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Centrafrique : les onze (11) commissaires de la CVJRR installés dans leurs fonctions

Publié le lundi 5 juillet 2021  |  Le Potentiel Centrafricain
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© RFI par DR
Vue de Bangui
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Nommés par le Décret N0 20.435 du 30 décembre 2020 membres de la Commission Vérité Justice, Réparation et Réconciliation (CVJRR) en République centrafricaine conformément à l’article 12 de la Loi N0 20.009 du 07 avril 2020 portant création organisation et fonctionnement de la CVJRR ont finalement prêté serment ce vendredi 02 juillet 2021 devant le Ministre d’Etat chargé de la Justice et du Ministre de l’Action Humanitaire, des autorités politiques diplomatiques, religieuses.

Après la réquisition du Procureur Général de Bangui et des sages conseils pour l’exercice de leurs fonctions, les personnalités dont les noms suivent ont prononcé la phrase salutaire de prise de fonction solennelle : « Je le jure ». Il s’agit de : ASSOCIATION DE LA SOCIÉTÉ CIVILE : 1-Monsieur Bangui Serge Hubert, 2-Madame BOUI  YODIAM Juliana Christie ; BARREAU : 3- Me LAWSON née DOUZIMA Marie Edith ; CORPS ACADÉMIQUE : 4- M. SAKAMA Simon Narcisse ; ASSOCIATIONS RELIGIEUSES : 5- Monsieur SINGA GBAZIA Nicolas Aimé Simplice, 6- Madame TCHOLONGBA née YADINGA Irène Zara, 7- Monsieur NAGOUNE Abdoulaye ; ASSOCIATIONS DES VICTIMES : 8- Monsieur Yves FON ; ASSOCIATIONS DES FEMMES : 9– Madame MONTAIGNE née MOUSSA Antoinette, 10- Madame MARADAS NADO Solange Isabelle ; REPRÉSENTANT DE LA JEUNESSE : 11- Monsieur MONGOMBE Huguet Francis.
En effet, s’appuyant sur la Stratégie globale pour la réconciliation nationale en RCA conçue en novembre 2014 et adoptée comme Document-cadre de la politique de l’Etat en matière de Réconciliation ainsi que le rapport sur les consultations populaires à la base, organisées de février à mars 2015 sur l’ensemble du territoire, le Forum National de Bangui, tenu du 4 au 11 mai 2015, a adopté deux recommandations fortes exigeant la création de ces deux dispositifs constitutifs de la Justice Transitionnelle.
Pour le ministre Virginie Baïkoua, on ne saurait de nos jours laisser le pays sans mettre en pratique les recommandations du Forum de Bangui visant  à lutter contre l’impunité considérée la source des crises militaro-politiques à répétition et leurs conséquences humaines, sociales et politiques désastreuses. Son but ultime est de parvenir à une refondation de la mémoire collective par l’établissement de la vérité des faits entre les bourreaux et les victimes, de rendre justice globale et équitable, de prendre en compte les dommages subis par les victimes et de les réparer, et enfin de réconcilier tous les Centrafricains.
C’est pourquoi, dès son accession à la magistrature suprême du pays en 2016, le Président de la République, Chef de l’Etat, Professeur Faustin Archange Touadéra a fait de la mise en place de la Justice Transitionnelle en RCA l’une des priorités absolues de son mandat. Pour l’homme d’Etat, ce mécanisme est l’un des maillons importants du processus social et politique de sortie  durables de crises destructives, du retour de la sécurité et de la paix, de l’avènement de la Réconciliation véritable, du relèvement et de la reconstruction de la RCA.

Selon le Procureur Général « La vérité doit être connue, de même que l’identité des auteurs, ainsi que les causes, faits et circonstances dans lesquelles ces violations ont été commises,’’ renouvelant  « au Gouvernement et au peuple centrafricains l’engagement de la MINUSCA à accompagner ce processus pour la mise en œuvre rapide de la future Commission Vérité, Justice, Réparation et Réconciliation et l’exécution effective de son mandat en faveur de la réconciliation pour une paix durable en République centrafricaine, en ayant toujours à l’esprit les droits des victimes ».

De manière incontestable les auditions des victimes, témoins et auteurs présumés représentent un moment central dans la vie de toute commission de vérité et réconciliation. Entourées de solennité ou conduites avec sobriété, elles marquent une étape significative dans le processus de restauration des liens brisés par des violences massives des droits de l’homme. De fait, au-delà de la diversité des expériences enregistrées de par le monde et des résultats auxquels elles permettent de parvenir, un élément commun semble les caractériser : la libération de la parole des victimes pour le rétablissement de leur dignité et la cicatrisation de leurs blessures, conditions incontournables de toute réconciliation en profondeur. Et c’est justement sur ce point que surgissent des interrogations, car l’expérience montre que cet objectif affiché est loin d’être atteint par les travaux d’une commission. Nombreux sont les experts et observateurs de la justice transitionnelle qui s’interrogent sur l’efficacité réelle de ce mécanisme auquel d’aucuns ont attribué le sobriquet de « tribunal des larmes » ou « commission kleenex ». Car les larmes, à elles seules, ou les fortes émotions que déclenchent les auditions ne peuvent expurger les violations commises et poser les bases démocratiques d’une nouvelle société.

Quels sont dès lors les objectifs réels que poursuivent les commissions de vérité à travers les auditions ? Quels en sont les acteurs ? Comment se déroulent-elles ? Quelles en sont les limites ?
Depuis quelques décennies, parallèlement aux juridictions pénales internationales, les commissions de vérité connaissent partout dans le monde un essor remarquable. Considérées comme un passage obligé vers la paix et la consolidation de la démocratie, elles s’affirment de plus en plus comme un mécanisme de transition ou un compromis permettant de trouver un équilibre politique entre la justice et la paix. L’engouement pour ce mécanisme considéré comme une « troisième voie » s’explique en partie par son caractère pragmatique et sa grande flexibilité qui contraste, d’ailleurs, avec la rigidité des procédures judiciaires.

L’expérience de ces dernières années montre qu’il n’existe pas d’uniformité en cette matière ni de modèle transposable d’un pays à un autre ; cependant, une certaine préférence semble être accordée aux commissions de vérité censées résoudre, avec plus de flexibilité et de tact, l’épineuse articulation entre la paix et la justice. Vues sous cet angle, les commissions de vérité apparaissent de plus en plus comme un choix politique axé sur les victimes plutôt que sur le traitement judiciaire des violations ayant perturbé la cohésion sociale, « un modèle alternatif de justice non favorable à l’impunité mais encline au pardon, non hostile à la justice traditionnelle mais complémentaire à celle-ci, non susceptible d’effacer les effroyables souvenirs d’un passé meurtri mais partant pour la réécriture de l’histoire ». Le choix des 11 commissaires de cette commission est donc sans complaisance en Centrafrique. La déception provoquée par les auditions résulte du fait qu’elles sont souvent considérées comme une fin en soi plutôt que comme un instrument au service des commissions.

En réalité, les auditions ne sont pas un but à poursuivre mais un mécanisme à mettre en œuvre pour atteindre l’objectif ultime qui est la manifestation de la vérité pour la cicatrisation des blessures. Cela signifie que des auditions spectaculaires ne sont pas forcément synonymes de réussite du mandat d’une commission de vérité. Considérées du point de vue des victimes, elles visent à redonner la parole à ceux qui en ont été privés pendant longtemps, à les réhabiliter, à les placer au centre du processus de réconciliation, à les écouter pour communier leur douleur, leur permettre d’extérioriser le traumatisme afin de l’expurger.
@Herman  THEMONA,
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