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RCA : au moins 45 médecins en cours de spécialisation à l’étranger déplorent le non-paiement de leurs bourses et subventions

Publié le mercredi 9 septembre 2020  |  Corbeau News Centrafrique
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© Autre presse par DR
la médicine
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Au moins 47 médecins en cours de spécialisation au Benin, au Cameroun, au Congo, en Côte D’Ivoire, au Togo, au Mali, au Niger, au Sénégal, au Maroc et aux Etats-Unis déplorent, dans un mémorandum adressé au chef de l’Etat, le non-paiement des bourses et subventions de la part de l’Etat Centrafricain depuis deux ans.



MÉMORANDUM DE LA PLATEFORME DES MÉDECINS
CENTRAFRICAINS EN SPÉCIALISATION À L’ÉTRANGER
A L’ATTENTION DU PROFESSEUR FAUSTIN ARCHANGE TOUADERA,
PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE CENTRAFRICAINE, CHEF DE L’ETAT.

Excellence Monsieur le Président de la République, Chef de l’Etat,

Nous, Médecins centrafricains en spécialisation à l’étranger (Afrique, Europe, Amérique), avons l’honneur de venir très respectueusement auprès de votre haute autorité déposer ce mémorandum afin de vous informer de ce qui suit:

SITUATION DES MÉDECINS CENTRAFRICAINS EN SPÉCIALISATION À L’ÉTRANGER
En 2020, la RCA compte au moins 47 Médecins en spécialisation à l’extérieur du pays à cause de l’insuffisance notable des études spécialisées au niveau de l’université de Bangui (Cf Annexe I); Ce qui constitue un espoir pour notre pays qui manque cruellement de médecins spécialistes pendant que nous traversons un contexte sanitaire mondial difficile.

– Nous étudions dans des conditions difficiles, sans bourses, ni subventions de la part de notre pays. Beaucoup d’entre nous paient à leurs frais la formation qui s’élève à plus d’un millions de Francs CFA par an. Le tableau récapitulatif ci-dessous présente le budget estimatif par année pour la formation post doctorale d’un médecin (Cf Annexe II);

Ceux parmi nous, qui sont fonctionnaires et mis en position de stage, perdent toutes les indemnités liées à leur profession et ne gardent que leur salaire de base (125.000F CFA/mois) pour vivre avec pendant 4-5 ans durant leur formation à l’extérieur contrairement à nos confrères médecins militaires qui gardent leur salaire avec les indemnités en plus de la bourse d’études obligatoire qui leur est octroyée systématiquement. Or la guerre sanitaire contre le coronavirus vient de démontrer que le coût de vie très élevé, les conditions sociales précaires, les exigences académiques et les énormes coûts des soins de santé dépassent toujours nos capacités financières;

La pandémie à COVID-19 n’a pas épargné certains d’entre nous. Deux de nos confrères ont été contaminés par la COVID-19;

Les doléances des Médecins en spécialisation présentées à son Excellence Monsieur le Président de la République, en Juillet 2018, puis le dossier de subvention de tous les médecins en spécialisation envoyé au Ministre de la santé depuis Janvier 2019 sont restés sans suite jusqu’à ce jour.

IL L’ETAT DES LIEUX AU PAYS.

– Nonobstant les multiples efforts déployés par nos autorités pour améliorer le système sanitaire de notre pays, le chantier reste malheureusement très vaste:

La situation sanitaire en République Centrafricaine est alarmante, l’accès aux soins de santé de qualité demeure difficile, au risque d’augmenter la mortalité maternelle et infantile, déjà parmi les plus élevées au monde

; dispose de cinq (5) Centres Hospitaliers Universitaires (CHU):Communautaire, Amitié Sino Centrafricaine, Maman Elisabeth Domitien, National de Bangui et Pédiatrique de Bangui; tous dépourvus des plateaux techniques adéquats et du personnel médical qualifié pour le diagnostic et la prise en charge des patients. Pour les cinq (5) Centres Hospitaliers Régionaux (CHRU) de Berberati, Bossangoa, Bambari, Bria, et de Bangassou, c’est la désolation totale. Aucun Médecin spécialiste et pourtant ce sont des “Centres Hospitaliers Régionaux Universitaires”, qui sont nos “garnisons sanitaires”.

Le nouveaux Centres d’Hémodialyse et d’imagerie Médicale qui vont être inaugurés grâce à votre leadership éclairé ne disposent respectivement que d’un néphrologue et de 4 Radiologues pour 5 millions d’habitants. Le Seul service de Traumatologie- Orthopédie du pays n’a qu’un seul spécialiste et ne dispose pas d’amplificateur de brillance. Il n’y a qu’un seul Médecin Anesthésiste- Réanimateur au pays, alors que la pandémie à la COVID 19 sévit et n’épargne personne. La liste est longue.

