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Centrafrique/Chine : assassinat de trois chinois dans la ville minière de Sosso-Nakombo

Publié le jeudi 11 octobre 2018  |  Corbeau News Centrafrique
Enseigne
© Autre presse par DR
Enseigne de la Mairie de Sosso-Nakombo
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LES RELATIONS CENTRAFRICAINES SONT MENACÉES PAR L’EXASPÉRATION D’UNE POPULATION DEPOSSEDEE



L’assassinat de trois Chinois dans la ville minière de Sosso-Nakombo, préfecture de la Memberé-Tadei, est une atteinte sérieuse et regrettable aux relations entre la Centrafrique et la Chine.

Les tensions étaient perceptibles depuis longtemps déjà dans certaines zones minières. La multiplication anarchique des autorisations d’exploitations accordées aux Chinois et aux mercenaires russes de la société Wagner, l’arrivée massive de Chinois souvent accompagnés de clandestins, la cession de terres cultivables comme au bon vieux temps des sociétés concessionnaires avaient nourri, au sein d’une population dépossédée, un sentiment d’injustice et des frustrations telles qu’elles ont fini par envenimer la cohabitation entre les deux peuples.

C’était prévisible. En effet, de lourds soupçons de corruption pèsent sur l’octroi des permis d’exploration et d’exploitation à des prédateurs étrangers. Des ministres, de hauts fonctionnaires et autres agents de l’État auraient au passage empoché de juteuses rétro-commissions. Dans l’assassinat odieux, ignominieux et révoltant des trois Chinois, il est inévitable de soupçonner la responsabilité des dirigeants.





LE PAYS EST INDUBITABLEMENT CORROMPU A TOUS LES NIVEAUX



Depuis l’aube de l’indépendance, un mal indicible ronge la bonne gouvernance de la République Centrafricaine. Ce mal a deux noms : corruption et biens mal acquis. L’oligarchie, le népotisme, le despotisme, le tribalisme et le régionalisme semblent présider aux destinées d’une Centrafrique exsangue, dont la population subit tous les jours une injustice insupportable.

Les gabegies qui gangrènent et compromettent le développement du pays sont les causes du retard pris par la RCA, alors même qu’elle dispose de colossales potentialités.

La population est exaspérée. Déçue et choquée par les comportements prédateurs de ses dirigeants. L’assassinat des trois ressortissants chinois sur une exploitation minière doit mettre en garde et interpeller tous les Centrafricains.

Si l’État n’introduit pas d’urgence une transparence irréprochable dans l’attribution de ses concessions minières et forestières, la colère de la population risque d’aller crescendo. Ses prochaines cibles seront peut-être les dirigeants eux-mêmes, car aucun peuple ne peut accepter d’être dépossédé de sa terre et de ses matières premières.

Il faut sanctionner lourdement les responsables, chefs de L’état, ministres et hauts-fonctionnaires convaincus de détournements de fonds et corrompus. Ils doivent rembourser ce qu’ils ont volé au peuple. Les biens mal acquis, planqués dans les paradis fiscaux et les banques suisses, doivent être saisis et restitués à qui de droit, c’est-à-dire au peuple. Là aussi, zéro impunité !

Les Chinois sont passés maîtres dans l’art de la corruption pour acquérir des concessions de forêts et des mines de matières premières.

Il faudrait donc instituer de nouvelles procédures d’octroi. Il nous semble qu’on pourrait instituer un comité, composé d’élus, de représentants de la société civile et de délégués des provinces concernées par les permis d’exploration et d’exploitation des gisements, afin de veiller à la transparence des autorisations à accorder. Ainsi, un ministre ou un haut fonctionnaire ne déciderait pas seul de l’attribution des permis et ne pourrait pas empocher les juteux « matabiches » (pots de vin) et autres biens mal acquis.

Parallèlement à la recherche de la paix, le gouvernement doit donc accentuer la lutte contre les injustices et les impunités. Si des personnes travaillant pour le bien public sont convaincues d’enrichissement illicite, elles doivent être radiées à vie des administrations et rembourser les fonds détournés. Les dirigeants ne doivent pas donner l’impression d’avoir cédé le pays aux étrangers pour quelques dividendes. Sinon, la xénophobie risque de se répandre dans le pays. Les populations frustrées et dépossédées pourraient alors basculer dans la détestation de l’étranger.

Ce qui serait une entorse tout à fait regrettable à la tradition centrafricaine. Celle-ci ne demande-t-elle pas de toujours bien accueillir celui qui vient d’ailleurs ?
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