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New-York - Reunion de haut niveau sur sa RCA: Propos liminaires de son Excellence Pr. Faustin Archange Touadera, President de la République, Chef de l’État

Publié le lundi 30 septembre 2019  |  Présidence
Pr.
© Présidence par DR
Pr. Faustin Archange Touadera, President de la République Centrafricaine à New-York lors de la Reunion de haut niveau sur sa RCA
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- Monsieur le Secrétaire Général des Nations Unies,
- Mesdames et Messieurs les Ministres,
- Monsieur le Président de la Commission de l’Union Africaine,
- Madame la Haute Représentante, Vice-Présidente de l’Union Européenne,
- Monsieur le Vice-Président de la Banque Mondiale en charge de l’Afrique ;
- Mesdames et Messieurs ;
- Chers Amis de la République Centrafricaine ;

Je suis très heureux de vous retrouver aujourd’hui dans le cadre de cette nouvelle Réunion de haut niveau consacrée à mon pays, la République Centrafricaine.

Je réitère mes sincères remerciements à vous tous ici réunis pour votre inlassable engagement à nos côtés.

Lors de notre dernière rencontre de septembre 2018, vous nous aviez apporté un soutien total dans la finalisation des préparatifs du dialogue avec les groupes armés, conduit par l’Union Africaine avec l’appui technique des Nations Unies.

Ce dialogue a abouti à l’Accord Politique pour la Paix et la Réconciliation, signé à Bangui le 6 février 2019. Il s’agit d’une étape, certes importante, mais sa mise en œuvre reste et demeure la phase cruciale.

Ici et maintenant, je réaffirme ma détermination à veiller au respect scrupuleux de tous les engagements du Gouvernement pris au titre de cet Accord.

Mesdames et Messieurs,

J’aimerais, avant de poursuivre mon propos, remercier le Conseil de Sécurité des Nations Unies qui, en votant à l’unanimité la Résolution 2488 (2019), a permis un allègement de l’embargo frappant les livraisons d’armes aux Forces de Défense et de Sécurité de mon pays.

En effet, si cet embargo décrété en 2013 avait peut-être une finalité noble au plus fort moment de la crise, le maintien indiscriminé des sanctions n’aurait à terme d’autre effet que l’affaiblissement durable de l’autorité de l’Etat, empêché de remplir sa mission régalienne de protection des populations et de sécurisation du territoire.

Les sanctions ont par ailleurs eu l’effet pervers de faciliter l’acquisition illicite par les groupes armés de quantités disproportionnées d’armements et l’extension de leur occupation de certaines régions du pays.

Aujourd’hui, en saluant ce pas franchi par le Conseil de Sécurité, je souhaite rappeler qu’avec l’appui de la MINUSCA et de l’UNMAS, mon Gouvernement a rempli les conditions fixées par le Comité de Sanctions.

Ainsi, je voudrais maintenir mon appel au Conseil de Sécurité pour la levée totale de l’embargo afin de permettre aux Forces Armées Centrafricaines de poursuivre sans entraves leur mission de protection et de sécurisation des personnes et des biens sur toute l’étendue du territoire national.

Mesdames et Messieurs,

SUR LE PLAN POLITIQUE, la mise en œuvre immédiate et de bonne foi de cet Accord a débuté par la formation d’un Gouvernement inclusif tel que recommandé par l’article 21 de l’Accord qui compte Treize (13) Ministres issus des groupes armés pendant que d’autres représentants des groupes armés ont été promus à des postes de grande responsabilité dans les Cabinets de la Présidence de la République, de l’Assemblée Nationale, de la Primature et dans l’administration préfectorale.

Le projet de loi portant Code des collectivités locales est en discussion au niveau de l’Assemblée Nationale. De la même manière, les projets de loi portant sur les partis politiques, le statut de l’opposition ainsi que le statut d’ancien Chef d’Etat, déjà élaborés, sont en cours de finalisation pour adoption lors de la prochaine session ordinaire de l’Assemblée Nationale.

Par ailleurs, plusieurs actions de vulgarisation de l’Accord continuent d’être menées, y compris la traduction du texte en Sango, notre langue nationale.

