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Centrafrique : A N’delé, trafic d’armes géant au profit des ex-selekas
Publié le jeudi 7 decembre 2017  |  RJDH Centrafrique
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© Reuters par Siegfried Modola
Des combattants de l`ex-Seleka dans les rues de Bangui
Lundi 27 janvier 2014
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Les appels au secours de la population de N’Délé, à bout de nerfs, suffoquant sous le joug des envahisseurs venus du nord, se perdent dans la savane sans trouver d’écho.
Les habitants ont été transformés en esclaves par les Arabo-musulmans descendus du Soudan et du Darfour. Ces « seigneurs de guerre » règnent en maîtres absolus sur le commerce des armes qui alimente les deniers des ex-Sélékas, renforçant ainsi leur puissance de feu et leurs prétentions séparatistes. Les trafiquants, anciens Janjawid adeptes de la charia, cruels et sanguinaires, ont fait de la ville un véritable comptoir de vente d’armes à ciel ouvert.
Scandale des scandales : N’Délé est devenu un no man’s land, dont l’entrée semble interdite aux autorités légitimes. La ville est, désormais, quasiment coupée du reste du pays.
Quel affront pour le pouvoir en place ! Ce marché d’armes à ciel ouvert, cette espèce de califat en gestation qui soumet les populations abandonnées à la cruauté des envahisseurs, auraient dû provoquer l’ire d’un gouvernement responsable et protecteur. Mais le pouvoir immobile de Bangui, terrorisé devant les bandes armées, se tait. Infiltré par les chefs de l’exSéléka, le gouvernement Sarandji II chancelle sous les oukases des séditieux.
Dans quel État sommes-nous ? Le pays ressemble à une serpillière sur laquelle n’importe qui peut venir s’essuyer les pieds sans être inquiété. Des rebelles armés et sanguinaires peuvent en massacrer la population en toute quiétude et exiger de rester impunis. Tout se passe comme si l’Union Africaine faisait pression sur le pouvoir légitime pour qu’il cède aux séditieux.
Si la situation catastrophique de N’Délé perdure, s’installant dans le temps sans une réaction forte du gouvernement pour y mettre fin, il faut craindre pour l’avenir de la République Centrafricaine, et voir se multiplier d’autres marchés d’armes à ciel ouvert sur le territoire.

CAPITULATION HONTEUSE DE L’UNION AFRICAINE DEVANT LES REBELLES
Bedializoun Moussa Nebié, représentant de l’UA à Bangui, se félicite : « L’Union Africaine se réjouit que les groupes armés aient accepté d’adhérer à l’initiative africaine pour la paix ».
On ne peut qu’approuver l’adhésion des rebelles aux négociations de paix et de la réconciliation. Mais à quelles scandaleuses conditions ?
Après avoir commis d’innombrables crimes contre l’humanité, les ex-Sélékas n’ont pas cessé de refuser la main tendue du président Touadera pour qu’un dialogue s’instaure dans le cadre du DDR mourant. Comment accepteraient-ils, maintenant, d’adhérer au processus de pacification ?
Il ne faut pas qu’au nom de la paix à tout prix, les victimes soient sacrifiées et leurs bourreaux absous de leurs forfaits criminels. N’oublions pas que ces criminels sont lestés d’un mandat d’arrêt de l’ONU !
Et que fait-on de l’attente désespérée des victimes et leurs familles qui espèrent toujours qu’on leur rendra justice ?
Tout le monde en Centrafrique sait que les rebelles ont une obsession : empêcher, coûte que coûte, le fonctionnement de la Cour Pénale Spéciale de Bangui qui les enverrait en prison pour leurs crimes.
Quant à la MINUSCA, elle semble pratiquement hors-jeu. Rejetée par la population en colère, elle ne sait plus sur quel pied danser. Il faudrait la remanier en profondeur et changer les responsables qui ont lamentablement failli à leur mission de paix et de protection.
NECESSITE D’UNE CONFÉRENCE INTERNATIONALE
Nous l’avons à plusieurs reprises suggéré ici. Pourquoi ? Parce qu’en Centrafrique, la situation échappe, peu à peu, à tout contrôle. L’illusion de paix qui règne dans la capitale a été elle-même ébranlée ces derniers jours par des affrontements et des crimes. Les autorités du pays ne contrôlent plus que difficilement la capitale. Cette paix fragile en train d’être menacée par le retour d’une instabilité sanglante. 80% du territoire sont occupés et gérés par les ex-Sélékas. Malgré les gesticulations des uns et des autres pour essayer de ramener le calme, la Centrafrique s’enfonce tous les jours dans le chaos et le pays descend, inexorablement, en enfer.
Seule, une mobilisation de la communauté internationale pourra imposer la paix et la réconciliation nationale.
Il faudrait qu’elle intervienne le plus rapidement possible.
Au nom de l’humanité.

JOSEPH AKOUISSONNE
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