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Discours de son excellence le professeur Faustin Archange Touadera, président de la république, a l’occasion de la commémoration du 75eme anniversaire de la libération de paris et de la France

Publié le jeudi 5 septembre 2019  |  Présidence
La
© Autre presse par DR
La commémoration du 75è anniversaire de la libération de paris et de la france dans la ville de puteaux
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Madame le Maire Joëlle CECCALDI-RAYNAUD ;
Madame le Ministre des Affaires Etrangères et des Centrafricains de l’Etranger
Monsieur l’Ambassadeur de la République Centrafricaine en France ;
Madame le Consul Général du Royaume du Maroc ;
Monsieur le Consul Général Honoraire de la République Centrafricaine, très cher DIMITRI MOZER ;
Mesdames et Messieurs les Membres du Conseil Municipal de Puteaux ;
Chers Amis Putéoliennes et Putéoliens ;
Distingués Invités ;

Mesdames et Messieurs ;

C’est un immense honneur pour moi, Madame le Maire Joëlle CECCALDI-RAYNAUD ainsi que pour la délégation qui m’accompagne, de répondre à l’invitation que vous même, ainsi que le Conseil municipal, avez aimablement voulu nous adresser, dans le cadre de la commémoration du 75ème anniversaire de la Libération de la France et de Paris.

C’est aussi avec une vive reconnaissance que je viens vous remercier, Madame le Maire, Mesdames et Messieurs les Conseillers municipaux ainsi que tous vos collaborateurs, de l’honneur que vous faites à mon pays de participer à cette commémoration.

Permettez-moi de féliciter mon Compatriote, Monsieur Serge KOBA qui a su, par son travail, par sa vive intelligence et son esprit éclairé, faciliter cette rencontre. Je suis fier de le compter parmi mes compatriotes de la diaspora.

A travers cette commémoration, la Municipalité de Puteaux voudrait rappeler encore une fois, la nécessité de lutter sans cesse contre le racisme, l’antisémitisme ainsi que toutes les formes de discriminations.
En cette magnifique bibliothèque Jean D’ORMESSON, éminent écrivain et philosophe français, disparu en décembre 2017, qu’il me soit permis de rendre un hommage mérité à tous nos soldats qui se sont battus pour que les devises qui sont inscrites sur la façade de ce bel édifice de l’Hôtel de Ville, ne soient pas de vains mots.

J’oserai également, pour résumer l’esprit de notre rencontre, emprunter les mots mêmes de Jean D’ORMESSON qui disait, je cite :
« Il y a des jours, des mois, des années interminables où il ne se passe presque rien. Il y a des minutes et des secondes qui contiennent tout un monde », fin de citation.

Madame le Maire ;
Mesdames et Messieurs les Membres du Conseil Municipal ;
Distingués invités,

Au cours de l’Histoire, nos deux pays ont su nouer une amitié forte, et c’est grâce à des rencontres telles que celle que nous vivons aujourd’hui, que ces relations perdurent et se renforcent.

C’est pourquoi je tiens à vous remercier, Madame le Maire, pour votre invitation à participer à ces commémorations.

Il est en effet de notre devoir à tous de faire vivre la mémoire de celles et ceux qui ont versé leur sang pour défendre la Liberté à travers le monde.

Je viens donc au nom de tout le peuple centrafricain pour vous dire combien notre pays est attaché à la France et saluer la contribution des combattants oubanguiens à la défense de ses valeurs universelles et imprescriptibles.

Pouvoir leur rendre hommage est un honneur. Le faire à vos côtés, un privilège.

Aussi, de la même manière que la ville de Puteaux tire son nom des puits qui autrefois peuplaient son territoire, puisons aujourd’hui, si vous le voulez bien, dans notre mémoire collective.

