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A propos d’un dialogue national inclusif inter-Centrafricain
Publié le mercredi 7 janvier 2015  |  Les Plumes de RCA
RCA
© Autre presse par DR
RCA : à Birao, Michel Djotodia reconduit à la tête de la Seleka
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Lors du cinquième Sommet des Chefs d’Etat de la CEEAC, consacré à la crise centrafricaine, s’étant tenu le 21 octobre 2013 dernier au Tchad (ou NDjaména 5), plusieurs résolutions ont été arrêtées par les Chefs d’Etat de la sous-région, dont l’une portant sur l’organisation d’un dialogue national inclusif, c’est-à-dire devant impliquer tous les Centrafricains.

Cette décision a été chaleureusement applaudie par bon nombre de compatriotes. Le Président de la Transition, Michel DJOTODIA, dans sa tentative de convaincre l’opinion nationale, soutient urbi et orbi que ce serait l’unique panacée (une sorte de thérapie de groupe) susceptible de pouvoir renforcer la cohésion nationale. Mais, cette résolution a été également rejetée par une grande frange de la population ainsi qu’une majorité des partis politiques et de la société civile centrafricains, pour des raisons que j’expliciterai plus loin.

En effet, le Secrétaire Général de la CEEAC, l’Ambassadeur tchadien Ahmad ALLAM –MI, s’est déjà beaucoup investi dans des discussions préliminaires sur le sujet à Bangui. Pour cet émissaire du Président tchadien Idriss DEBY ITNO, actuellement Président de la CEEAC, les deux (2) principales tâches à accomplir en RCA se résumeraient à ces deux points :

Réduire, voire éradiquer, l’insécurité ambiante sur toute l’étendue du territoire centrafricain ;
Œuvrer en faveur de la réconciliation nationale par le biais d’un dialogue politique inclusif.
Pourquoi un tel empressement à vouloir coûte que coûte organiser une Conférence Nationale (inclusive), alors que le peuple centrafricain et la communauté internationale sont plus préoccupés par la situation d’insécurité totale prévalant en RCA ? Le pays est marqué par l’effondrement total de l’Etat et l’inexistence de l’ordre public, la persistance d’exactions de la part d’éléments de l’ex-Coalition SELEKA, ce qui a conduit à l’émergence de groupes d’autodéfense, appelés ‘’anti-balakas’’, et d’autres groupes armés plus ou moins structurés non identifiés pour l’heure, mais surtout à l’absence d’un État de droit.

Les membres du Groupe International de Contact sur la République Centrafricaine (GIC-RCA), ont, pour leur part, relevé la persistance d’actes de violence à grande échelle perpétrés par des éléments armés, plus de neuf (9) mois après le putsch de Michel DJOTODIA et sa bande de mercenaires pour la plupart étrangers (Djihadistes et Chebabs) de SELEKA, majoritairement tchadiens et soudanais, ainsi que d’exécutions extrajudiciaires sommaires, de disparitions inexpliquées, d’arrestations et détentions arbitraires, d’actes de torture et de violences sexuelles, sans compter le recrutement et l’emploi de plus de 5.000 enfants-soldats parmi lesquels on compte de nombreux esclaves sexuels.

« Le chemin de l’Enfer est pavé de bonnes intentions ». Selon la petite histoire, THENARDIER ranime un blessé évanoui sur le champ de bataille. Son acte est cependant odieux car il ne l’a ranimé qu’en secouant son gilet pour lui dérober sa montre. Au rebours, l’infirmier qui, croyant donner à un malade un médicament, lui fait avaler un poison – qu’un autre a déposé sur sa table de nuit – agit moralement, malgré le résultat déplorable dont il n’est pas responsable.

Le fait que la proposition d’un dialogue national émane du Chef d’Etat d’un pays voisin, ayant joué un rôle capital dans la situation chaotique persistant en Centrafrique depuis plus de deux décennies (1993 à 2013), devrait susciter une réflexion approfondie voire la méfiance (ou la défiance) de la part de nos compatriotes. Ce dernier continue de considérer la RCA comme l’une de ses colonies.

Qui a remis les clefs de la ville de Bangui à la horde enturbannée de l’ex-Coalition SELEKA, majoritairement composée de mercenaires tchadiens et soudanais ? Qui les a armés et soutenus depuis plus d’un (1) an dans leurs exactions à l’encontre de la paisible population centrafricaine ? Qui est en train de veiller jalousement sur les gisements pétrolifères communs situés à la frontière tchado-centrafricaine, et les exploite pour le compte de propre son pays ? D’où proviennent les multiples et répétitives rébellions généralement nées au nord du Centrafrique ?

