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Centrafrique : intérêt alimentaire et socio-économique du Koko

Publié le mardi 6 novembre 2018  |  Lepotentiel Centrafricain
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L’un des aliments les plus consommés sur le territoire national qui vient juste en seconde position après le manioc, c’est la feuille du Koko qui présente un intérêt socio-économique en République centrafricaine vu le nombre d’acteurs qui interviennent dans les activités de cueillette et de la commercialisation de cette feuille alimentaire.

En République centrafricaine (RCA), les feuilles de Gnetum, appelées communément « koko » en sango, font partie du régime alimentaire de toutes les couches sociales. Les deux espèces africaines (Gnetum africanum et Gnetum buchholzianum) sont de petites lianes de sous-bois à feuilles comestibles. Il semble difficile d’expliquer pourquoi cette plante est préférée à de nombreuses autres espèces à feuillage comestible de flore spontanée.

On peut consommer ces feuilles à l’état cru, mais en général, elles constituent un aliment de complément ajouté au plat de viande, de poissons, de champignons ou de chenilles avant la fin de la cuisson ; de nombreux restaurants proposent des spécialités à base de Gnetum parmi lesquelles : le bœuf au koko, poissons fumés au koko, chenilles diverses séchées au koko, crevettes séchées au koko, nguengue au koko, koko à la pâte d’arachide, etc. Ces spécialités à base des feuilles de koko jouent un rôle qui va au-delà de leur utilisation alimentaire. Les populations expriment leur identité culturelle à travers la consommation de ces plats.

En Centrafrique, la consommation moyenne des feuilles de koko a été évaluée à 2 grammes par individu et par jour, ce qui représente un total de prélèvement sur le milieu naturel qui pourrait constituer une menace pour les espèces spontanées du genre Gnetum. Dans certaines régions proches des grands centres urbains, ces plantes ont complètement disparu. Il devient donc urgent de réaliser la domestication et de constituer des banques de gènes pour sauvegarder les souches des populations sauvages. Car au-delà des considérations socio-culturelles sur le rôle des feuilles de Gnetum, on doit également tenir compte de leur importance dans l’équilibre nutritionnel des populations qui les consomment, en particulier par leurs apports en acides aminés, en sels minéraux et en fibres alimentaires.

Les feuilles de Gnetum ont une teneur élevée en protéines et en substances minérales. Les proportions des huit acides aminés essentiels ou indispensables présents dans ces feuilles confèrent à cet aliment une haute valeur nutritionnelle.

Le commerce des feuilles de Gnetum se pratiquait déjà en 1950 et vendues toute l’année sur les marchés de Bangui et d’Afrique centrale. C’est donc un commerce relativement ancien. Les échanges commerciaux concernant ce produit se sont développés au cours de ces dernières années.

En RCA où persiste un grand intérêt pour ce genre, une entreprise, « le Paysan centrafricain » avait déjà commencé entre 1976 et 1979, à exporter vers l’Europe les feuilles de Gnetum. De nos jours, ces produits sont commercialisés par les femmes pendant toute la durée du cycle annuel, sur les marchés d’Afrique centrale et même dans certaines grandes villes d’Europe surtout en France (à Paris, Lille, Bordeaux, Toulouse, Lyon, etc.) et en Belgique.

En Afrique centrale, des échanges transfrontaliers des produits forestiers non ligneux en général et particulièrement du Gnetum ont lieu entre pays voisins. L’exportation des feuilles de Gnetum du Cameroun vers le Nigéria, et de la RCA vers le Tchad a atteint des proportions très importantes.

Ce commerce utilise un nombre relativement important de personnes à différents maillons de la chaîne et permet à un grand nombre de femmes de s’insérer dans le circuit monétaire. Les femmes exerçant la vente au détail des feuilles de Gnetum ont un revenu commercial mensuel dépassant largement le SMIG (Salaire Minimum Interprofessionnel Garanti) évalué en Centrafrique à 18500 F CFA.

Le revenu généré par la vente des feuilles de koko (entre 35000 et 45000 F CFA par mois) permet ainsi à ces vendeuses, pour la plupart chefs de ménage, de subvenir aux besoins de la famille au même titre qu’une bonne partie des employés de la fonction publique (logement, consommation, santé, éducation, achat des biens et équipements).

La poursuite du commerce de ces feuillages passe nécessairement par la maîtrise de la domestication duGnetum déjà en péril autour des grands centres urbains. La disparition de cette plante est de plus en plus accélérée par les pratiques culturales et des feux de brousse. Le mode de cueillette (déracinement de la plante entière) contribue malheureusement à la disparition progressive du Gnetum.

Il est donc temps de prendre conscience que toutes les ressources naturelles peuvent s’épuiser et les nôtres ne feront pas exception. La domestication du koko peut s’intégrer harmonieusement dans une stratégie cohérente de développement des cultures vivrières autochtones contribuant à résoudre de façon efficace les problèmes d’équilibres nutritionnels et de malnutrition ainsi que la réduction de la pauvreté.

Christian KAMAYEN
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