A l’appel historique de Londres du Général Charles DE GAULLE le 18 Juin 1940, la France s’est retrouvée en deux camps : La France de Vichy avec le Maréchal Pétain et la France libre avec le Général DE GAULLE.
Les colonies africaines d’Outre-mer étaient constituées de l’Afrique occidentale Française (AOF) et l’Afrique Equatoriale Française (AEF).
Suite à l’appel mentionné ci-haut, l’AOF choisit le régime de Vichy tandis que l’AEF sous l’impulsion du Gouverneur Général Félix EBOUE opta pour la France libre.
Ainsi furent constitués en AEF les bataillons de marche suivants :
1- Tchad ;
2- Oubangui Chari ;
3- Congo ;
4- Cameroun ;
5- Gabon.
Vous comprendrez que je me limiterai uniquement au Bataillon de Marche N°2 de l’Oubangui – Chari.
En effet, dès 1938, sentant la montée des fascismes européens et asiatiques prémices de grands bouleversements après la guerre de 14-18, le Gouverneur Général Félix EBOUE procéda à la conscription et à la formation des troupes indigènes appelées tirailleurs.
Ainsi le BM2 prêt au combat quitta Bangui le 4 janvier 1941 pour s’engager sur le théâtre des opérations en Syrie le 8 juin 1941. Après l’armistice de Syrie le 13 juillet 1941, le BM2 quitta la Syrie le 28 décembre 1941 pour arriver en Egypte le 30 décembre 1941 et dirigé en Cyrénaïque en Lybie.
Pour cause du lent déploiement de la 8ème armée britannique du Général Montgomery et de l’avancée fulgurante de l’armée coalisée germano-italienne sous les ordres du Général allemand Erwin Rommel dit le « renard du désert », le Premier Ministre britannique Winston Churchill en appela au Général DE GAULLE installé à Londres pour faire intervenir les troupes coloniales Françaises qui venaient de faire leur preuve en Syrie aux côtés des troupes britanniques.
Ainsi le BM2 sous les ordres du Général Français KOENIG, du Colonel Philippe de HAUTECLOQUE dit LECLERC, dont le nom est donné au plus grand centre d’instruction militaire à Bouar, en Centrafrique, du Commandant Amiel, de l’unique sous-officier Oubanguien, le Sous-lieutenant Georges KOUDOUKOU, combattant de la 1ère Guerre Mondiale, prit position autour de l’oasis de BIR-HAKEIM.
La mission assignée au BM2 fût de perturber et contrarier l’avancée allemande afin de permettre à la 8e armée britannique d’intervenir et de couper la route du canal de Suez, objectif de l’armée allemande.
Prévue pour durer une semaine, la mission de perturbation du BM2 dura du 27 mai 1942 au 11 juin 1942 soit 16 jours au cours desquels les tirailleurs Oubanguiens se couvrirent de gloire galvanisés par leur ancien Georges KOUDOUKOU qui leur disait, je cite « Nous sommes venus de loin pour combattre ! Montrons à l’ennemi que nous sommes des hommes en Oubangui-Chari. Avez-vous vu les bœufs conduits de NGAOUNDERE (nord Cameroun) à l’abattoir à Bangui repartir à NGAOUNDERE ? Pourquoi des hommes comme vous, vous privent d’eau ? », fin de citation.
Le BM2 considéré comme une force supplétive donna la pleine mesure de ses capacités guerrières par le sacrifice suprême de ses tirailleurs Oubanguiens tombés au champ d’honneur pour la patrie Française, de nombreux blessés et une centaine de prisonniers de guerre déportés dans les camps italiens, dont la plupart s’évadèrent avec la complicité du Révérend Père Michel, aumônier du BM2 parti de Saint Paul des Rapides à Bangui.
L’histoire a retenu que le courageux Bataillon de Marche n°2 de l’Oubangui-Chari a contribué de manière significative à la défaite de l’armée allemande en Afrique du Nord et à créer les conditions de la crédibilité des forces Françaises libres (FFL) en lui donnant sa première victoire à BIR-HAKEIM.
Distingués invités ;
Mesdames et Messieurs ;

Lorsqu’en 1940 le 2ème Bataillon de Marche de l’Afrique Equatoriale Française, le BM2 de l’Oubangui-Chari, fut créé par le Général de Gaulle, nul ne pouvait prévoir l’issue de ce conflit.

Et pourtant, dès juin 1941, avec la prise de Damas, la marche pour la libération de la France et de l’Europe avait débuté.

De Bangui jusqu’à Royan, en passant par la Syrie et l’Egypte, ces tirailleurs enclins de courage et d’abnégation sont devenus l’un des symboles de la lutte contre l’oppression, pour la Liberté.

Ce Bataillon sera d’ailleurs fait Compagnon de la Libération le 9 septembre 1942, et son fanion recevra la Croix de la Libération des mains du Général DE GAULLE à Beyrouth.