Voici ce que l’on peut lire dans le document ‘’République Centrafricaine : les urgences de la transition. La main invisible du Tchad et la désaffection de la région’’ (Rapport Afrique N° 203 du 11 juin 2013 en page 9) :« La position du Tchad dans ce conflit est pour le moins ambigüe. Pendant plusieurs mois, Déby montrait des signes d’agacement à l’égard de son homologue centrafricain (François Bozizé).Il lui reprochait notamment de ne pas avoir instauré un dialogue avec l’opposition et les mouvements armés comme il s’y était engagé et de n’avoir rien fait pour mettre fin à l’instabilité chronique qui règne dans la partie septentrionale de la République Centrafricaine. En effet, N’Djamena craint un effet de contamination du Sud du Tchad, une zone pétrolifère traditionnellement opposée au régime de Déby. Par ailleurs, les incidents récurrents avec les commerçants (musulmans) tchadiens à Bangui ne passent pas inaperçus dans les sphères du pouvoir tchadien, où ces derniers ont des relais. Enfin, à la fin de l’année 2012, Déby aurait averti le président français (François HOLLANDE) du risque de troubles en Centrafrique. ». NO COMMENT !

Certains compatriotes ironisent sur cette idée de conférence nationale inclusive, véritable MASCARADE proposée par NDjaména 5, et présentée comme l’unique et la seule solution aux maux dont souffre la RCA depuis plusieurs décennies. Il ne faudrait surtout pas oublier que cette ‘’lumineuse’’ proposition a été sournoisement concoctée et vulgarisée par le dirigeant d’un pays voisin, désirant vassaliser un peuple souverain en contribuant à la destruction systématique de son économie nationale (tous les biens pillés prennent le chemin du Tchad et du Soudan) et en empêchant les fils de ce pays, quasiment réduits en esclavage, de jouir en paix de leurs richesses naturelles (pétrole, or, diamant, bois, etc.).

D’autres centrafricains croient, au contraire, en la vertu du dialogue et sont donc attirés par ce « Chant de sirènes » en provenance de NDjaména. Bref, le peuple centrafricain est profondément divisé sur le sujet.

D’où la question lancinante ci-après à laquelle nous tenterons ensemble de répondre à travers ce modeste article, étant entendu que beaucoup d’autres concitoyens s’y sont essayés avant moi : « Un tel dialogue national est-il nécessaire et/ou opportun face aux problèmes quotidiens d’insécurité et de survie qu’affronte le peuple centrafricain depuis plus de trois (3) décennies ? ». Suite aux évènements tragiques ayant sérieusement secoué et endeuillé le pays durant les deux premières semaines de décembre 2013, avec son cortège de carnages (la Croix Rouge parle de plus 600 morts dont 450 rien qu’à Bangui) et de pillages, et qui se sont amplifiés les jours suivants, cette proposition demeure-t-elle encore d’actualité ?

Heureusement que l’opération « Sangaris » menée par les troupes françaises est tombée à point pour mettre fin à ces carnages. Sinon, Michel DJOTODIA et sa bande des ex-SELEKA auraient fait basculer la RCA tout droit vers le scénario génocidaire à la rwandaise. En rejetant toute la responsabilité de ces massacres sur son prédécesseur (François BOZIZE) ou du bout des lèvres sur ses éléments ‘’incontrôlés’’ de l’ex-SELEKA dont il est l’un des Chefs, ce dernier étale une fois de plus au grand jour son incompétence notoire à gérer le pays, trahissant ainsi son attitude ‘’ponce-pilatiste’’ (irresponsable et déconcertante).

« Le Chef est celui qui prend tout en charge. Il dit : ‘’J’ai été battu’’. Il ne dit pas : « Mes soldats ont été battus »», a écritSaint Exupéry dans ‘’Pilote de guerre’’.

DE LA NÉCESSITÉ OU OPPORTUNITÉ D’UN DIALOGUE NATIONAL INCLUSIF

Depuis plus de trois (3) décennies, la RCA a expérimenté plusieurs types de dialogues nationaux (politiques ou inclusifs), dont le plus récent a été présidé par l’actuel Premier Ministre du Gouvernement de la Transition (GUNT), Nicolas TIANGAYE.

