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Centrafrique: tour de vis sécuritaire en RCA: Alkhatim, Sidiki et Ali Darass refusent poliment le DDRR

Publié le samedi 27 juillet 2019  |  Le Tsunami.net
Ali
© Autre presse par DR
Ali Darassa
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L’Accord de Khartoum/Bangui est grippé. Alors qu’il était présenté par le président Touadéra, le Premier ministre Ngrébada, le parti présidentiel MCU et leurs thuriféraires comme l’unique planche de salut et le seul médicament contre l’insécurité et la méfiance intercommunautaire en Centrafrique, l’Accord, à l’épreuve des faits, semble créer beaucoup de problèmes qu’il n’en n’a résolu et est en train d’aller droit à un échec. Les principaux groupes armés n’étant pas prêts à désarmer leurs combattants, à accepter et à faciliter la libre circulation des personnes et des biens, la levée des barrières payantes et humiliantes, le redéploiement des forces gouvernementales et de l’administration civile dans l’arrière-pays, le non recours à la violence pour régler les différends, la cessation des pillages des ressources naturelles, toutes ces choses qu’ils s’étaient pourtant engagés à appliquer en apposant leurs signatures au bas du texte de l’Accord de paix et de réconciliation nationale en République centrafricaine le 06 février 2019. Et Touadéra tombe dans son propre piège.
En effet, avec le recul du temps, on peut affirmer sans courir le risque de se tromper qu’il y a un vice sécuritaire en Centrafrique depuis l’après signature de l’Accord de Khartoum/Bangui. Et comme en histoire comme en journalisme les faits sont plus parlants et toujours têtus, il est nécessaire, pour corroborer notre assertion, de présenter les faits dans leurs réalités phénoménologiques indubitables.
1-AU CENTRE-NORD ET SES ENVIRONS
Les groupes armés MPC de Mahamat Alkhatim, FPRC de Nourredine Adam et CNDS-FPEC d’Abdoulaye Issène, ont démontré qu’ils sont plus intelligents que les autorités politiques de Bangui et le haut commandement des FACA. Et comment?
Ces chefs de guerre ont réussi à prendre en otage le préfet, le sous-préfet, mais aussi les éléments, gradés, sous-officiers et officiers des Forces armées centrafricaines (FACA) déployés à Kaga-Bandoro. Ceux-ci ne peuvent pas travailler librement, aller d’un point à un autre sans aucune entrave, être en contact avec la population, ni fréquenter et travailler en collaboration pour ne pas dire en bonne intelligence avec les éléments des groupes armés conformément aux clauses de l’Accord de Khartoum/Bangui du 06 février 2019.
Le préfet et les FACA se déplacent à Kaga-Bandoro toujours sous haute surveillance et escorte sécuritaire des troupes de la Minusca, comme s’ils étaient des diplomates étrangers en mission dans une zone de conflit. Ce sont ces forces onusiennes (et non les forces gouvernementales) qui assurent la sécurité du préfet; ce sont toujours les mêmes forces onusiennes qui assurent la sécurité des militaires centrafricains déployés à Kaga-Bandoro, si bien que toute la population de Kaga-Bandoro se pose la question de savoir pourquoi on a affecté les FACA là-bas si ces FACA ne peuvent pas assurer eux-mêmes leur propre sécurité. Dans ces conditions, comment peuvent-ils assurer la sécurité des populations civiles locales?