Les besoins en matière de santé restent encore immenses tant à Bangui qu’à l’intérieur du pays où la réponse d’urgence des acteurs humanitaires proposée par certaines ONG et les acteurs de la santé peine à bien prendre en charge certaines pathologies. Nombreux sont nos compatriotes qui meurent au pays de pathologies pouvant être bien prises en charge par manque de Médecin spécialiste, réduisant ainsi l’espérance de vie de notre population

De ces faits, le point crucial à souligner est l’insuffisance notoire de médecins spécialistes au pays. La répartition médicale est inégale, avec plus de concentration à Bangui, la capitale. Aux niveaux intermédiaire (régions) et opérationnel (districts sanitaires et formations sanitaires), la densité médicale est d’environ un médecin pour 24.769 habitants;

Après l’obtention de leurs diplômes de Doctorat d’Etat en médecine, très peu de médecins généralistes centrafricains partent en spécialisation faute de moyens financiers.

que quatre (4) départements d’Études Spécialisées au niveau de la Faculté des Sciences de la Santé (Pédiatrie, Gynécologie Obstétrique, Santé Publique, et Anatomie-Pathologie) qui fonctionnent difficilement grâce aux efforts des chefs de départements, montre à suffisance, le manque cruel des spécialistes de la santé dans notre pays.

III. PROPOSITIONS DE SOLUTIONS

De ce qui précède, nous jeunes regroupés au sein de la plateforme des Médecins Centrafricains en Études de Spécialité à l’étranger (MECDES):

Conscients des efforts en cours pour améliorer le système de santé de notre pays; Soucieux de redonner à notre système de santé un souffle nouveau avec des jeunes médecins spécialistes, ayant acquis des nouvelles connaissances, dans des pays disposant d’un plateau technique meilleur;

Considérant l’absence des textes et lois organiques qui régissent la formation post doctorale dans le domaine de la santé en RCA, l’attribution de bourses d’étude aux médecins centrafricains et d’un plan de carrière des médecins centrafricains; Considérant l’insuffisance des médecins spécialistes dans les differents Centres Hospitaliers Universitaires du pays;

Venons par le présent mémorandum solliciter ce qui suit:

Concernant la situation des médecins centrafricains en spécialisation:
une subvention annuelle exceptionnelle du Chef de l’Etat à chaque médecin en spécialisation à hauteur d’Un Million Cinq Cent Mille Francs (1.500.000) CFA par personne par an pour une durée totale de cinq (5) ans (Cf Budget estimatif annuel);

L’adoption via les Ministères de la Santé, de l’Enseignement Supérieur, de la Fonction Publique et des Finances d’un arrêté interministériels d’octroi de bourse

domaines de la santé. Que ceux qui sont fonctionnaires gardent leur salaire avec toutes les indemnités. Ajouter les indemnités mensuelles de spécialisation de Cent Mille Francs (100. 000 F CFA) pour les spécialisations de moins de 2 ans et de Cent Cinquante Mille Francs (150. 000 F CFA) pour les spécialisations de plus de 2 ans; Procéder au remboursement des frais d’études aux médecins qui payent leur scolarités à leurs frais afin de favoriser le retour au pays après la formation;

Au ministère de la Fonction Publique: La suppression de la mise en position de stage comme condition sine qua non pour partir en spécialisation car la spécialisation n’est qu’une continuité de service;

Faire des plaidoyers auprès de nos partenaires internationaux (Union Européenne, Ambassade de France, Ambassade des États-Unis d’Amérique, Ambassade de Chine, Ambassade de la Russie, USAID, Banque Mondiale, OMS, UNICEF, BAD) déjà engagés dans le processus de relèvement du pays, à ouvrir un canal spécial de financement dédié aux études post-doctorales des médecins centrafricains;

Activer pleinement la diplomatie centrafricaine à travers nos ambassades dans les pays respectifs d’accueil pour améliorer les conditions de vie et d’études des médecins en spécialisation, voire négocier avec les pays amis de considérer les médecins concernés éligibles aux avantages destinés aux médecins locaux.

Concernant l’amélioration du système de santé et les conditions de travail dans les hôpitaux du pays:
Etablir un plan de carrière du personnel médical par la création d’un département de Formation Médicale Continue et Post Doctorale afin d’exprimer le besoin en

Reconstruire et équiper les Centres Hospitalier Universitaires existants avec des plateaux techniques performants afin d’augmenter la performance et la qualité des soins offerts à la population Centrafricaine;

Adopter un statut particulier pour le personnel médical;

Soutenir les médecins en cours de spécialisation à devenir des partenaires et à négocier une future réouverture des échanges interuniversitaires et culturels des étudiants entre les Universités en RCA et les Universités des pays amis dans lesquels ils étudient (à l’exemple du Peace Corps Volunteer, suspendu à cause des instabilités sécuritaires);

Créer d’autres Ecoles et Instituts de formation des paramédicaux dans les villes de Berberati, Bossangoa, Bambari et Bria pour combler le vide en personnels soignants dans les régions sanitaires et dans la mesure du possible libéraliser la formation des personnels soignants;

Nous, les présents signataires dudit mémorandum, nous nous engageons sur l’honneur à retourner au pays après notre formation pour servir et aider au développement du secteur de la santé de la République Centrafricaine, de former les jeunes et les futures cadres de la santé. Nous souhaitons bâtir des partenariats éducatifs, professionnels et créer des opportunités avec les institutions internationales pour désenclaver notre pays.

Très hautes considérations.
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