Pour rappel, en 1980 a eu lieu la première forme de Dialogue National Inclusif (DNI), dont se sont inspirés de nombreux pays tels que le Bénin, l’Afrique du Sud, la RDC, le Congo Brazzaville, le Rwanda, le Togo, etc., pour résoudre leurs problèmes socio-politiques. Le Gouvernement de Salut Public (GSP), constitué par David DACKO 2, organise une table ronde inter-centrafricaine, dénommée « Séminaire National de Réflexion« . Ce premier exercice démocratique à la centrafricaine a permis l’organisation des premières élections ‘’démocratiques’’ dans notre pays. Cependant, cette louable initiative n’a pas plu aux autres Chefs d’Etat de la sous-région, qui craignaient une contagion dans leurs pays respectifs. En effet, ils étaient convaincus que ce large débat pourrait ouvrir une brèche aux revendications de leurs concitoyens, aspirant à plus de libertés démocratiques.

En 1991, impulsé par la Conférence de la Baule de 1990 (sous l’ère de François MITTERAND), et à l’instar des Conférences Nationales ‘’souveraines’’ organisées ça et là sur le continent africain, le Général-Président André KOLINGBA parraine le Grand Débat National (GDN), qui débouche en 1992 sur les premières élections multipartites en Centrafrique. Soulignons ici que le Rassemblement Démocratique Centrafricain (RDC) est demeuré pendant de nombreuses années le parti unique en RCA, avant de pouvoir conduire (sous la pression) ce pays vers une profonde mutation politique et la voie démocratique. Manquant de vision et de conviction politiques ainsi que d’esprit d’innovation, le RDC et son Président-Fondateur sont balayés par le souffle de vent démocratique venu de la Baule.

En 1993, Ange Félix PATASSE arrive au pouvoir en Centrafrique suite à des élections présidentielles et législatives réellement démocratiques. Il décide d’appliquer la politique de son parti : le Mouvement pour la Libération du Peuple Centrafricain (MLPC), qui échoue lamentablement ; la démagogie étant devenue un mode permanent de gouvernance. Ne pouvant pas satisfaire ses nombreuses promesses électoralistes et étant confronté aux grognements de la rue, ce dernier est obligé de bombarder la population affamée.

Le régime du Président Ange Félix PATASSE essuie en fin mai 2001 un coup d’Etat revendiqué par son prédécesseur (le Général-Président), et de multiples rébellions et putschs entre 1996 et 2003 dont celui de François BOZIZE qui finit par le balayer du pouvoir le 15 mars 2003.

En 2005, à l’issue d’une période de transition de deux (2) ans, François Bozizé accueilli en 2003 en véritable ‘’Libérateur’’, organise un autre Dialogue National (DN), présidé par l’actuel responsable du GUNT, Maître Nicolas TIANGAYE, auquel participent presque tous les anciens Chefs d’Etat et la majorité des personnalités politiques centrafricaines ainsi que les membres de la société civile. Elu Président de la République dans des conditions plus que douteuses, il décide d’appliquer la politique de son parti (Kwa Na Kwa : KNK), qui échoue également, ouvrant ainsi la voie royale au putsch de l’ex-Coalition SELEKA du 24 mars 2013, soit presque 10 ans presque jour pour jour après l’avant-dernier putsch.

En 2008, suite à une crise politico-militaire l’ex-Président burundais, Pierre BUYOYA, a présidé un autre Dialogue Politique Inclusif (DPI), au cours duquel toutes les personnalités politiques centrafricaines se pardonnent mutuellement et présentent leur mea culpa à leurs concitoyens. Cet énième dialogue national, loin de souder la Nation ni résoudre tous les problèmes socio-politiques, ni renforcer la cohésion nationale, a plutôt ravivé les multiples dissensions et tensions existant au sein des populations centrafricaines, et a fait le nid aux aventuriers ou ‘’apprentis-sorciers (vendeurs d’illusions) de la classe politique.

C’est dans ce contexte, qu’ont ont été signés les premiers Accords de Libreville du 10 janvier 2013, non respectés ni appliqués à cause de l’autisme et de la roublardise du Général-Président François BOZIZE, qui s’accroche désespérément au pouvoir comme un morpion, alors que celui-ci l’a en réalité quitté depuis belle lurette, en organisant en janvier 2011 des élections présidentielles et législatives aux résultats calamiteux, contestés par la majorité des centrafricains et de tous les partis politiques, hormis évidemment le KNK et ses obligés alimentaires.

