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« JAGA MALAM » : une patrouille nocturne avec l’unité de police constituée indonésienne de la MINUSCA (REPORTAGE)

Publié le jeudi 18 fevrier 2021  |  MINUSCA
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© Autre presse par DR
Un soldat de la Minusca sur un blindé de la Minusca lors de l’opération “Mo Kiri” le premier février 2020.
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La nuit tombe sur le camp Garuda, il est 18h00 ce 06 février 2021. Le couvre-feu exigé par décret présidentiel du fait de la multiplication des incidents sécuritaires en Centrafrique impose le silence à une ville de Bangui d’ordinaire animée en fin de journée. Sous le son strident du clairon qui retentit aux quatre coins de la base et qui annonce la fin de la journée, le drapeau indonésien, le Merah Putih, est solennellement descendu par un homme et une femme en tenue tactique, casque bleu vissé sur la tête, et masque de protection contre la COVID-19 sur le visage.

Par Noam Assouline

L’Etat-major conjoint de Bangui (JTFB), centre de commandement de la MINUSCA en charge de la sécurisation de la capitale centrafricaine et la composante Police de la Mission (UNPol) appuient les forces de sécurité intérieure dans leurs patrouilles, en s’installant à des points névralgiques et en patrouillant sur les différents axes de la ville. Ce soir, les unités de police constituées (UPC ou FPU en anglais) de l’Indonésie et du Cameroun sillonneront les quartiers de PK5 et Boeing, dans le troisième arrondissement de Bangui.

C’est la deuxième année consécutive que la MINUSCA compte parmi ses effectifs un contingent de police d’Indonésie : le INDO FPU 2. Ses 143 policiers dont 16 femmes, viennent de toutes les composantes de la police indonésienne. Plus de la moitié de l’effectif est issue des Brigades mobiles indonésiennes, une force de police militarisée habituée au combat et aux opérations anti-terroristes difficiles. « J’ai participé, comme tous les autres FPU, à une rude sélection avant d’être reçu à l’académie de police des soldats de la Paix à Jakarta. Nous avons suivi six mois de formation intensive avant d’être déployés en Centrafrique. Durant la formation, l’on nous a expliqué les réalités du terrain et nous avons effectué un entrainement tactique répondant au contexte local. Nous avons aussi la chance de suivre un enseignement intensif du français afin de pouvoir communiquer avec les populations mais aussi nos partenaires nationaux et nos collègues casques bleus francophones », relate Le Capitaine F., officier de l’anti-drogue avant son arrivée à la MINUSCA pour une mission d’un an.

La patrouille dite « Jaga Malam » (signifiant ‘service de nuit’ en Malais indonésien), débute à 20h00. Les 10 éléments dont deux femmes s’équipent : casques bleus frappés du drapeau indonésien, lunettes anti-poussières et gilets par balles. Avec les prénoms de chacun inscrits sur un patch ventral de l’uniforme couleur sable, ils ont des allures de commandos. En formation, face au commandant de la section, ils lèvent leurs armes sur l’ordre de ce dernier, puis les penchent à 90 degrés sur la gauche, avant de vérifier la culasse. Tout en maintenant leurs armes de la main gauche, ils y insèrent un chargeur. Les dix FPU opèrent alors un tour sur eux-mêmes, et, dans un geste de communion, baissent tous la tête, les mains jointes sur la crosse de leurs fusils d’assaut dont le canon pointe vers le sol. La prière est œcuménique, car le pays est à majorité musulmane ; l’unité compte tout de même 24 éléments chrétiens.

Masques de protection sur le visage, les policiers qui respectent à la lettre les règles mises en place dans la lutte contre le COVID-19, s’engouffrent rapidement dans le Phantom blanc, véhicule blindé surmonté d’une tourelle permettant de protéger le convoi de toute menace d’où qu’elle vienne. Le « Gunner », le Sergent J., a les deux mains rivées sur sa mitrailleuse lourde. A l’intérieur du véhicule, il fait chaud malgré la climatisation. Les policiers échangent entre eux, mais restent vigilants, la main sur leurs armes, prêts à réagir.

Roulant au pas, le convoi parcourt les quartiers de Boeing et PK5. Le reflet du gyrophare rouge et bleu éclaire les voies désertes. Les unités indonésienne et camerounaise prennent positions à des points névralgiques de la zone, se joignant aux Forces armées centrafricaines (FACA) et les Forces de sécurité intérieure (FSI) également en patrouille.

Toutes les trois heures, un compte rendu radio de la situation est envoyé à la JTFB. Cette nuit, « la situation est calme », résume le message radio. A l’approche de la fin du couvre-feu fixé à 5 heures du matin, la ville se réveille peu à peu. Les indonésiens et les camerounais s’apprêtent à lever le camp.

Sur le chemin du retour, le Phantom croise les premiers véhicules et habitants, au moment où il s’engouffre dans le camp Garuda. Les hommes en descendent, les traits tirés. Après neuf heures de patrouille, ils peuvent enfin se libérer de leurs équipements protecteurs. Accueillis par la capitaine J., en charge du bien-être des éléments en mission, ils rejoignent la cantine avant de jouir d’un repos de quelques heures.

Au même moment, les forces spéciales des FPU, se prépare à se rendre à divers lieux stratégiques de la capitale pour la protection des populations civiles.
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