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Centrafrique, l’accord de Khartoum moribond

Publié le mardi 17 septembre 2019  |  Centrafrique-Presse
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© Autre presse par DR
Le Chef du FDPC, Abdoulaye Miskine
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L’Accord de Khartoum, signé le 6 février 2019, semble être sur le point de rejoindre les sept précédents accords de paix qui n’ont jamais pu être appliqués sur le terrain. Pouvait-il en être autrement ?

Les principaux chefs rebelles prennent désormais leurs distances avec l’accord et renouent avec les armes tandis que le président Touadera n’arrive pas à mettre en place les instruments permettant d’instaurer la paix et la réconciliation. Les récents événements de Paoua, Bria, Obo et surtout de Birao sont révélateurs d’une paix insaisissable.

La reprise des hostilités

Les principaux groupes armés signataires de l’accord reprennent leur liberté d’action. Abdoulaye Miskine (FDPC) a refusé d’exercer les fonctions de ministre chargé de la modernisation de l’administration et a repris les armes contre le pouvoir de Bangui. Le mercenaire tchadien Mahamat Al-Khatim (UPC) et le mercenaire camerounais Abass Sidiki (3R) ont démissionné de leur poste de ministre-conseiller militaire du Premier ministre pour reprendre leurs activités de hors-la-loi. Le mercenaire tchado-nigérien Ali Darass (UPC) impose sa loi dans la Ouaka, sans aucune opposition.

Le bras droit de Nourredine Adam, leader historique de l’ex-Sekeka, le « général » Abdoulaye Hissene, sous sanction internationale, reprend le combat au nom du FPRC. Il vient d’être nommément accusé par la Minusca pour des actes de guerre, à Birao, contre le MLJC, du ministre Deya Ntoumou, qui avait ouvert les hostilités. On serait tenté de reprendre la vieille rengaine française » Tout va très bien madame la marquise… » devant l’aveuglement des garants de l’accord car l’Accord de Khartoum porte en lui-même ses limites.

Un accord intuitu personae

Préparé minutieusement par la diplomatie russe, avec le concours de l’Algérien russophile Smaïl Chergui inamovible président de la Commission paix et sécurité de l’Union africaine, l’Accord de Khartoum est un accord qui n’engage surtout que les personnes qui l’ont négocié et signé. Le président Touadera avait mandaté son fidèle directeur de cabinet et futur premier ministre, Firmin Ngrebada, pour négocier seul avec les chefs de quatorze groupes armés. L’Assemblée nationale, les leaders de l’opposition, les principaux responsables de la société civile ne furent pas réellement associés à cette négociation.

Seules quelques personnalités appartenant à la majorité présidentielle, comme Martin Ziguele président du MPLC, ont joué le jeu de la figuration médiatique afin de faire accroire que cet accord avait un assentiment national. Ces personnalités commencent tardivement à se rebiffer contre l’accord.

De même, les quatorze chefs des groupes armés ont été cajolés pour obtenir leur signature au bas du document. Il va de soi que leurs sous-chefs et hommes de main n’ont pas été consultés et encore moins encouragés financièrement pour la conclusion d’un tel accord. Croire que ces seconds couteaux vont lâcher aussi facilement la proie pour l’ombre était pourtant peu imaginable.

Sept mois après la signature de l’accord, les rapines, les barrières routières, les vols de bétail et les spoliations restent leurs moyens de survie, d’autant que beaucoup ne sont pas Centrafricains donc nullement intéressés pour l’avenir du pays.

Un accord transactionnel

On peut se demander si l’Accord de Khartoum n’était pas finalement destiné à permettre de consolider et de prolonger, au-delà de 2021, le régime de Faustin-Archange Touadera. Avec la protection de 13 000 Casques bleus, les soutiens de l’ONU, de l’Union africaine et de l’Union européenne, le chef de l’État centrafricain pouvait être serein pour les prochaines échéances électorales.

Encore fallait-il se prémunir d’une nouvelle alliance de groupes armés comme celle de 2012, avec la Seleka, dont il fut la première victime avec son éviction du poste de premier ministre, le 11 janvier 2013.

En contrepartie de l’intégration de responsables des quatorze groupes armés dans l’appareil d’État, les forces armées et l’administration, ce qui se traduit par une amnistie de facto, le président Touadera espérait probablement éviter la coagulation des diverses rébellions.

C’était du donnant-donnant pour un gagnant-gagnant ! Les groupes armés renonçaient à déstabiliser le régime moyennant une reconnaissance de nombreux avantages immédiats et durables. Le pari était vraiment audacieux avec des rebelles rompus à la violence et le plus souvent opposés entr’eux.
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