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Un plongeon dans des séquences de la traque de l’Armée de Résistance du Seigneur (LRA) assurée aujourd’hui par une coalition de quatre pays.
Publié le samedi 3 janvier 2015  |  Corbeaunews
Les
© Autre presse par DR
Les rebelles de la séléka
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Par notre envoyé spécial à Dungu, Yambio et Nzako, Antoine Galindo
« Direction Kony ! Premier squad, en mouvement ! Deuxième squad, en mouvement ! FEU ! ». Une cinquantaine d’hommes armés simulent des phases de combat en brousse. « CESSEZ LE FEU ! ». Deux hommes s’écroulent. Fouille, sécurisation de la zone. Exercice réussi. Au bord du terrain d’entraînement de Dungu, en République démocratique du Congo (RDC), le Major Eniembo veille.
« Nous avons les 500 hommes du contingent congolais ici », explique l’officier, tout sourire. Ce contingent est affecté à la Regional Task Force (RTF), une coalition régionale est-africaine chargée de lutter contre l’Armée de Résistance du Seigneur (LRA) et son fondateur, l’insaisissable Joseph Kony, un Ougandais. Depuis un quart de siècle, le groupe armé aux revendications politico-religieuses sévit sur une région à cheval entre la RD Congo, la République centrafricaine (RCA), le Soudan du Sud et l’Ouganda. « En 2008, la LRA a été chassée d’Ouganda. Elle s’est réfugiée en RD Congo. Puis elle est passée en RCA. Elle opère aussi au Soudan du Sud », poursuit le Major Eniembio. Joseph Kony et ses hommes se cachent en brousse. « C’est la raison pour laquelle nous entrainons nos hommes à évoluer dans ce milieu », complète l’officier. Seul un petit aérodrome ravitaillé quotidiennement relie la base de Dungu au reste du monde.
Minée par des dissensions internes, la coalition manque de moyens et d’effectif
Les quartiers généraux de la RTF, eux, sont basés à Yambio, au Soudan du Sud. Ici aussi, la LRA a sévi par le passé. La zone est aujourd’hui sécurisée. Mais trop souvent, les militaires de la RTF arrivent pour constater les dégâts. Le lieutenant-colonel Olivier Dougueoua est centrafricain. Il est affecté à l’Etat-Major. « Pour des raisons indépendantes de notre volonté, la RTF manque de moyens. Par exemple, en République centrafricaine, notre contingent est trop préoccupé par la crise actuelle », explique-t-il. Initialement, la RTF devait être composée de 5000 hommes : 2000 Ougandais, 1000 Centrafricains, 1000 Sud-Soudanais et 1000 Congolais. Mais en raison des conflits internes qui minent les pays contributeurs, ce chiffre n’a jamais été atteint. Faute de financements extérieurs, les effectifs sont appelés à des missions plus urgentes. C’est l’armée ougandaise qui supporte seule quasiment tout l’effort militaire, avec l’appui logistique des Américains.
La LRA ne manque pas d’en tirer profit
« Non seulement le chaos régional nous prive d’une partie de nos hommes, mais l’armée de résistance du seigneur s’en sert pour survivre », explique, confortablement assis dans une salle de briefing, le commandant en chef de la RTF, Sam Kavuma. « En Centrafrique, la LRA s’est alliée avec la Séléka. Au Soudan, c’est avec les Janjawid qu’ils collaborent. Ces groupes sont puissants et soutenus en haut lieu. C’est très difficile de lutter contre ça avec peu de moyens », poursuit l’officier en triturant sa moustache. « Partout où il y a des lacunes, un manque de gouvernance, la LRA saisit l’opportunité pour proliférer et se refaire une santé », ajoute-t-il. « Pourtant, malgré cela, la capacité de nuisance de Joseph Kony et de ses hommes a été réduite de 90% depuis 2012″, assure le commandement de la coalition régionale.
« La brousse, notre plus gros problème »
Sous un soleil écrasant, les avions militaires américains décollent et atterrissent. Les tourbillons de terre battue rythment la journée de la base aérienne de Yambio. Ravitaillement, transport de troupes, reconnaissance. En fin d’après midi, une pluie fine permet de respirer un peu. A l’ombre d’un acacia, quelques officiers discutent de tout et de rien. Un hélicoptère s’apprête à décoller pour Nzako, une ville de 25000 habitants au sud de la République Centrafricaine. On n’y accède que par voie aérienne. Sur des centaines de kilomètres, aucune trace de vie humaine. La brousse s’étend à perte de vue. Sur place le Major Robert Camara fait les cent pas. A notre arrivée, le porte-parole de l’armée ougandaise en Centrafrique va droit au but : « La brousse, c’est notre plus gros problème pour lutter contre Joseph Kony. Lui et ses hommes se cachent dans des forêts grandes comme deux fois le Kenya ! Ils ne communiquent pas par radio, donc il est impossible d’intercepter leurs communications. Et ils sont sans cesse en mouvement. Puis un jour, ils attaquent un village ».
Nzako, l’exemple-type du village visé par Kony…
Récemment, ce fut le cas de Nzako. Engoncé dans un large boubou vert et noir, Mahmad Ganda est aux côtés du Major Camara. Le chef communautaire de la ville a le visage fermé. A l’évocation du nom de Joseph Kony, les souvenirs lui reviennent. A bord d’un véhicule blindé de l’armée ougandaise, il se rend dans une base militaire désaffectée. « C’est ici que tout a commencé », raconte-t-il. « En 2011, 2012 et 2013, la LRA est venue ici. Ils sont sortis de la brousse et ont tué les soldats centrafricains. C’est moi-même qui suis venu ramasser les corps », poursuit-il. Debout, à côté du bâtiment en ruines avec les murs criblés de balles, il explique : « Il n’y a plus de militaires centrafricains à Nzako désormais. C’est l’armée ougandaise qui nous protège ». Après son premier passage, la LRA investit le centre-ville de Nzako. En déambulant dans les rues du marché, Mahmad Ganda poursuit : « Ils ont tué beaucoup de personnes ici vous savez. Et ceux qu’ils n’ont pas tués, ils les ont capturés. Les femmes pour faire des enfants, et les hommes pour faire des soldats ».
… à la merci du départ des troupes ougandaises
Nzako a aujourd’hui retrouvé son calme. La présence militaire ougandaise fait de la région l’une des plus sécurisées de RCA. Mais ça ne suffit pas à Mahmad Ganda. « Ce n’est pas un succès. Si c’était un succès, Joseph Kony aurait été capturé ! Maintenant, nous sommes protégés. Mais si les militaires ougandais s’en vont, nous serons de nouveau livrés à nous-mêmes. Nous serons condamnés à l’exil. Comme beaucoup de villages avant nous », explique-t-il. Et le départ des Ougandais est possible. De retour aux quartiers généraux, Sam Kavuma explique : « Cette coalition régionale nous coûte beaucoup d’argent. Or depuis 2008, la LRA n’est plus en Ouganda. Si Kampala ne s’est pas encore retirée de la RTF, c’est par solidarité panafricaine… », dit-il. Cela dit, la question est sérieusement débattue. « Ce serait une erreur de se retirer maintenant. Grâce à la pression que nous mettons sur eux, la LRA est en fuite. En mode “survie“. Nous retirer maintenant anéantirait tous les efforts consentis depuis deux ans. Nous serions de retour à la case départ », poursuit-il. Et Joseph Kony n’attend que ça.
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