La suite de l’histoire, on la connaît…L’arrivée le 24 mars 2013 au pouvoir de Michel DJOTODIA et sa horde de mercenaires enturbannés (tchado-soudanais), à l’occasion d’un énième putsch (conformément à mon article publié en juillet 2013 dans le quotidien Le Confident: ‘’Y’en a marre des putschs à répétition en Centrafrique !’’), nous a ramenés à la case- départ soit plus de 100 ans en arrière.

Pour mémoire, j’y disais à titre prémonitoire que : «La SELEKA mène le pays droit vers une GUERRE DE RELIGION (après la Guerre du pétrole) comme cela se passe actuellement au Mali. La SELEKA est une véritable arme de destruction massive de la Centrafrique, eu égard à toutes les exactions que ses éléments dits « incontrôlés » ont commises sur la paisible population centrafricaine : viols, vols, pillages, chasses aux sorcières, enlèvements forcés de mineurs pour en faire des enfants-soldats, etc. Michel DJOTODIA et sa SELEKA sont comparables à ATTILA : « Là où ils passent, l’herbe ne repousse plus« . Ils se sont jurés (« A la fa séléka » en sango) d’exterminer les centrafricains.» Fin de citation.

Les derniers évènements sanglants de Bangui, ayant entraîné l’intervention des forces françaises de l’opération ‘’Sangaris’’, m’ont donné pleinement raison. Et ce n’est qu’un début car le PIRE EST A VENIR, avec la fin accélérée du règne éphémère des SELEKA.

Si l’on fait le bilan de tous ces dialogues ou débats nationaux (ils sont au nombre de quatre), l’on se rend compte que rien n’a changé, le passif s’avère plus lourd que l’actif. Plusieurs recommandations issues des précédents dialogues et fora, censées permettre le décollage économique du pays et apporter des solutions pérennes aux questions d’intérêt national (paix, sécurité, décentralisation, lutte contre la corruption, le népotisme, le tribalisme, le clanisme, etc.), sont demeurées profondément enfouies dans des cartons, placards et tiroirs depuis plus de trois (3) décennies.

En effet, les problèmes politiques nationaux n’ont pas été tous évacués lors de tous ces dialogues inter-centrafricains ; d’où la recrudescence de coups d’Etat en Centrafrique. Le problème réel de notre pays est celuide mal gouvernance, qui persiste depuis l’indépendance. Nos dirigeants, en fonction de leurs intérêts partisans et égoïstes, utilisent la population à leur guise tantôt en faisant jouer les fibres claniques et tribalistes, tantôt en instrumentalisant les dissensions confessionnelles par opposition entre chrétiens/musulmans, pour asseoir et/ou maintenir leur régime.

Cette vérité concerne également le régime de Michel DJOTODIA, actuellement en état de disgrâce et toujours en quête de légitimité nationale et internationale depuis son putsch. De plus, rejeté par les populations tel qu’un organe mal greffé sur un corps humain, il cherche à nous DISTRAIRE des vrais problèmes qui se posent à la RCA par un soit disant dialogue national. C’est un stratagème désespéré pour échapper aux conséquences pénales des nombreuses exactions et atrocités commises par les bandits de la SELEKA, dont les responsables devront un jour répondre de leurs actes ignobles devant la Cour Pénale Internationale (CPI) !

En effet, l’organisation de cette grande KERMESSE (pompeusement baptisée pour la cause ‘’Dialogue National Inclusif’’) constituerait une véritable aubaine pour le régime en place, désireux de distribuer à sa bande de copains et coquins des maroquins ministériels et des perdiems ; alors que le peu d’argent actuellement dans les caisses du Trésor Public (« du fait du siphonage des ressources financières nationales par la SELEKA » dixit une personnalité locale, permettrait de soulager autant que faire se peut les souffrances du peuple martyr centrafricain.

Ces différents dialogues ou débats nationaux ont-ils réellement contribué à la résolution des problèmes nationaux? La réponse est indubitablement NON !

Quel véritable gâchis en termes humains, matériels et financiers ! Que de temps également perdu inutilement ! D’autant plus que le peuple centrafricain, pris en OTAGE par les hommes « politiques » véreux, reste l’unique ‘’Dindon de la Farce’’. Ce peuple, endolori par tant de souffrances, a eu droit au cycle infernal de coups d’Etat, de rébellions et mutineries dont il a payé et continue de payer le lourd tribut. Ne parlons pas des intrusions étrangères menées dans le pays par les Baba LADDE, Joseph KONY (actuellement nourri et blanchi par le Président de Transition Michel DJOTODIA), etc., pour ne citer que ceux-là !