Soucieux de cultiver des relations de bon voisinage avec tous les pays de notre sous-région, nous avons déjà accueilli à Bangui les réunions des grandes commissions mixtes Cameroun–RCA et Congo–RCA.

Mon vœu est de voir se tenir dans un proche avenir, les commissions mixtes Tchad-RCA et Soudan-RCA qui traiteront, entre autres sujets, de la transhumance dont les répercussions sur la sécurité transfrontalière de nos Etats respectifs, n’est plus à démontrer.

En ce qui concerne les questions liées à LA JUSTICE ET A LA RECONCILIATION NATIONALE, nous avons mis en place la Commission Inclusive composée de représentants de toutes les parties signataires, afin de permettre un examen objectif de la situation et de s’accorder sur la conduite à tenir sur ce chapitre majeur.

La nature de la mission de cette commission requiert des moyens qui ont exigé que la durée de son mandat soit prorogée de 90 jours.

Cette commission inclusive remettra son rapport à la Commission Vérité, Justice, Réparation et Réconciliation qui sera régie par une loi dont le projet consolidé par les résultats des récentes consultations populaires, sera soumis dans les prochaines semaines à l’Assemblée Nationale.

Pour moi comme pour mes Compatriotes, il n’y a pas de paix possible si la dignité n’est pas rendue aux victimes. Pas de paix possible si la justice n’est pas honorée.

L’importance que nous accordons à la réconciliation nationale est guidée par notre conviction que réussir à panser les plaies des victimes, aidera à désarmer les cœurs pour faciliter le désarmement effectif, en faisant taire les armes d’ici 2020, tel que nous nous y sommes engagés au sein de l’Union Africaine.

Sur le PLAN SECURITAIRE, des efforts soutenus sont déployés en vue de la création prochaine de la première Unité Spéciale Mixte de Sécurité composée de 60% des membres des groupes armés désarmés et démobilisés et de 40% des forces de défense et de sécurité, tels que prévus par l’Accord de paix.

C’est ainsi que les premiers éléments recrutés pour cette première Unité Spéciale Mixte de Sécurité, qui sera déployée dans l’Ouest du pays en octobre prochain, ont commencé à suivre une formation depuis le 29 juillet 2019.

L’opérationnalisation de ces unités s’inscrit dans le cadre des efforts en cours pour faire avancer la mise en œuvre du programme de DDRR ainsi que la réforme et la ré-opérationnalisation des forces de défense et de sécurité républicaines, représentatives et professionnelles.

Avec la signature de l’Accord, c’est aussi le Programme National de DDRR qui a pu enregistrer quelques avancées. Ainsi, plus de 466 éléments des groupes armés ont été désarmés, contre 126 seulement avant la signature.

Alors même que nous devons accélérer de manière diligente le programme de DDRR, tout doit être fait pour que les communautés soient davantage impliquées dans un dialogue permanent, afin de renouer les fils de la cohésion sociale et recréer la sérénité indispensable au vivre-ensemble.

Il me plaît aussi de rappeler que tous ces efforts que nous déployons doivent s’accompagner de réponses concrètes aux QUESTIONS SOCIO-ECONOMIQUES qui constituent un des facteurs de la récurrence des crises en RCA.

Dans cette perspective, nous avons lancé des chantiers de construction et de réhabilitation d’infrastructures et initié des projets de relance de la production à travers le pays qui constituent les premiers dividendes de la paix.

Je remercie tous nos partenaires au développement dont le soutien au Plan de relèvement et de consolidation de la paix demeure indispensable.

C’est en effet grâce à la solidarité internationale que plusieurs chantiers d’infrastructures comme les écoles, les hôpitaux, les routes, les projets agricoles ont été récemment lancés à Birao, Am-Dafok, Bambari, Ndélé et Alindao.

Mesdames et Messieurs,

Pour apprécier les pas franchis dans la mise en œuvre de l’Accord depuis sa signature il y a six mois, le Comité Exécutif de Suivi co-présidé par le Premier Ministre et l’Union Africaine a organisé, les 23 et 24 août 2019, à Bangui, la première réunion d’évaluation de la mise en œuvre de l’Accord entre les représentants des 14 groupes armés signataires et le Gouvernement.

