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Centrafrique : La République Démocratique du Congo contre le transfert des eaux pour sauver le Lac Tchad
Publié le vendredi 6 avril 2018  |  RJDH Centrafrique
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© Autre presse par DR
En Centrafrique, les déplacés du fleuve Oubangui
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Bangui – Le Ministre congolais (RDC) de l’Environnement était le 04 avril face aux Députés de la Nation pour informer l’Assemblée nationale et l’opinion nationale sur le projet Transaqua. Le Ministre a indiqué que le Gouvernement congolais oppose son refus au transfert des eaux du fleuve Congo pour renflouer le Lac Tchad.

A la Conférence Internationale sur le Lac Tchad en février 2018, les Présidents de la Commission du Bassin du Lac Tchad et leur homologue centrafricain ont signé «la Déclaration d’Abuja» qui sera une référence et le fondement des futurs engagements pour la restauration du Lac». Il s’agit du drainage des eaux du fleuve Congo et Oubangui pour renflouer le Lac Tchad asséché à 90%: le Transaqua.

Cette initiative vient d’être contestée par le Gouvernement de la République Démocratique du Congo.

En effet, invité le 04 avril par les Députés nationaux pour les informer sur ce mégaprojet hautement délicat, le ministre de l’Environnement, Amy Ambatobe a indiqué que le gouvernement de la RD Congo ne souscrit pas au projet du Transaqua qui comporte de grands dangers pour son pays. Selon le ministre, le mégaprojet pourra compromettre l’avenir «du barrage et du projet grand Inga, du devenir de la mangrove avec ses zones de fraîcheur particulière ainsi que du risque du réchauffement climatique qui résulterait de l’évaporation du carbone contenu dans les tourbières du Bassin du Congo».

Même si la RDC tire de grands bénéfices financiers en vendant les eaux brutes du Congo, Transaqua demeure une grande menace pour la biodiversité du pays. «Tout transfèrement d’eau du fleuve Congo est conditionné par des études préalables ce qui exclurait tout transfèrement à partir de l’Ubangi », a-t-il martelé. Il a exhorté les Elus du peuple à se mobiliser et à «organiser un lobbying de taille pour expliquer la bonne volonté du pays à assister ses voisins, mais après des études préalables d’impacts environnementaux et sociaux», a rapporté la presse congolaise qui a ajouté que «le gouvernement congolais s’apprête à saisir le Conseil de sécurité pour signifier officiellement cette position de la RDC » a déclaré le Ministre.

Sur ce transfert qui passera par la République Centrafricaine, auquel le Président avait pris part à la signature de « la Déclaration d’Abuja », les autorités de Bangui et la société civile ne se sont pas encore prononcés. Mais sur la toile, les internautes centrafricains ont dans la majorité désavoué le Transaqua.

Le titanesque Transaqua :

Couvrant théoriquement 2.380.000 km2, soit 7,8 % du continent africain, le bassin actif du Lac Tchad se limite actuellement à «967 000 km2» selon des données. Le Chari et son affluent le Logone, qui prennent leurs sources en Centrafrique le ravitaillent à 90%. Il est à cheval entre le Cameroun, le Niger, le Nigeria et le Tchad.

Mais depuis quelques années, avec le changement climatique et les actions anthropiques, le Lac a perdu 90% de sa surface. Face à cela, des experts ont pensé que l’unique solution pour la revitaliser est son renflouement par les eaux de l’Oubangui ou du fleuve Congo.

Ainsi, à partir des années 1970, l’on a réfléchi à le ravitailler grâce aux eaux du Fleuve Congo et le projet est appelé : Transaqua. Il a été pensé pour la première fois par le cabinet d’ingénierie et de conseil italien Bonifica et resurgit grâce la société chinoise Power china par l’entremise du Nigeria.

Ce mégaprojet vise à transférer 50 à 100 milliards de m3 d’eau par an par un canal, depuis le fleuve Congo «via une série de barrages en RDC et en République Centrafricaine (RCA), ainsi que la génération potentielle de 15.000 à 25.000 millions de KWh d’hydroélectricité grâce au mouvement de l’eau par dénivellation ».

Selon la Commission du Bassin du Lac Tchad (CBLT), le Transaqua a de multiples bénéfices : «Le canal de transfert d’eau sera navigable de 100 m de large et 10 m de profondeur, s’étendant de la RDC à la frontière de la RCA. Il sera doublé dans son parcours par une route de service public et, éventuellement, par une voie de chemin de fer», lit-on dans solidariteetprogres.org.

L’entreprise chinoise (Power China) qui a signé un accord avec la CBLT à Abuja, le 13 décembre 2016 assurera «le financement des études de faisabilité à hauteur de 1,8 milliards de dollars américains », a rapporté le site solidariteetprogres.org.

Transaqua au centre d’intérêts économiques et géostratégiques :

Ce méga-infrastructure est qualifié « De la Nouvelle route de la soie au lac Tchad ». Et, il faut rappeler que le Lac Tchad a un sous–sol riche en minerais qui est source de crise entre les États riverains et des multinationales. Il est soutenu par l’Institut Schiller, la Fondation La Rouche et certains pays occidentaux.

Par ailleurs, si des organisations régionales et internationales saluent Transaqua, l’Union Européenne le désapprouve. Il y a de cela 5 ans (2013), «en réponse à une question de la députée européenne CristianaMuscardini, la Commission européenne a rejeté l’idée d’un transfert de ressources hydrauliques vers le Sahel, une région dévastée par la sécheresse, invoquant des préoccupations environnementales », a rappelé le magazine en ligne.

«L’Union européenne est au courant de l’existence d’un projet de transfert d’eau de la rivière Oubangui vers le lac Tchad (Transaqua). Des études de faisabilité préliminaires ont cependant indiqué que le projet comporterait des risques environnementaux majeurs», avait répondu le 16 août 2013 le Commissaire au développement de l’Union européenne Andris Piebalgs.

Après la tension autour du Nil, c’est au tour du fleuve Congo. Attendons voir !
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