C’est ce même jour, le 29 août 1942, que le Général DE GAULLE remet la croix de la libération à Paul KOUDOUSSARAGNE, ressortissant centrafricain né en 1920 à Bangui. Suite à ses exploits au cours de la bataille de BIR-HAKEIM, il est l’un de très rares Africains à recevoir cette haute distinction.

Débarqué à Sète au cours du mois de janvier 1945, il participe aux côtés d’autres soldats centrafricains à la campagne de France et à la libération du territoire français. Engagé sur le front de l’Atlantique, il participera à la libération de la ville de Royan.

Madame le Maire CECCALDI- RAYNAUD ;
Mesdames et Messieurs les Membres du Conseil Municipal ;
Distingués invités ;
Mesdames et Messieurs,

Je ne saurais aborder l’histoire des combattants oubanguiens sans évoquer une autre figure de la nation centrafricaine : Georges KOUDOUKOU, surnommé le « père des tirailleurs ».

Cultivateur de profession, Humaniste profondément attaché aux valeurs que sont la Liberté, la résistance face à l’oppression et la volonté de contribuer à un monde meilleur, ce soldat, combattant émérite, a su s’élever grâce à son expérience, son autorité naturelle et ses qualités remarquables de tireur d’élite.

Engagé en 1916 au sein du 3ème Bataillon de tirailleurs, son courage et sa conduite au feu lors des combats de la Grande Guerre lui ont valu l’honneur d’être décoré de la croix de guerre et la médaille militaire.

Il devient l’un des premiers soldats à s’engager au sein du Bataillon de Marche n°2 du Général de Gaulle, dès sa création en 1940. Refusant la soumission au régime de Vichy, il a su convaincre ses frères d’armes de rallier avec lui les forces de la France Libre.

Premier officier centrafricain, il est nommé adjoint au commandant de brigade et devient rapidement une légende au sein son bataillon.

Gravement blessé lors de la bataille de BIR-HAKEIM, il décède à la suite de ses blessures le 15 juin 1942 et est décoré à titre posthume Compagnon de la Libération.

Il est alors le premier officier africain à recevoir cette précieuse distinction.

Mesdames Messieurs,

Le destin de ces deux soldats, Georges KOUDOUKOU et Paul KOUDOUSARAGNE, l’un mort au combat, l’autre y ayant survécu est directement lié au destin de la France.

Madame le Maire,

Vous évoquiez précédemment « Les soldats du monde qui ont versé leur sang pour sauver l’honneur de la France », et je salue votre attachement à rendre hommage aux « oubliés de l’Histoire ».

En effet, nous ne saurions oublier à travers l’exemple de Georges KOUDOUKOU et de Paul KOUDOUSSARAGNE leurs compagnons d’armes, souvent venus de toute l’Afrique et même au-delà pour combattre l’ennemi.

Aussi, je tiens à saluer la mémoire de tous les soldats africains, qui main dans la main et au péril de leur vie, ont su montrer à la France qu’elle n’était pas seule.

La présence des Ambassadeurs et Consul honoraire du Maroc et de l’Afrique du Sud en témoigne.

Je suis convaincu que personne dans l’assistance ne sera insensible, Madame le Maire, à l’attention profonde que vous portez envers la nation centrafricaine ainsi qu’envers toutes les autres nations d’Afrique et je vous en remercie.

Dans le tumulte de la guerre, des amitiés indéfectibles sont amenées à se créer.

Votre invitation est le parfait exemple de l’amitié entre les peuples. Notre devoir de mémoire en est le ciment.

Madame le Maire,

Je saisis l’occasion de ma présence parmi vous en cette ville de Puteaux pour vous exprimer en mon nom, celui de ma délégation, celui de Monsieur le Consul Général Honoraire Dimitri MOZER ainsi qu’en celui de toute la nation centrafricaine combien nous sommes fiers de commémorer aujourd’hui avec vous le 75ème anniversaire de la Libération de la France.

Il me tient également à cœur d’adresser à travers vous ainsi que votre Conseil municipal mes sincères salutations aux Putéoliennes et Putéoliens.

Je vous remercie, Madame le Maire ainsi que tous vos collaborateurs pour l’attention particulière que vous portez ainsi à la République Centrafricaine.
Aussi, si vous le voulez bien, je suis heureux de vous remettre, en mon nom ainsi qu’en celui de toute la nation centrafricaine, la médaille de l’ordre national de la Reconnaissance Centrafricaine.

Je vous remercie de votre aimable attention.
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