Les participants ont reconnu qu’il y avait une relative accalmie dans le pays, ce qui a permis de procéder au redéploiement des FACA dans certaines régions jadis sous l’influence des groupes armés, notamment à Paoua, Bambari, Bouar, Bangassou, Kaga-Bandoro, Alindao, Bria et de l’Administration grâce à la libération des bâtiments administratifs.

Il a été également observé la levée de certaines barrières illégales et la baisse des mouvements des éléments armés.

Mesdames et Messieurs,

En dépit de ces progrès fort encourageants, de nombreux défis persistent, notamment la poursuite des violences commises par certains groupes armés, malgré les engagements pris.

Les plus récentes et graves violations de l’Accord par les groupes armés ont eu lieu au mois de mai dernier, dans la Sous-préfecture de Paoua, au Nord-Ouest du pays, par le groupe 3 R de Sidiki qui s’est rendu coupable du massacre de 42 civils.

L’Etat centrafricain a pris ses responsabilités en ouvrant des poursuites judiciaires après l’arrestation de certains responsables du groupe 3R.

Sans aucun doute, il conviendrait d’aller plus loin en nous apportant le soutien requis, pour que les responsables de ces exactions contre les populations civiles soient sanctionnés et que tout le monde se rende compte que l’Accord du 6 février 2019 n’est pas un simple texte de plus !

Depuis le début de ce mois de septembre, la ville de Birao est aussi devenue le théâtre de combats meurtriers entre deux groupes signataires de l’Accord : le MLCJ et le FPRC faisant de nombreuses victimes dans leurs rangs.

Il va sans dire que pareils agissements entretiennent la psychose qui finit par amoindrir la foi dans l’Accord que tous ces groupes ont signé en prenant, entre autres engagements, celui de cesser les combats entre eux.

Mon intention est que tôt ou tard, les responsables de ces violences répondent de leurs actes devant les juridictions nationales ou internationales compétentes.

Mesdames et Messieurs,

En dépit de ses ressources limitées, le Gouvernement ne ménage aucun effort pour mettre en œuvre ses engagements de même que ses devoirs.

Les moyens requis par la mise en œuvre de l’Accord, vont au-delà des capacités de mon Gouvernement. Il est urgent de disposer de moyens pour restaurer durablement la paix par l’application rigoureuse de l’Accord.

C’est pourquoi, je sollicite un appui plus marqué de la part de tous, garants, facilitateurs de l’Accord de paix et communauté internationale.

Je sollicite par ailleurs du Conseil de Sécurité, le renouvellement du mandat de la MINUSCA et le renforcement de ses capacités. Un accent tout particulier devrait être mis sur l’amélioration de sa réactivité, pour une meilleure protection des populations civiles.

A cet effet, je sollicite du Conseil de Sécurité, le renforcement du mandat de la MINUSCA dans le domaine de l’appui à l’Accord de paix, y compris les modalités d’application de l’article 35 sur les sanctions.
Plus exactement, je souhaite que la MINUSCA soit autorisée à agir avec fermeté pour mettre fin à la poursuite des violences et que des sanctions immédiates soient prises à l’encontre des leaders des groupes armés qui continuent à perpétrer les violences et, au-delà, contre tous ceux qui commettraient des violations graves de l’Accord, voire à prendre des sanctions immédiates dans le contexte des violences actuelles.

En outre, compte tenu de l’agenda politique à venir, je sollicite également du Conseil de Sécurité, qu’il dote la MINUSCA d’un mandat de soutien logistique, technique, opérationnel et sécuritaire à l’organisation des élections présidentielle et législatives de 2020 / 2021, afin de consolider l’ancrage démocratique de mon pays et y renforcer le cadre institutionnel.

L’amorce du retour à la paix et à la sécurité, la relance des actions de relèvement socio-économique dans une atmosphère de cohésion sociale retrouvée ainsi que l’organisation des élections générales dans les délais constitutionnels, constituent trois éléments majeurs qui permettront d’apprécier la portée et l’impact de notre action commune en faveur de la République Centrafricaine.

Ensemble, je ne doute guère que nous pourrons relever ce triple défi afin de rebâtir mon pays et redonner de l’espoir à nos jeunes générations.

Je vous remercie.
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