Nous constatons malheureusement que la mise en oeuvre des précédentes recommandations (au nombre de 828) a été renvoyée aux calendes grecques. Par conséquent, s’agira-t-il encore d’empiler dans de vieux cartons et placards les nouvelles recommandations issues de ce dialogue, alors que les précédentes n’ont pas connu un début d’application ?

A notre humble avis, l’idée d’organiser un Dialogue National Inclusif bis repetita est une SUPERCHERIE inventée par le Chef de l’Etat du pays voisin précité, à l’origine des multiples maux dont souffre le peuple centrafricain depuis plus de deux (2) décennies, qui change et manipule à sa guise ses vassaux (comprendre nos dirigeants : MM. PATASSE, BOZIZE, DJOTODIA, etc.) comme de véritables pantins ou marionnettes.

En acceptant l’organisation d’une telle MASCARADE, nous prouverions une fois de plus que nous manquons de maturité politique et servirions ainsi de paillassons à nos voisins (que nous appelons tendrement « Ahou Sara« ). Nous validerions ainsi la mort programmée de la patrie de Barthélémy BOGANDA.

Ce serait aussi l’occasion rêvée pour ces bourreaux du PEUPLE de se faire blanchir sans procès, après tant d’odieux crimes perpétrés sur de pauvres innocents dont le sang réclame Justice, et ainsi échapper aux poursuites devant la Cour Pénale Internationale (CPI). En effet, nous l’avons appris avec le cas du Président kenyan Uhuru KENYATA et son Vice-président qui, après avoir massacré en 2007-2008 de nombreux concitoyens pour accéder au pouvoir, utilisent cette même stratégie consistant à « renforcer la cohésion nationale par l’organisation d’un Dialogue National Inclusif », afin de ne pas répondre de leurs crimes devant la CPI.

Une telle « Paix des Braves » ne pourrait conduire qu’à une PAIX FACTICE, car l’IMPUNITE a été élevée depuis longtemps dans notre pays en mode de gouvernance d’autant que les justiciers (Magistrats, Avocats, etc.) et même les journalistes sont abattus en pleine rue comme des animaux. Par ailleurs, les centrafricains, dont une grande partie se cache encore en forêt ou s’est exilée, n’ont pas encore fini de panser leurs plaies béantes et fraîches ni cesser de pleurer leurs morts dont les cadavres s’amoncellent au fil des jours…

Des priorités actuelles des centrafricains et centrafricaines

Au cours de son interview au quotidien français ‘’Libération’’ diffusée en octobre 2013, le Président de la Transition a, pour sa part, reconnu que les problèmes à résoudre d’urgence en Centrafrique sont de deux (2) ordres : éradiquer l’insécurité régnant sur tout le territoire et apporter une aide humanitaire conséquente aux populations déplacées du fait des exactions et pillages des éléments de la SELEKA. On parle de plus 500.000 centrafricains déplacés dans les forêts ou hors des frontières du territoire national, alors que l’insécurité a outrepassé les limites du tolérable tant dans nos provinces qu’à Bangui. Nos enfants ne fréquentent plus l’école, les hôpitaux sont devenus de véritables mouroirs, faute de médicaments et de personnel médical adéquat ; le centrafricain lambda n’arrive plus à manger ne fusse qu’une seule fois par jour du fait des nombreux mois de salaires impayés et du racket des commerçants par les éléments « incontrôlés » de l’ex-Coalition SELEKA, etc.

Les dissensions au sein de cette ancienne rébellion, l’impossible cohabitation au sommet des Organes de Transition, la prolifération d’armes à Bangui et autres localités, la dégradation du climat social compromettent sérieusement le bon déroulement de la transition voire des prochaines élections. Face à l’amoncellement des problèmes, le GUNT III va devoir définir des priorités en matière sécuritaire, humanitaire, budgétaire et politique, au lieu de chercher à nous détourner des vrais problèmes, certains responsables rêvant désespérément d’une hypothétique amnistie générale des « Sélékistes » par le biais d’un DNI taillé sur mesure.

