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Déclaration de son excellence le professeur Faustin Archange Touadera, président de la république, chef de l’Etat à l’occasion du panel de haut niveau sur la vaccination en république centrafricaine

Publié le vendredi 11 decembre 2020  |  Présidence
Déclaration
© Autre presse par DR
Déclaration de son excellence le professeur Faustin Archange Touadera, président de la république, chef de l’Etat à l’occasion du panel de haut niveau sur la vaccination en république centrafricaine
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Monsieur le Président de l’Assemblée Nationale ;
Monsieur le Premier Ministre, Chef du Gouvernement ;
Mesdames et Messieurs les Présidents des Institutions de la République ;
Mesdames et Messieurs les Membres du Gouvernement ;
Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs et Chefs de Missions Diplomatiques ;
Monsieur le Représentant Spécial du Secrétaire Général des Nations Unies en charge de la MINUSCA ;
Monsieur le Vice-Président de la Banque Mondiale ;
Monsieur le Président de la Fédération Internationale de la Croix Rouge ;
Monsieur le Président de la Fondation Bill & Melinda GATES ;
Monsieur le Président de la Fondation DANGOTE ;
Mesdames et Messieurs les Directeurs Généraux et Directeurs Exécutifs des Organisations Internationales ;
Mesdames et Messieurs les Directeurs Régionaux des Organisations du système des Nations Unies ;
Mesdames et Messieurs les Représentants des organisations bilatérales et multilatérales de Coopération ;
Distingués Invités ;
Mesdames et Messieurs ;
C’est avec un réel plaisir que je prends la parole à l’ouverture de ce panel de haut niveau sur la relance de la vaccination en République Centrafricaine.
Je voudrais, avant toutes choses, vous adresser mes cordiales salutations à toutes et à tous ici présents physiquement ou virtuellement grâce aux technologies de communication et vous remercier d’avoir répondu promptement et massivement à mon invitation, en dépit de vos agendas très chargés en cette période de fin d’année.
Votre présence massive à ce panel de haut niveau traduit votre attachement et votre intérêt aux aspirations du peuple centrafricain en général, à la santé et bien-être des femmes et des enfants centrafricains en particulier.
Je voudrais saisir cette opportunité pour exprimer au nom du peuple centrafricain, du Gouvernement et en mon nom propre, ma profonde gratitude à tous les partenaires techniques et financiers, aux pays amis, aux organisations gouvernementales et non gouvernementales, aux organisations communautaires, aux particuliers et acteurs privés, pour leurs appuis multiformes qui ont permis le relèvement du secteur de la santé en général et la revitalisation du système de vaccination en particulier.
En ce qui concerne la vaccination, je remercie particulièrement l’Alliance GAVI, l’Organisation Mondiale de la Santé, l’UNICEF, le PAM, la Fondation Bill et Melinda GATE, le CDC d’Atlanta, l’Institut Pasteur de Bangui, le Groupe MSF, la Croix Rouge Centrafricaine, la Fédération Internationale des Sociétés de la Croix Rouge et du Croissant Rouge, la MINUSCA, la Coordination Humanitaire des Nations Unies, l’Organisation des Femmes Centrafricaines, les autorités administratives et les notables.
Mesdames et Messieurs ;
C’est donc avec une grande joie que je prends la parole en cette occasion mémorable portant sur la vaccination, une priorité de santé publique de portée mondiale et qui me tient particulièrement à cœur.
En effet, n’est-ce pas qu’il vaut « mieux vaut prévenir que guérir » et que prévenir coûte moins cher que guérir ?
J’ai la ferme conviction que la vaccination contribue d’une manière significative au développement du capital humain qui est aujourd’hui considéré comme un puissant déterminant du développement socio-économique d’une nation.
Le rapport coût-efficacité des interventions de prévention en général et de la vaccination en particulier doit constituer un critère fondamental dans l’allocation des ressources destinées à la santé de la population, surtout dans les pays à faible revenu comme la République Centrafricaine.