A Kaga-Bandoro , les FACA sont «bunkerisés» à la base de la Minusca. Même pour sortir et aller se procurer du savon, de la brosse à dent, de la pâte dentifrice, du cirage et de la brosse à chaussure, ces FACA doivent d’abord demander et obtenir la permission des forces de la Minusca qui les accompagnent et les protègent sur le chemin de l’aller et du retour. La vie d’un otage n’est pas différente de celle de Kaga-Bandoro que nous décrivons. Les informations dignes de foi indiquent qu’au niveau du détachement des FACA de Kaga-Bandoro, il y aurait insuffisance d’armes et de munitions: une (1) arme pour trois (3) militaires, cela est grave ! Comment les FACA peuvent-ils organiser les patrouilles dans ces conditions alors qu’en face l’arsenal militaire des groupes armés est impressionnant? N’est-ce pas là aussi une manière d’envoyer ces FACA à l’abattoir? Car, disons la vérité, les instructeurs russes et l’EUTM ont beau assuré une formation de qualité à nos FACA, mais l’insuffisance d’armement et de munitions ne peut aucunement permettre aux FACA d’être à la hauteur de leur mission.
Dans de telles conditions où même les forces gouvernementales ne peuvent pas travailler, comment des civils fonctionnaires et agents de l’Etat peuvent-ils aller travailler?
Au vu de ce qui précède, les menaces du gouvernement à l’encontre des fonctionnaires et agents de l’Etat qui hésitent à aller prendre service à Kaga-Bandoro et ses environs ne se justifient pas. Car, c’est comme si le gouvernement envoyait ses propres fonctionnaires et agents de l’Etat à l’abattoir pour se faire tuer, dès l’instant où même les magistrats affectés à Kaga-Bandoro ne peuvent pas y rester de façon permanente pour travailler. Doit-on alors sanctionner ces magistrats pour non résidence permanente à leurs lieux d’affectation ou abandon de poste? Telle est la question et il ne doit y avoir deux poids deux mesures.
2-A L’EST
Les faits, rien que les faits, tendent à confirmer qu’Ali Darass ne veut pas désarmer ses propres troupes et respecter sa signature de l’Accord de Khartoum/Bangui. Cela est d’autant vrai que lors d’une rencontre entre Ali Darass et la Minusca à Gbokolobo le mardi 09 juillet 2019, le responsable de la Minusca n’avait pas loupé Ali Darass par rapport aux exactions que continuent de perpétrer ses éléments. «Pour la première fois, on a vu quelqu’un de la Minusca vilipender Ali Darass publiquement et ceci en face de ses éléments», a rapporté une source locale témoin des faits.
Mais en dépit de ce rappel à l’ordre onusien, Ali Darass ne change manifestement pas. Il a profité d’une occasion qui lui a été offerte le vendredi 12 juillet pour narguer les Nations-Unies et la Minusca: il a fait occuper de nouveau les maisons des gendarmes par ses hommes et restaurer les barrières qu’il fait remplacer tactiquement par les triangles, symbole d’arrêt obligatoire aux véhicules et personnes qui passent.
Le vendredi 19 juillet dernier, un colonel UPC refuse à ses éléments de libérer les locaux de la gendarmerie occupés depuis longtemps, ainsi que les différentes barrières sur la voie publique. Il l’a signifié directement au chef du contingent mauritanien de la Minusca de Ngakobo. Et depuis lors, on a constaté qu’Ali Darass continue de renforcer son dispositif militaire à Digui, au centre pk 21 sur l’axe Ngakobo, et renforce ses barrières sur les axes Bambari et Alindao.
Plusieurs sources locales et même celles proches de l’UPC à Bangui confirment que c’est Ali Darass qui serait à l’origine de l’infiltration massive des dangereux peuhls appelés « akou » au km5 à Bangui. Ces peuhls akou seraient guidés par les éléments d’Ali Darass depuis la frontière du Tchad à Bangui en passant par la Ouaka, les grands villages de la commune d’élevage Ouro-Djafoune (Maloum, Tchimbolo et Gbokolobo), Kouango-Ngakobo, Ndjoukou, Damara, Boali, Bossongo, Bimbo, Cattin, Kina/Sagbado.
La population de la Ouaka déclare ne pas sentir la présence des forces gouvernementales dans leurs localités. C’est toujours le groupe armé UPC qui règne en maître, lequel groupe armé vilipende les forces de défense nationale qui occupent les trois barrières de Bambari et qui procéderaient à la chasse aux peulhs alors que le moment n’est pas opportun, rapportent plusieurs sources dignes de foi.
