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« La MINUSCA a un mandat pour soutenir les élections », a dit la Représentante spéciale adjointe du SG de l’ONU, Denise Brown, à GUIRA FM

Publié le vendredi 24 juillet 2020  |  MINUSCA
Réunion
© Autre presse par DR
Réunion de réflexion sur les résultats de la mise en œuvre du RCPA
Le ministre de l’Economie, Félix Moloua et la représentante Spéciale Adjointe de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations-Unies en Centrafrique (MINUSCA), Denise Brown
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A quelques mois des échéances électorales en République centrafricaine et en pleines opérations d’enrôlement des électeurs, la Représentante spéciale adjointe du Secrétaire général des Nations Unies en RCA, Denise Brown, livre son analyse du processus et précise l’appui de la MINUSCA, au micro de GUIRA FM

(Entretien réalisé par Miriam Léocadie Gondhah)

Guira FM : Madame la Représentante spéciale adjointe du Secrétaire général des Nations Unies en RCA, bonjour. Pouvez-vous nous faire un petit bilan à mi-parcours, précisément l’appui de la MINUSCA au processus électoral en RCA ?

Denise Brown : Bonjour. En fait c’est un appui de la MINUSCA mais aussi des Agences des Nations Unies, le PNUD (Ndlr : Programme des Nations Unies pour le développement), ONU Femmes et le HCR (Ndlr : Haut-commissariat des Nations Unies pour les réfugiés). Comme vous le savez, la MINUSCA a un mandat pour soutenir les élections, donc c’est de bons offices. Tout d’abord, le bureau du Représentant spécial. C’est aussi un soutien de la Force et la Police, qui travaillent étroitement avec les Forces de sécurité et les autorités, pour préparer le plan de sécurisation des élections. Chose qui a été faite. C’est aussi un appui logistique, extrêmement important pour envoyer toutes équipes, les agents de l’ANE (Ndlr : Autorité nationale des élections). Il y en a à peu près 14.000, et tous les équipements et matériels électoraux. Donc les Nations Unies jouent un rôle de soutien, extrêmement important. Il y a aussi sur la mobilisation des ressources. Parce que le fonds commun qui est géré par le PNUD pour la mise en place des élections, c’est 41 millions de Dollars américains pour lesquels à peu près 40% ont été déjà mobilisés. Donc le rôle des Nations Unies est assez important et cela touche un nombre de secteur très différents.

Les Nations Unies jouent un rôle clé dans le processus électoral en Centrafrique, vous l’avez si bien dit. Quelle est alors votre appréciation de l’enrôlement électoral en cours à Bangui ?

Bon, ça a démarré à Bangui il y a à peu près trois semaines. Il y a une semaine, j’ai moi-même visité huit centres d’inscription dans différents arrondissements de la ville. C’est vrai que ça a commencé timidement, mais ça a commencé. C’est une étape incontournable. L’ANE a constaté que les gens ne venaient pas en nombre très important les deux premières semaines, surtout les femmes qui représentaient 15%. Il y a eu une intensification de la sensibilisation à travers la radio, des caravanes que l’on voit dans la ville, des communications des chefs de quartiers, etc. On voit maintenant plus de gens qui viennent. C n’est pas encore fini : il y a une prolongation d’une semaine. J’étais hier avec la Présidente de l’ANE et je note que 40% des personnes inscrites à Bangui sont des femmes. Et ça c’est vraiment un progrès important.

Est-ce que cela signifie que le processus prendra fin après les quelques jours rajoutés par l’ANE ?

Le processus prendra fin le 28 juillet, à Bangui. Nous suivons attentivement les effectifs tous les jours pour voir les changements. C’est tellement important que chaque citoyen qui a l’âge puisse exercer le droit de voter. Et donc la première étape c’est de s’inscrire sur les listes.

Le déroulement des opérations a connu beaucoup de difficultés à Bangui, entre autres, la participation des populations. Quelle stratégie la MINUSCA compte-t-elle mettre en place pour soutenir l’ANE afin que ces opérations réussissent dans les provinces ?

