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Centrafrique : La destitution du PAN serait-elle un drame pour le Centrafrique ?

Publié le vendredi 26 octobre 2018  |  Corbeau News
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© Autre presse par DR
Le Président Abdou-Karim Méckassoua
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Il y’a quelques jours, le PAN a cru bon annoncer lui-même, par anticipation, une procédure visant sa destitution du perchoir de l’Assemblée Nationale. Une telle posture semble accréditer la thèse selon laquelle, le PAN panique, puisque n’étant plus au fait de ses forces et ses assurances. En actionnant ses relais internationaux, tels Christophe Boisbouvier et François Soudan, alors que finalement une majorité substantielle des élus du peuple vient en effet de signer et déposer une motion de destitution du PAN, Méckassoua démontre ainsi que son socle politique n’est pas en Centrafrique et qu’il est fondamentalement à rechercher dans le parti de l’étranger.

Plus prosaïquement, le discours du PAN en la circonstance de l’ouverture de la session ordinaire du parlement, session consacrée à l’exercice budgétaire, a été en grande partie articulé autour de la personne du PAN, de sa carrière politique et de ses intérêts bien compris. Ainsi, le deuxième personnage de l’état démontre, s’il en était besoin son profond narcissisme, un nombrilisme qui le caractérise depuis fort longtemps.

Pour revenir au discours, Méckassoua semble indiquer être sorti directement des cuisses de Jupiter pour s’asseoir sur le perchoir de l’Assemblée nationale. Il assure ne devoir rien à personne, même pas à ses collègues députés qui, par leur vote l’ont porté au perchoir. Il se pose en grand pourfendeur de la mauvaise gouvernance, en héraut de l’unité nationale, en réformateur hors pair, en rempart contre la chienlit et l’obscurantisme, en véritable détenteur de la compétence au sommet de la RCA…. Mais alors que craint-il de cette motion de destitution ? Lui qui a le plus gros carnet d’adresses de la République, lui qui est si indispensable à la République, lui dont l’absence précipitera dans les abymes toute la République, lui qui n’est pas un agneau sacrificiel, lui qui est probablement un lion, lui qui est une lumière qui a toujours brillé partout où il est passé dans ce pays ?

Cette motion de destitution du PAN ne vient que d’arriver sur le bureau de l’Assemblée nationale, que voilà toutes sortes d’agitations perturbent le PAN et sa camorra, comme-ci celui qui n’est pas un agneau sacrificiel se voyait déjà malgré lui sur l’autel tant redoutée. On aurait pensé que pour l’amour de sa personne, pour son honneur face à la défiance des 2/3 des députés, ce dernier se résolve à l’élégance de l’évidence. Que nenni, le sieur Méckassoua est prêt comme à son habitude, il se battra pour lui et son beefsteak. Il se battra parce que les centrafricains ont trop souffert, que sans cela le DDRR n’aura plus lieu, les groupes armés s’en retireraient pour marcher sur Bangui au secours du premier d’entre eux, le soldat à sauver Abdou Karim Méckassoua. Alors pour bien tracer son chemin de l’espérance, en attendant la fonte des bêtes sauvages sur Bangui, le sultan dans son discours a montré la voie préliminaire, ainsi à coup de juridisme, les soldats perdus du sultanat ont abondé le sillon, le professeur Akandji en premier de cordée s’est évertué et s’évertue encore à enfermer la bien-pensance dans son interprétation de la constitution et du règlement intérieur de l’Assemblée nationale, oubliant au passage que c’est d’un postulat éminemment politique et par la corruption active que Méckassoua est devenu PAN.

En enjoignant implicitement lors de son discours, à ses affidés de se mettre en mouvement, ces derniers ne se sont pas fait attendre, le CNDS du tristement célèbre Abdoulaye Issène et l’UPC du sanguinaire nigérien Ali Darassa dont le porte parole est un collaborateur du PAN, viennent respectivement d’annoncer leur sortie de l’entente de Khartoum et ce n’est qu’un début, le fou du PAN, le député Zingas n’est pas en reste. On voit bien que le masque tombe car ce n’est point le chantre de la démocratie, du respect du droit et de la loi, l’homme des audits que certains médias nationaux et internationaux ainsi que des esprits fragiles encensent mais bien un chef rebel qui s’est hissé par effronterie au perchoir de la représentation nationale.

Avec cette motion de destitution, peut-être que le crépuscule du fin manœuvrier Méckassoua, en service déstabilisé depuis les années 1996 jusqu’à ce jour, est arrivée car en son âme et conscience, il sait intimement qu’il n’a jamais été loin des multiples soubresauts qui ont émaillés et ensanglantés la RCA.

Au demeurant, on peut légitimement se demander s’il est démocratique de démettre le président de l’assemblée nationale ? Une contribution récente de monsieur Thierry Simbi montre que la RCA a déjà connu une destitution d’un PAN en la personne de Monsieur Faustin Maléhombo, au lendemain des indépendances. Monsieur Simbi décrit le contexte et retrace les circonstances de cette destitution.

La fonction de PAN étant éminemment politique, il sied qu’au-delà de tous les fantasmes juridiques, il y est une observance politique des faits découlant de cette charge, ainsi que du traitement que cela exige. Méckassoua en bon manœuvrier politique voudrait impliquer le Président de la République dans ses propres turpitudes, créant ainsi une crise au sommet de l’état. Seulement, en voulant détourner l’opinion, ce qui lui réussi avec les forces de l’immobilisme qui le soutiennent et qui sont légion dans le paysage politique centrafricain, Méckassoua oubli que se sont ses propres collègues qui ne veulent plus de lui, ceux qui lui ont donné leur suffrage et non le Président Touadéra. Pourtant au titre de la stabilité politique, Méckassoua se réclamant de la majorité présidentielle, le Président de la République ainsi que les forces politiques de cette majorité, s’ils estiment le soutien du parlement à l’action du gouvernement incohérent et inefficace, peuvent rechercher à travers des mesures de corrections, à s’assurer une majorité fidèle. C’est le jeu politique et uniquement cela…

In fine, si destitution il y’a, ce ne sera qu’un acte politique, une clarification entre une majorité présidentielle qui gouverne avec ses soutiens et une opposition qui joue clairement sont rôle.
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