrait marquer le début d’une période de transition qui pourrait se traduire par une hausse des exploitations agricoles et minières. La production agricole, qui contribue à plus de la moitié du PIB et emploie près de 75 % de la population resterait le principal acteur de l’économie centrafricaine. Malgré les aides d’urgence octroyées par l’UE et le FMI, le pays peine toujours à se redresser à l’image des investissements privés et publics qui devraient rester marginaux en 2017. L’inflation tend à diminuer mais devrait rester au-dessus des 3 % ciblés par la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale. Cette légère baisse devrait être imputée à de moindres pressions sur les prix agricoles domestiques (en raison de l’accroissement de l’offre).



Des finances publiques et des exportations tirées par l’aide internationale



En partenariat avec le FMI, le nouveau gouvernement va progressivement reprendre les réformes budgétaires qui ont été interrompues par le coup d’Etat de 2013 et le conflit qui a suivi. Fin juillet 2016, le FMI a approuvé un plan d’aide de trois ans d’une valeur d’environ 6% du PIB. De plus, la communauté internationale a annoncé, en novembre 2016, verser des dons d’une valeur équivalant au PIB centrafricain. Les transferts de ses dons restent incertains en raison de dons promis qui n’ont jamais été versés (seulement 34 % des dons du Plan de Réponse Humanitaire ont été octroyés en 2016). Néanmoins, ils devraient quand même permettre au pays de réduire considérablement sa dette publique.

Les recettes devraient légèrement augmenter grâce à un renforcement des administrations fiscales et douanières afin de maximiser les gains liés aux flux commerciaux croissants. Cependant, les revenus devraient rester trop faibles pour régler toutes les dépenses courantes et les services de la dette extérieure, rendant le pays très dépendant des aides internationales. Les dépenses devraient croître, moins rapidement, suite à la volonté du gouvernement de se concentrer sur un plan national de désarmement des groupes rebelles.

Le déficit du compte courant devrait diminuer en 2017, en lien avec la levée partielle de l’embargo sur les diamants centrafricains. Toutefois, la reprise des exportations devrait être progressive et dépendrait de la capacité du gouvernement à récupérer les marchés implantés dans le secteur informel depuis le début du conflit en 2013. Les exportations de bois, de café et de coton (principales richesses agricoles du pays) devraient continuer à pâtir de l’insécurité et des perturbations qui touchent le secteur des transports et de la logistique. Malgré une faible demande domestique, les importations devraient continuer à croître en raison du cours de pétrole qui devrait progressivement remonter.



Volonté d’unification du gouvernement, en proie à des conflits intérieurs qui pénalisent fortement l’environnement des affaires



Les élections présidentielles et législatives (qui se sont déroulées simultanément le 14 février 2016), se sont conclues par l’accession de Faustin-Archange Touadéra au pouvoir après validation des résultats par la Cour Constitutionnelle le 1er Mars. En formant son gouvernement, en avril 2016, Touadéra a démontré sa volonté d’une république unifiée en nommant des membres de l’opposition. Le nouveau président a, néanmoins, prohibé la présence des représentants de groupes armés. Cette décision pourrait raviver certaines tensions à l’image des mécontentements croissants des populations envers le gouvernement suite à l’impuissance de celui-ci à les défendre des milices rebelles. Le gouvernement a les pieds et poings liés du fait de l’embargo international sur les armes et ne peut de ce fait protéger ses citoyens en constituant une force armée centrafricaine. Tandis que les pourparlers entre le gouvernement et les Nations Unies pour lever l’embargo se poursuivent, les Casques bleus ont pour mission de protéger les citoyens. En effet, les combats n’ont jamais cessé à l’image d’une altercation entre les milices d’ex-Seleka et anti-Balaka dans le nord du pays en octobre 2016, qui a fait des dizaines de morts civils.

Dans ce contexte de discorde, le climat des affaires devrait demeurer instable et tendu. Ainsi, selon la Banque mondiale, la République Centrafricaine serait, en 2016, l’un des pays les moins bien classés en termes d’efficacité du gouvernement, de qualité de la réglementation et de respect des lois.
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