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Poutine place ses pions en Afrique

Publié le jeudi 24 octobre 2019  |  franceinfo Radio France
Sotchi
© Présidence par DR
Sotchi : rencontre bilatérale entre le président POUTINE et le président FAUSTIN ARCHANGE TOUADERA la RCA
Le Président de la République Centrafricaine Son Excellence Professeur Faustin Archange TOUADERA a effectué une rencontre bilatérale en début d’après midi avec son homologue russe, Vladimir POUTINE
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Tous les jours, dans "Un monde d’avance", un coup de projecteur sur une actualité à l’étranger restée sous les radars. Aujourd’hui, le sommet Russie-Afrique organisé par Moscou. C’est une première qui en dit long sur les intentions de Moscou.

Ils sont venus, ils sont tous là. Les 54 États africains ont tous répondu à l’invitation du président russe pour ce forum sur les bords de la Mer Noire, un sommet sans précédent. Ce sont plutôt la France, et plus récemment la Chine, qui ont l’habitude d’organiser ce genre de réunion. Et sur ces 54 pays, plus de 40 sont représentés par leur chef d’État ou de gouvernement. En tête de liste, l’Égyptien Sissi, grand ami de Poutine. Mais on peut aussi citer le Sud-Africain Ramaphosa, le Nigérian Buhari ou l’Angolais Lourenço. Plus de 1 000 personnes sont attendues au total pour des échanges de nature essentiellement économiques.

Pour Moscou, c’est d’abord un symbole : la Russie, qui était très présente sur le continent à l’époque de l’Union soviétique, est en train de revenir en Afrique. Elle veut notamment développer ses échanges commerciaux, qui sont encore assez faibles : 20 milliards de dollars, c’est beaucoup moins que l’Union européenne ou que la Chine.

Le premier fournisseur d’armes en Afrique

Les échanges sont faibles, sauf dans un secteur, l’armement où la Russie bat tout le monde. C’est le premier fournisseur du continent. Ça se traduit par des contrats d’armement, notamment en Algérie ou en Égypte : des armes légères aux véhicules lourds, tout y passe. Ça se traduit aussi par des accords de coopération militaire avec une vingtaine de pays : l’Éthiopie, la Namibie, l’Angola, le Mozambique, etc. Pour l’anecdote, on peut par exemple observer qu’une kalachnikov figure sur le drapeau officiel du Mozambique. Plus récemment, la Russie a aussi investi le centre et l’ouest de l’Afrique. On pense en particulier au Mali et plus encore à la Centrafrique où, après le départ des troupes françaises de l’opération Sangaris il y a 3 ans, les Russes se sont engouffrés dans la brèche. À Bangui, la capitale, le principal conseiller du président est désormais un militaire russe. Et il ne fait pas bon enquêter sur cette question : trois journalistes indépendants qui travaillaient sur le sujet ont été tués il y a un peu plus d’un an en Centrafrique. Dans plusieurs pays, il faut aussi compter avec les hommes, les mercenaires d’une célèbre société privée russe, indirectement liée au Kremlin : le groupe Wagner. On les trouve par exemple en Libye ou au Soudan. Et comme la Russie n’est pas regardante sur la question des droits de l’homme, ça fait l’affaire de plusieurs dirigeants africains.

Des visées sur le sous-sol africain

Moscou veut aussi faire de l’import-export : exporter son agriculture, ses céréales par exemple, pour contourner les sanctions européennes liées au conflit en Ukraine. Et Moscou veut exploiter le sous-sol de l’Afrique : l’or, les diamants, le nickel, le pétrole. Les sociétés russes, là encore, sont déjà présentes en Centrafrique, en Angola, au Nigeria, au Ghana, au Zimbabwe, en Guinée ou au Burkina Faso. Sauf que sur ce terrain, la Russie fait face à un rival de poids, désormais très implanté : la Chine. À l’ouverture du sommet le 23 octobre, Vladimir Poutine s’est en tous cas donné pour objectif de doubler les échanges commerciaux avec l’Afrique dans les cinq ans à venir.
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