C’est pourquoi, depuis mon accession à la Magistrature Suprême de l’Etat, j’ai fait de la prévention en général et de la vaccination en particulier une des priorités de mon agenda politique.
J’ai donc instruit le Ministre de la Santé à l’effet tout mettre en œuvre, avec l’appui de nos partenaires techniques et financiers, pour que la prévention, plus singulièrement la vaccination, reçoive une plus grande attention dans l’effort d’amélioration de la santé de la population.
Ma vision nationale en matière de vaccination est qu’en République Centrafricaine, chaque individu où qu’il se trouve, quel que soit son âge, son sexe, sa condition sociale, sa religion et son appartenance communautaire bénéficie pleinement des vaccins retenus dans le programme national de vaccination pour sa santé et son bien-être.
La priorité est accordée à la vaccination des enfants, des femmes enceintes et des femmes en âge de procréer.
A cet effet, un faisceau de mesures ont été édictées et mises en œuvre dans une approche holistique matérialisée ancrée dans dix domaines d’impulsion présidentielle et les soins de santé primaires. Il en a résulté un élan sans précédent de revitalisation des services de vaccination entre 2017 et 2019.
Ainsi, selon les données administratives, le taux de couverture vaccinale en antigène traceur est passé de 54% en 2017 à 81% en 2019.
Même si les estimations de l’OMS et l’UNICEF pour cette période suggèrent une progression de moindre ampleur, les deux sources ont en commun le fait que la tendance de la couverture vaccinale est à la hausse depuis 2017.
En outre, elles indiquent clairement qu’il y a encore des efforts à faire pour aller vers la couverture vaccinale universelle.
A cet égard, mon pays semble devoir surmonter un double défi, celui lié au contexte particulier de la République Centrafricaine, marquées par un effondrement du système de santé consécutive à plusieurs décennies de crises politico-militaires et d’instabilité socio-politique chronique.
On observe aussi, de par le monde, au cours des deux dernières décennies, que les taux de couvertures vaccinales ont soit baissé soit demeuré stagnants.
Ce qui est à l’origine de l’émergence d’épidémies de rougeole, de coqueluche, de fièvre jaune, de méningite mais aussi récemment des épidémies de virus circulants dérivés de souche vaccinale de poliovirus.
La montée d’une campagne mondiale anti-vaccin est à incriminer, campagne magnifiée par la désinformation et les préjugés suscités par la pandémie à Covid-19.
Fort heureusement, il existe une veille et une solidarité mondiales de tout temps pour des programmes de vaccination performante en faveur des enfants et des femmes enceintes comme en témoignent l’adoption du plan mondial sur les vaccins (GVAP) en 2012 et la Déclaration d’Addis-Abeba en 2016.
Points d’ancrage du présent panel de haut niveau par lequel je souhaite mobiliser les énergies et les ressources tant bien nationales qu’internationales en vue de la revitalisation des programmes de vaccination en République Centrafricaine.
Mesdames et Messieurs ;
Distingués panelistes ;
Comme je l’ai indiqué dans la lettre d’invitation, ce panel de haut niveau vise à adopter le plan budgétisé de relance de la vaccination en RCA et obtenir les engagements des parties prenantes à en appuyer la mise en œuvre.
A cet effet, je viens solennellement vous soumettre ce plan tel qu’il vient de vous être présenté par le Ministre de la Santé et solliciter votre engagement et vos appuis multiformes pour sa réalisation.
Il s’agit d’un plan dont le coût est évalué à quelques 11 milliards de Francs CFA pour trois ans, de 2021 à 2023.
Le processus de formulation du plan de relance a permis de dégager des besoins nécessitant des engagements et des actions au niveau national d’une part et des problèmes dont la résolution requiert des ressources extérieures, financières, techniques et politiques d’autre part.
Je voudrais donc remercier tous les partenaires techniques et financiers qui nous appuient dans le cadre de la vaccination et dont les contributions nous ont permis, entre autres, d’obtenir le statut de pays libre du poliovirus sauvage.
