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Centrafrique : La paix, mais a quel prix ?

Publié le lundi 28 mai 2018  |  Corbeau News Centrafrique
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© Autre presse par DR
Les rebelles de la séléka
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DES MILLIERS DE VICTIMES SERONT-ELLES SACRIFIÉES POUR L’OBTENIR ?


Les choses se présentent mal. Dans les actions légitimes entreprises pour rechercher la paix, les victimes innocentes de la barbarie des bandes de criminels ne sont pas évoquées. On fait comme si, pour convier les groupes armés à la table des négociations, il fallait céder aux conditions posées par les criminels de guerre et les auteurs de crimes contre l’humanité. On va même jusqu’à réintroduire dans le jeu des faux-culs l’ex-chef des Sélékas, Michel Djotodia ! Mais est-ce qu’il n’est pas poursuivi par l’ONU pour crimes de guerre et interdit de voyage ? Il ne reste plus qu’à consulter également François Bozizé, l’ex-président accusé, lui aussi, par les Nations-Unies de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité !

Les autorités actuelles, affaiblies, incapables de sauver les Centrafricains du désastre, donnent l’impression de capituler devant l’odieux chantage des rebelles. Ce qui se trame, avec les Russes comme médiateurs, est insupportable. Doit-on comprendre que les ex-Sélékas ont déjà gagné ? Ce sont les Russes qui ont rencontré Michel Djotodia – il a appris le russe et le parle couramment. La rencontre, qui s’est déroulée à Cotonou, avait pour objectif d’établir un contact avec les chefs rebelles.

Cette transformation des Russes en médiateurs est-elle voulue par le président de la République ? Si oui, alors Touadera doit expliquer aux Centrafricains quel est le contour du champ d’action confié aux Soviétiques. Ne se sont-ils pas déjà rendus à Kaga-Bandoro pour prendre contact avec les ex-Sélékas et distribuer des vivres à la population ? N’ont-ils pas pris, en peu de temps, une trop grande place dans les rouages du pouvoir centrafricain ? Nous ne pouvons pas croire que le poids des Russes dans la politique centrafricaine se fasse au détriment de celui des Français sans l’autorisation du président Touadera.

Il faudra expliquer aux Centrafricains ces nouvelles alliances et cette nouvelle géopolitique.



QUE SE SONT DIT LES RUSSES ET LES REBELLES ?

Les Russes ont certainement cherché des garanties pour pouvoir exploiter les ressources minières. Quant aux ex-Sélékas, ayant la haute main sur les mines d’or, de diamants et les champs de pétrole, ils ont énoncé leur condition inacceptable : l’impunité pleine et entière ! Maîtres de lieux, ils veulent également partager le pouvoir avec les autorités actuelles du pays. C’est une reconnaissance de facto des ambitions séparatistes des ex-Sélékas. C’est reconnaitre leur pouvoir illégale sur les provinces qu’ils occupent.

Qu’ils viennent dialoguer pour la paix, c’est une initiative qui peut les honorer. Mais on doit impérativement leur faire reconnaître leurs crimes et les obliger à en rendre compte devant la Cour Pénale Spéciale de Bangui.



LA PAIX NE DOIT PAS ÊTRE TROP CHER PAYÉE

Peut-on oublier, au nom de la paix, de rendre aussi justice aux femmes, aux adolescents et aux jeunes filles violés par les Casques bleus et les éléments des forces françaises Sangaris ? On n’entend même plus parler de ces crimes abominables. L’État, dont le rôle est pourtant de protéger les populations, se tait. Il est urgent pour le gouvernement centrafricain d’exiger des pays dont les soldats sont les auteurs avérés de dérives sexuelles que justice soit faite.

La paix que l’on veut signer aux conditions des rebelles sent trop fort l’odeur de la trahison. Si, pour l’obtenir, il faut blanchir les rebelles de leurs crimes de guerre et de leurs crimes contre l’humanité, comme on l’a fait pour les violeurs et les pédophiles, c’est totalement inacceptable.

Si le prix de la paix, c’est accepter la partition du pays en califats, c’est non !

Les Centrafricains sont en droit d’attendre autre chose. De retrouver une paix véritable dans l’honneur.

JOSEPH AKOUISSONNE DE KITIKI
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