3-AU NORD-OUEST
Le mercenaire peulh camerounais Abbas Sidiki est le seul chef de groupe armé qui vient de clarifier sa position en disant clairement, lors de sa rencontre avec la mission du DDRR dans son fief, qu’il ne peut pour le moment pas aller au DDRR pour trois raisons:
D’abord, parce qu’il n’a pas encore l’assurance que les peuhls dans la zone qu’il contrôle vont vivre en paix après le DDRR, car il n’a pas encore vu les mesures prises pour assurer la protection et la sécurité des peuhls et de leurs biens notamment leurs bétails. «C’est eux qui m’ont fait appel pour venir les protéger et protéger leurs biens. Je ne désarmerai pas et ne partirai pas sans avoir eu l’assurance et vérifié l’efficacité des mesures prises par le gouvernement, parce que les peuhls et leurs biens doivent être protégés», a déclaré Abbas Sidiki à la mission mixte ministère du DDRR et Minusca avec qui il a pris langue dans sa tanière.
Ensuite et toujours d’après Sidiki, parce qu’il ne sait toujours pas ce qu’il doit faire en tant que ministre Conseiller militaire du Premier ministre, chargé de la sécurité de la zone Nord-ouest. «Le Premier ministre n’a jamais envoyé quelqu’un venir pour me dire quelle est ma mission et comment je dois l’assumer », a martelé Abbas Sidiki au micro de notre confrère de la Radio Ndèkè Luka le jeudi 25 juillet 2019. On dirait donc qu’il est responsabilisé sans responsabilité !
Enfin, parce que Sidiki n’a pas de contact avec son « patron » le Premier ministre pour qu’il soit rassuré et convaincu que ce qu’il va faire est conforme à la politique du gouvernement, et dont Abbas Sidiki ne voudrait pas échouer. Telles sont, d’après Sidiki, les raisons qui le poussent à ne pas désarmer.
Il s’agit là d’une belle leçon de responsabilité et de gestion des ressources humaines que le mercenaire Abbas Sidiki apprend au chef du gouvernement centrafricain. Cela est la conséquence de la nomination des bras-cassés à des hautes fonctions d’Etat en violation de l’éthique, des exigences de la modernité en matière de travail, mais aussi en violation des pertinentes dispositions de l’article 28 de la Constitution qui interdit pourtant la nomination des chefs et acteurs des groupes armés dans les institutions de la République.
Ceci expliquant cela, Human Rights Watch vient de révéler dans son rapport du 18 juillet dernier, que Sidiki a suffisamment fait preuve du refus d’appliquer les clauses de l’Accord de Khartoum/Bangui avec ce qui s’est produit à Paoua et Bocaranga où ses hommes ont assassiné 46 civils officiellement recensés en mai 2019 (en réalité, le chiffre dépasse 46), sans toutefois oublier que certains corps sans vie gisent encore dans les brousses suite à cette machination diabolique de Sidiki. Alors que rien ne justifie de telles exactions.
«Les combattants qui sont allés à Koundjilli ont demandé aux gens de venir les voir à leur arrivée dans le village. Ils ont rassemblés 11 hommes, les ont fait allonger sous un arbre le long de la route et les ont exécutés», rapporte Human Rights Watch. Quelle barbarie humaine ! Du jamais vu !
Dès l’instant où le président Touadéra et son Premier ministre se sont comportés eux-mêmes en rebelles en violant la constitution qui est la loi fondamentale, suprême et sacrée de la République, ce n’est pas à des mercenaires professionnels et bandits de grand chemin qu’on va faire de la leçon de respect de la constitution et de l’engagement.
On le voit, le vice sécuritaire est là et pour que ça change véritablement, fondamentalement, et durablement, il faudrait une autre option: celle radicale pour la République centrafricaine. Sinon, l’enfer va rester éternel. Qui dit mieux?
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