Ce résultat important est le signe de notre potentiel et de nos capacités à surmonter les défis et réaliser des progrès importants avec l’appui de nos partenaires en dépit d’un contexte difficile.
Je voudrais donc réitérer et renouveler solennellement mon engagement et ma confiance en un partenariat gagnant.
Etant donné que la vaccination est une action multisectorielle et multidisciplinaire nécessitant l’implication, la participation et la responsabilisation de la communauté, je m’engage à mettre en œuvre le cadre de redevabilité, le cadre de collaboration et le pacte de la vaccination.
Le coût de la vaccination complète d’un enfant en RCA est parmi les plus élevé au monde et constitue une menace à la pérennisation des résultats.
Cela est dû dans une large mesure à l’enclavement du pays, à la dispersion de la population sur la vaste étendue du territoire, au coût élevé du carburant.
Je suis également conscient que le système national de vaccination n’est pas exempt de fraude et de corruption. J’ai déjà instruit le Ministère de la Santé pour qu’une politique sectorielle sur la prévention de la fraude et de corruption dans le secteur de la santé soit élaborée et mise en œuvre.
Aussi, en vue de renforcer la demande de vaccination, je m’engage à promulguer la loi rendant obligatoire la vaccination dont le projet a été initié avec la collaboration de l’Assemblée Nationale durant le processus de préparation du Panel de haut niveau.
Selon les dispositions du projet de loi et si celles-ci sont validées par l’Assemblée Nationale, la vaccination des femmes, des nouveaux nés et des enfants seront rendus obligatoires en capitalisant sur les meilleures pratiques internationales.
Les dispositions déjà en cours dans le cadre de l’éradication de la poliomyélite pour atteindre les populations spéciales (éleveurs nomades, pygmées, populations des zones d’accès difficiles) seront intensifiées en faisant, entre autres usage des technologies innovantes de communication et en renforçant la collaboration entre le Ministère de la Santé, le Ministère du Développement Rural et de l’Elevage.
L’implication par le dialogue, la sensibilisation et l’éducation des groupes armés et les groupes politico-militaires sera renforcée pour le respect de l’espace humanitaire et médico-sanitaire. En témoigne les engagements pris par les représentants de ces groupes pour protéger les équipes médicales y compris les équipes de vaccination et faciliter leur travail.
Les mécanismes internes de suivi de l’Accord politique pour la Paix et la Réconciliation du 6 février 2019, serviront de cadre pour le suivi de l’application de ces engagements.
Tout en poursuivant l’engagement déjà en cours pour le cofinancement des nouveaux vaccins, l’investissement pour l’achat de vaccin traditionnel sur le budget de l’Etat sera graduellement accru jusqu’à hauteur de 3 milliards de FCFA par an requis pour l’achat des vaccins traditionnels dans le cadre de l’indépendance vaccinale.
Un montant d’environ 500.000 millions de FCFA sera également inscrit au budget national par an à partir de 2022 pour le renforcement de la logistique et de la chaîne de froid.
Mesdames et Messieurs,
Afin que ces engagements puissent porter les fruits escomptés, je sollicite humblement votre appui et votre engagement sur un certain nombre de domaines d’importance cruciale, à savoir:
1- Les Ressources humaines : la situation actuelle du personnel de santé est prohibitive si l’on considère les normes de l’OMS.
Je préconise le recrutement à court terme, avec l’appui financier des partenaires de 1500 agents de santé, toutes catégories confondues, qui pourront être intégrés dans la Fonction Publique de façon progressive sur une période de 4 à 5 ans.
La Banque Mondiale à travers le projet SENI a déjà donné son accord pour le recrutement de 250 assistantes accoucheuses et assistants de santé dont le processus a été initié.
Le Secrétariat de GAVI a également marqué son intérêt dans cette démarche.