Rappelons que la Feuille de Route du GUNT a été clairement définie par les Accords de Libreville du 11 janvier 2013 et se résume en ces quatre (4) principaux points:

Mise en œuvre des engagements pris par les différentes parties prenantes dans le cadre des Accords de Libreville ;
Mise en œuvre des recommandations du dernier Dialogue National Inclusif (de 2009) ;
Mise en œuvre d’un programme d’urgence pour la sécurisation du territoire national par une refonte des forces de défense, susceptible de garantir la paix et de restaurer l’autorité de l’Etat ;
Mise en œuvre d’un programme d’urgence de réformes économiques et financières.
Nulle part il est écrit que le GUNT est chargé d’organiser un nouveau dialogue national, mais il a uniquement pour compétence de mettre en œuvre les 828 recommandations des dialogues nationaux précédents concernant les quatre principaux secteurs suivants :

la défense nationale ;
l’économie et les finances ;
l’éducation -formation-emploi ;
le secteur social.
Devant l’effondrement total de l’Etat centrafricain et de l’inexistence de l’Armée Centrafricaine (FACA), affaiblie par les purges et assassinats ciblés effectués par la SELEKA, Michel DJOTODIA a perdu toute crédibilité aux yeux du peuple centrafricain et de la communauté internationale. Son incompétence notoire et son impuissance à maîtriser ses soudards de la SELEKA sont criantes. Son impopularité grandissante auprès de la population centrafricaine, suite aux nombreux carnages dont se sont rendus coupables ceux qui l’ont porté au pouvoir, et ne disposant réellement d’aucune marge de manœuvre ni de légitimité puisqu’il est arrivé au pouvoir à la suite d’un coup d’Etat et non d’élections transparentes, lui interdisent d’organiser ce genre d’évènement dispendieux : la durée de la transition est aussi limitée. Dans la crise centrafricaine, il a joué tour à tour le double rôle de pyromane et de pompier : « Michel DJOTODIA n’a rien fait ou a laissé faire », dixit le Président français François HOLLANDE.

Pour réussir à stabiliser et pacifier le pays dont la situation est jugée ‘’pré-génocidaire’’ par la diplomatie américaine, là où les gouvernements précédents ont invariablement échoué, le GUNT III aurait dû réinventer un nouveau programme de désarmement, démobilisation et réinsertion (DDR) et repenser la réforme du secteur de la sécurité (RSS) car la sécurité est la clé de voûte de la nouvelle transition et le besoin d’approches innovantes adaptées aux réalités centrafricaines n’a jamais été aussi fort. Rien n’a été fait en ce sens…

Souvenons-nous des propos prémonitoires du défunt Président André KOLINGBA qui tira la sonnette d’alarme en 1993 ! « Nzara a kè ga, zo a kè koui ! I gui siriri na kodro». Ce qui signifie en français : « La faim frappe déjà à nos portes ;beaucoup de gens vont mourir. Il faut qu’il y ait la Paix dans notre pays.» Aussi, organisait-il alternativement des Fêtes de Moissons dans le pays afin de constituer (en période d’autosuffisance alimentaire) des réserves de nourriture pour faire face au temps des vaches maigres. Paix à son âme !

Qu’avaient affirmé à l’époque ses multiples détracteurs, tournant en dérision ses sages conseils ? « A tè ka siriri pèpè ! Î yé démocratie ! ». Ce qui signifie en sango que : « On ne mange pas la paix. Nous voulons la démocratie !» Force est de constater que, sous les trois (3) régimes successifs de PATASSE, BOZIZE et DJOTODIA, la RCA a atteint le paroxysme de son déchirement en tant que Nation. Du jamais vu dans notre pays !

Voilà que la Paix et la Sécurité sont devenues des denrées rares en Centrafrique depuis plus de 20 ans et constituent la préoccupation majeure de la communauté internationale, du fait de la présence sur le territoire national de troupes étrangères et « Sélékistes » (djihadistes), ayant commis des atrocités les plus innombrables (et innommables) ! Voilà que les travailleurs des ONG humanitaires, au péril de leurs vies, accourent en RCA pour prévenir et/ou lutter contre une grave crise humanitaire à très grande échelle: à la fois alimentaire et sécuritaire, sans parler des épidémies telles que le choléra, la dysenterie, etc.

Le Peuple centrafricain a revendiqué et obtenu la Démocratie. Qu’en a-t-il fait ? Où en sommes-nous après trois (3) décennies d’exercice démocratique ? A chacun de nous de tirer les leçons du passé en son âme et conscience…

« Ce n’est pas la conscience des hommes qui détermine leur existence, c’est au contraire leur existence sociale qui détermine leur conscience », dixit Karl Marx.