La MINUSCA soutient l’ANE. Et nous faisons partie du Comité stratégique électoral qui est présidé par le Premier ministre où tous ces défis sont discutés ouvertement. Et je fais un plaidoyer à tout le monde : parlez-en avec vos voisins, avec vos familles, autour de la table le soir, sur les lieux de culte, etc. Parler des élections c’est une fois tous les cinq ans. Ce n’est pas quelque chose de quotidien. C’est un évènement exceptionnel, une opportunité importante pour les populations centrafricaines d’utiliser leurs voix pour dire ce qu’elles veulent. Donc toute communication et sensibilisation, du porte- à-porte, caravane, télévision, radio, tout est extrêmement important.

L’exemple de Bambouti, une ville occupée par les groupes armés. Il semble que le processus d’enrôlement y sera difficile. Que prévoit le Plan de sécurisation des élections pour ces genres de scénarios ?

Oui, il y a un effort en cours par le Gouvernement et les Garants de l’Accord de paix, pour des discussions avec les groupes armés sur les élections. Il y a plein de défis. C’est une réalité dans le monde cette année, partout où il y a des élections, à cause du COVID-19. C’est un défi important auquel le Gouvernement essaie de faire face avec l’appui des Nations Unies. Il y a aussi la saison des pluies et la présence des groupes armés. Mais avec le leadership du Gouvernement et la Présidente de l’ANE, nous recherchons des solutions.

Le défi sécuritaire est également énorme au Nord-ouest du pays. Et la Résolution 2499 demande justement à la MINUSCA de sécuriser le pays et d’appuyer le processus électoral. Comment cela serait-il possible dans ce contexte ?

Nous avons un Commandant de la Force et celui de la Police qui sont très engagés dans le Plan de sécurisation des élections. Ça a été fait depuis quelques mois, présenté et validé par le Comité stratégique électoral et approuvé par le Président de la République. Il ne faut pas oublier que la MINUSCA a 12.500 Casques bleus déjà sur le terrain et à peu près 2000 policiers. Ça serait renforcé avec la présence des Forces armées centrafricaines et les Forces de sécurité intérieure. Le recrutement au sein des FSI est en cours, chose qui n’existait pas en 2015. Cette consolidation, cette coordination, cette coopération des différentes forces vont faire la différence.

Comment appréciez-vous la participation des jeunes et des femmes au processus électoral en RCA ?

A travers mes discussions avec les femmes centrafricaines et la jeunesse que je rencontre pendant tous mes voyages, je comprends qu’ils cherchent cette opportunité. Ils cherchent l’opportunité pour que leurs voix soient entendues. Et donc, s’inscrire sur une liste électorale pour pouvoir voter et pour pouvoir être aussi candidates. C’est quelque chose que les femmes de ce pays comprennent. C’est pour cela qu’elles représentent maintenant 40% des personnes qui se sont inscrites à Bangui. Et la jeunesse de ce pays est une très belle jeunesse. C’est une jeunesse qui s’exprime, qui dit qu’elle n’est pas satisfaite, mais qui doit aussi amener sa propre solution. Elle est aussi responsable de l’avenir de ce pays. Ce sont eux qui sont les propriétaires du pays, si je peux le dire comme ça. Donc je trouve qu’ils sont engagés mais j’aimerais les voir plus dans les centres d’enrôlement. Ce samedi je vais faire un autre tour, je voudrais voir les jeunes, les femmes en train de se faire inscrire.

Les femmes et les jeunes veulent que leurs voix portent. Que fait la MINUSCA pour les soutenir concrètement ?

Concrètement il n’y aurait pas d’inscription si la MINUSCA ne transportait pas les agents et les matériels, si ONU Femmes ne parlait pas avec les populations. Toutes ces choses sont concrètes.

Pour finir, un message à passer aux Centrafricains ?

C’est une opportunité énorme pour le pays d’avoir des élections tous les cinq ans. La dernière fois c’était un Gouvernement transitionnel. Là vous avez une opportunité importante d’utiliser votre voix, d’assumer votre responsabilité comme citoyen du pays, de dire ce que vous voulez. Je trouve cela vraiment passionnant et motivant. Et j’admire et respecte les Centrafricains que j’ai vus dans les centres d’inscription, qui viennent malgré les pluies, malgré les difficultés, ils viennent et pour ça, chapeau aux centrafricains.
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