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L’entreprise française Sucaf accusée de financement de milices violentes en Centrafrique

Publié le vendredi 20 aout 2021  |  radiondekeluka
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© Autre presse par (AP Photo / Jerome Delay-File)
Des milices de la Seleka à Bangui, en RCA. Le pays est terrorisé par plusieurs groupes armés et retombe encore dans le bain de sang sectaire qui a fait des milliers de morts entre fin 2013 et 2015.
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L’ONG The Sentry a publié ce 18 août 2021 un nouveau rapport accablant sur la crise en République Centrafricaine. L’organisation américaine révèle qu’une filiale du Groupe Castel, géant français du sucre et des boissons, a financé et soutenu des milices criminelles violentes pour protéger ses intérêts commerciaux au détriment des civils. C’est la SUCAF-RCA qui est indexée dans le financement de l’Unité pour la Paix en Centrafrique (UPC) d’Ali Darassa. The Sentry appelle à l’ouverture d’enquêtes judiciaires.

Dans ce rapport publié le 18 août 2021, The Sentry révèle que la Sucrerie Africaine de Centrafrique SUCAF-RCA, a conclu « un accord tacite » de sécurité avec l’Unité pour la paix en Centrafrique (UPC), un groupe armé bien connu pour sa brutalité. L’objectif apparent de cet arrangement était de sécuriser l’usine et les champs de canne à sucre de la SUCAF RCA, d’assurer la libre circulation des transporteurs sur les axes routiers clés et d’aider à assurer le monopole de la société sur la distribution du sucre dans plusieurs préfectures sous contrôle rebelle. En contrepartie du soutien de l’UPC, la SUCAF-RCA a financé cette milice violente par le biais de paiements directs et indirects en espèces, ainsi que par un soutien en nature sous forme de réparations de véhicules et d’approvisionnement en carburant.

Selon le rapport, le chef de la milice, le général autoproclamé Ali Darassa, et l’ancien coordinateur politique de l’UPC et actuel ministre de l’Élevage et de la Santé animale Hassan Bouba ont tous deux été les principaux bénéficiaires de cet accord financier.

« Le quasi-monopole du secteur sucrier dont jouissent les filiales du Groupe Castel depuis vingt ans ne profite pas aux Centrafricains. La population est non seulement contrainte d’acheter le sucre le plus cher d’Afrique centrale, mais l’argent versé pour ce produit de première nécessité a aussi aidé à financer ses bourreaux » déclare Nathalia Dukhan, enquêtrice senior à l’ONG The Sentry.

L’ONG américaine précise que les informations contenues dans le rapport démontrent que la SUCAF-RCA et sa société mère basée à Paris, la Société d’Organisation de Management et de Développement des Industries Alimentaires et Agricoles (SOMDIAA), ainsi que le consultant en sécurité de la SOMDIAA, le général français à la retraite Bruno Dary, ont été régulièrement informés des violations flagrantes des droits de l’homme commises par l’UPC, des atrocités de masse que les Nations Unies ont identifiées comme constituant potentiellement des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité.

« Malgré cette connaissance, la direction de la SUCAF-RCA a continué à fournir un soutien financier et logistique à des groupes criminels (principalement, mais pas exclusivement à l’UPC) pendant plus de six ans, contribuant ainsi à alimenter le conflit armé en République centrafricaine » détaille The Sentry, attirant l’attention de la communauté internationale sur les motivations financières de certains acteurs qui alimentent les atrocités de masse dans le conflit centrafricain.

Pour John Prendergast, cofondateur de The Sentry, «les entreprises telles que les filiales du Groupe Castel opérant dans le secteur sucrier centrafricain devraient faire l’objet d’une enquête et être tenues pleinement responsables de toute potentielle complicité de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité. Des enquêtes judiciaires devraient être engagées immédiatement dans toutes les juridictions concernées, et les victimes devraient être indemnisées ».

Contactée par Radio Ndeke Luka, la direction générale de SUCAF-RCA affirme ne pas vouloir commenter le rapport sur les ondes. Elle répondra directement à l’ONG The Sentry.

De leur côté, le gouvernement et les institutions internationales présente en Centrafrique n’ont pas encore officiellement réagi à ces révélations. En juin dernier, un rapport de l’ONG The Sentry avait mis en cause les forces centrafricaines et leurs alliés dans des exactions et graves violations présumées des Droits de l’Homme.
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