La plus grande attente actuelle de la population centrafricaine est de voir enfin les bandits étrangers (tchadiens, soudanais et ougandais) de la SELEKA et de Joseph KONY boutés hors du territoire centrafricain, le GUNT prendre enfin ses responsabilités en traduisant en Justice tous les auteurs de nombreuses exactions, et rétablir un Etat de droit, afin de pouvoir enfin enterrer ses morts dans la dignité et vaquer à ses occupations quotidiennes en toute quiétude. Malheureusement, c’est le dernier des soucis du régime actuel au pouvoir.

Dans le Rapport Afrique de Crisis Group N° 203 du 11 juin 2013 précité : ‘’RCA, les urgences de la Transition’’, les priorités dégagées pour sortir notre pays de l’ornière sont groupées en quatre (4) points :

Urgence sécuritaire : DDR et RSS, sécurisation de la ville de Bangui, désarmement et cantonnement des éléments de la SELEKA, réforme de l’armée nationale, etc.
Urgence humanitaire : Rétablissement de la santé et la sécurité alimentaire pour les 4.500.000 centrafricains (dont plus de 500.000 sont déplacés) ; diligenter des enquêtes sur les pillages et les exactions de la SELEKA.
Urgence budgétaire, économique et sociale : Rétablissement de l’Etat par la relance des services de base et le paiement des fonctionnaires ; soutenir le secteur privé et préserver les recettes du secteur minier.
Urgence politique : Assurer le suivi des Accords de Libreville et repenser l’architecture de paix et de sécurité ; mettre en place une force internationale de maintien de la sécurité sur le territoire national.
Pour pouvoir endiguer la crise centrafricaine, le GUNT s’est engagé pour sa part dans le cadre d’un Programme d’Urgence à agir de manière vigoureuse avec l’appui de ses partenaires multilatéraux. Les principales priorités définies par ce Programme, dont le coût est évalué à environ 490 milliards de FCFA, se résument comme suit :

Priorité 1. Restauration de la sécurité, de la paix et de la promotion de la justice et des droits de l’Homme.
Priorité 2. Assistance humanitaire d’urgence et de résilience communautaire.
Priorité 3. Organisation des élections.
Quatre (4) groupes techniques sectoriels ont été créés pour mieux couvrir les trois (3) priorités identifiées ci-dessus et préserver la cohérence, la pertinence, la qualité, l’objectivité, la transversalité et la production des rapports fiables et crédibles. Il s’agit des groupes suivants :

Groupe 1 : « Sécurité, Paix, Justice et Droits de l’Homme » ;
Groupe 2 : « Assistance humanitaire et résilience » ;
Groupe 3 : « Organisation des élections »;
Groupe 4 : ‘’Engagement de réformes économiques et sociales’’.
A mon humble avis, au lieu d’organiser un énième Dialogue National Inclusif (DNI) dont les recommandations viendront inutilement grossir le nombre de celles existantes (828 au total), qui n’ont pas connu un début d’application, il conviendrait de :

Lancer un avis à manifestation d’intérêt (AMI) international à l’adresse de tous les Experts centrafricains locaux et de la Diaspora dans les domaines prioritaires précités, afin de renforcer les compétences des 4 groupes de travail susmentionnés ; mettre en place un Programme de Renforcement des Capacités de Gouvernance (PRCG), financé par les bailleurs de fonds internationaux, à l’instar des 2 Congo par exemple, dont la durée d’exécution pourrait être étalée au moins sur 5 ans ;
Organiser un ‘’Séminaire National de Réflexion’’ qui réunira un groupe d’Experts (ou technocrates), retenus par une Commission Technique sur la base d’une liste restreinte chargés, dans le cadre d’ateliers par thèmes prioritaires, de dresser un ‘’Etat des lieux de la Maison Centrafrique’’ : dégager ses forces et ses faiblesses dans le domaine de la Bonne Gouvernance en rapport avec les 3 priorités définies dans le Programme d’urgence ;
Elaborer pour la Centrafrique un véritable ‘’Plan Marshall’’ pour la relance de l’économie centrafricaine, en évaluant les besoins immenses d’après-guerre.
Ce genre de séminaire national de réflexion ou d’exercice cérébral (ou ‘’brain storming’’) entre divers spécialistes, constituant un bel exemple de démocratie participative, et dont un modèle a été déjà initié et expérimenté dans les années 1980 par le Gouvernement de technocrates formé par Monsieur Jean-Paul LEBOUDER (comprenant entre autres l’ex- ministre Guy DARLAN), tous deux Experts actuellement à la Banque Mondiale, s’était soldé par d’excellents résultats avec le maximum d’efficacité, d’efficience et d’économie, et avait réellement relancé l’économie centrafricaine.