En outre, je sollicite la mise au point de façon conjointe par le gouvernement et les partenaires techniques et financiers, d’un nouveau modèle de renforcement de capacité des ressources humaines qui intègrent l’assistance et la formation du personnel de santé.
Cependant, la solution à moyen et long termes réside dans le renforcement de la formation initiale et en cours d’emploi du personnel de santé.
La politique nationale de santé adoptée en 2019 accorde désormais la responsabilité de la formation initiale des paramédicaux au Ministère de la Santé.
La décentralisation de cette formation est une des approches qui pourront permettre d’augmenter non seulement la production de ces personnels mais et surtout de contribuer à résoudre l’épineux problème d’inégale répartition des effectifs de personnels qualifiés sur l’ensemble du territoire national.
Cette approche va nécessiter d’importants investissements. J’espère pouvoir compter sur les appuis multiformes de nos partenaires. Un autre aspect concernant les ressources humaines est la nécessité de l’alignement de l’assistance technique aux besoins du renforcement du système de santé.
Je voudrais compter sur les sièges des agences respectives afin que cette problématique soit résolue et que l’assistance technique soit plus agile, plus efficace et plus efficiente.
Le renforcement du système de vaccination ne donnera des résultats efficaces et durables que s’il est conçu et réalisé dans le cadre général du renforcement du système de santé.
Pour mon pays qui sort d’un conflit, cette perspective est cruciale.
Je suis informé qu’il y a des interventions dans ce sens, notamment à travers les appuis de l’Alliance GAVI, du Fonds mondial pour la lutte contre le Sida, le paludisme et la tuberculose, mais également à travers le projet SENI financé par la Banque.
Les besoins étant énormes vu le niveau de destruction subie par le système de santé durant les crises récurrentes qu’a connues la République Centrafricaine, je voudrais compter sur le soutien de tous nos partenaires pour renforcer et transformer le système de santé y compris le système national de vaccination.
Dans le cadre du mécanisme mondiale, une mère et un enfant, j’envisage mettre en place une plateforme de haut niveau sur le financement de la santé.
2- Données : Le programme élargi de vaccination nécessite une gestion basée sur les évidences. Afin de nous permettre d’avoir des données fiables et crédibles, je sollicite l’appui des partenaires techniques et financiers, et plus particulièrement de l’OMS pour la réalisation d’une enquête nationale de couverture vaccinale.
3-Lutte contre la désinformation. La désinformation enfle partout et particulièrement sur les réseaux sociaux concernant la vaccination.
Aujourd’hui, les anti-vaccins se recrutent même parmi l’élite au niveau mondial. Cette désinformation est un ennemi coriace que nous ne devons pas ignorer ni sous-estimer.
Il nous faut développer et mettre en œuvre des stratégies adaptées et efficaces pour le combattre. Cette désinformation est aujourd’hui amplifiée avec l’émergence de la COVID-19. Cela nécessite un effort mondial coordonné.
4-Collaboration transfrontalière : La pandémie à Covid-19 nous a enseigné le caractère crucial de la collaboration transfrontalière.
Malheureusement, celle-ci va rester très inégale, qu’il s’agisse de synchronisation des campagnes d’activités supplémentaires de vaccination ou d’harmonisation des mesures de surveillance des maladies cibles ou de contrôle sanitaire aux frontières.
Un projet d’accord dans ce sens entre Cameroun et la République Centrafricaine est en cours de finalisation. C’est une initiative importante qui devra élargie dans le cadre de la CEMAC et de la CEEAC. Une initiative similaire est en cours avec la République Démocratique du Congo.
Le projet régional de surveillance épidémiologique REDISSE4 sur financement de la Banque Mondiale est une opportunité dans ce sens.
Mesdames et Messieurs ;
Tels sont mes engagements et mes requêtes pour la revitalisation de la vaccination en vue de l’immunisation universelle en République Centrafricaine dans le cadre du plan Global de la Vaccination et de l’Initiative d’Addis-Abeba.
Je vous remercie de votre bien aimable attention.
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