Il ne peut y avoir de développement socio-économique sans la sécurité, ni la sécurité sans le développement socio-économique. C’est pourquoi, s’est tenu récemment à Paris un Sommet consacré à la Paix et à la Sécurité internationales, notamment à la situation centrafricaine. Aussi, nos partenaires institutionnels de la communauté internationale (Institutions de Bretton Woods, UE, PNUD, CEEAC, BAD, ONG humanitaires, etc.) doivent nous aider urgemment dans la recherche de la sécurité et la paix. Par ailleurs, les religieux (imans, évêques, pasteurs, etc.), qui se sont lancés dans une croisade de pacification, doivent être soutenus et encouragés dans leurs œuvres.

De l’élaboration et de la mise en oeuvre d’un Plan Marshall en RCA

Pourquoi élaborer et mettre en œuvre un Plan Marshall en RCA face à la crise actuelle ?

Notre pays est pratiquement au bord de la guerre civile et presqu’en situation ‘’pré-génocidaire’’ à la rwandaise. Pire, il a été internationalement établi que la RCA est victime de l’agression de la Coalition de l’ex-rébellion SELEKA, composée essentiellement de combattants venus du Tchad et du Soudan. Il s’agit réellement d’une guerre contre le peuple centrafricain menée par une ‘’armée étrangère’’ commanditée et financée de l’extérieur, qui a complètement ruiné notre pays, qui se paie également sur la bête : démantèlement de nos usines et entreprises, pillages du tissu économique embryonnaire et de nos richesses minières, de biens publics et privés, destruction de nos bureaux et infrastructures, etc. D’où la nécessité de faire élaborer par des Experts centrafricains, avec l’aide de bailleurs de fonds internationaux, un véritable Plan Marshall pour reconstruire la RCA, sur la base du Programme d’urgence défini par le GUNT en 3 priorités, à mettre en œuvre durant une période minimale de 5 ans.

Le Plan Marshall (après son élaboration, qui fut officiellement appelé ‘’Programme de rétablissement européen’’, en anglais European Recovery Program : ERP), était un plan américain pour aider la reconstruction de l’Europe après la Seconde Guerre mondiale.

Pour la petite histoire, ce Plan (conseillé par le Général Marshall au Président américain Harry TRUMAN) fut présenté une première fois par le Secrétaire d’Etat James F. BYRNES au cours d’un discours tenu à Stuttgart le 6 septembre 1946. De plus, le Général Lucius D. CLAY avait demandé au patron d’industrie Lewis H. BROWN de dresser un bilan de la situation économique en Allemagne et d’évaluer les besoins de la reconstruction.

Le mécanisme retenu consistait pour les États-Unis à fournir des crédits à seize (16) États européens, y compris l’Allemagne. Ces crédits d’un montant de montant total correspondant à 100 milliards de dollars actuels devraient servir à payer des importations en provenance des États-Unis. L’État européen bénéficiaire encaissait, en monnaie locale, le produit des ventes de ces importations sur son marché national, ainsi que les droits de douanes afférents. Parallèlement cet État devait octroyer à des agents économiques nationaux (entreprises ou administrations) des crédits destinés à des investissements d’un montant deux fois supérieur au crédit qu’il avait lui-même reçu. L’État bénéficiaire devait en outre faire la preuve qu’il autofinançait sa part, sans recourir à la création monétaire. Par ce montage, les États-Unis encourageaient un effort significatif d’équipement et d’épargne en Europe.

La reconstruction européenne, relativement rapide, fut largement stimulée par l’aide américaine, tandis que l’économie américaine évita ainsi la récession à cause d’une surproduction massive qu’aurait pu entraîner la cessation des hostilités.

Le Plan Marshall soulagea les premières difficultés et le rétablissement des secteurs principaux des 16 pays bénéficiaires : leur appareil productif ayant été partiellement détruit ou surexploité et mal entretenu pendant les hostilités.

Le géopoliticien français Bruno COLSON a vu dans le plan Marshall une subvention à l’exportation des produits américains. Aussi, devrons-nous veiller à ce que la Centrafrique bénéficie effectivement des retombées de l’aide financière et matérielle qui sera allouée par nos partenaires traditionnels.
CHERS COMPATRIOTES, OUVRONS LES YEUX ET FAISONS PREUVE DE DISCERNEMENT ! On voudrait nous faire « prendre des vessies pour des lanternes », en organisant inutilement un inopportun Dialogue National Inclusif !

Roger Sylvestre SIMY-TOWA
Consultant international
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