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Le conflit déplace les populations rurales et limite l’accès aux soins

Publié le lundi 23 aout 2021  |  Corbeau News Centrafrique
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© RFI par Charlotte Cosset
Dans un camp de déplacés de Birao, en Centrafrique, en novembre 2019.
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Ces derniers mois en République centrafricaine (RCA), la situation est devenue extrêmement instable dans de nombreuses zones rurales du pays. L’insécurité causée par les combats et la peur des attaques ont contraint de nombreuses personnes à fuir vers les grandes villes. La violence a également gravement affecté la capacité des organisations à fournir des soins.

A la fin du mois de décembre, une nouvelle coalition de groupes armés non étatiques a lancé une offensive contre le gouvernement centrafricain alors qu’en parallèle se déroulaient, dans un climat de tensions, les élections à l’issue desquelles Faustin-Archange Touadéra a été désigné président.La coalition a réuni des factions armées qui, les années précédentes, s’étaient affrontées. Elle est parvenue à prendre le contrôle temporaire de certaines grandes villes et, en janvier, a même atteint la périphérie de la capitale, Bangui. Quelque temps plus tard, le gouvernement et les forces alliées ont repris ces zones semi-urbaines et ont repoussé l’opposition armée vers les zones rurales.La situation actuelle, dans ces territoires autour des villes, est devenue extrêmement instable en raison des affrontements fréquents entre les forces gouvernementales et les groupes armés. Les attaques contre les villages et les exactions contre la population sont désormais récurrentes.Un matin à la fin du mois de juin, le babillage et les cris de dizaines de bébés attendant avec leurs mères d’être vaccinés dans un centre de santé de Farazala, une petite ville à quelques heures de Kabo, offrent un spectacle trompeur. Faya*, un agent de santé, affirme que beaucoup moins de personnes se présentent désormais aux rendez-vous médicaux.« Avant, il y avait plus de gens venant des villages voisins, mais cela a diminué à cause de l’insécurité », dit-il. « Les femmes qui habitent à seulement quatre ou cinq kilomètres de là accouchent maintenant à domicile au lieu de venir ici. »« Nous avions l’habitude de transférer beaucoup de patients entre Farazala et Kabo grâce à un système de motos-taxis mis en place par MSF, mais cela est beaucoup plus difficile maintenant. » Faya se souvient qu’au début des affrontements, des membres des groupes armés ont subtilisé de nombreuses motos à la population. Plus tard, lorsque le gouvernement et les forces alliées ont repris le contrôle de ce territoire, l’utilisation de ces véhicules sur certaines des routes principales a été restreinte car leurs usagers étaient parfois confondus avec des combattants.Dans les zones où les deux-roues peuvent circuler, des motards livrant des médicaments essentiels et transportant des malades et des blessés à l’hôpital ont parfois été agressés, blessés et volés sous la menace d’une arme. Ces actes de violence sont généralement attribués par les belligérants à des éléments incontrôlés de divers groupes armés.Les agents de santé communautaires, formés pour prendre en charge certaines pathologies telles que le paludisme et la diarrhée, dépister les cas de malnutrition chez les enfants et référer les cas critiques vers l’hôpital, ont également été menacés et agressés.Un accès aux soins limitéL’insécurité permanente a contraint MSF à suspendre périodiquement certaines activités médicales dans les zones autour de Kabo et d’autres villes, notamment Batangafo, Bambari et Bria. Cela inclut la suspension des visites de supervision, des référencements de patients et le travail de certains agents de santé communautaires, ce qui est particulièrement préoccupant pendant la saison des pluies, lorsque certaines maladies potentiellement mortelles, comme le paludisme, atteignent un pic.Dans le même temps, les hôpitaux des villes, soutenus par MSF, ont constaté une augmentation du nombre de patients nécessitant un traitement, à mesure que de plus en plus de personnes déplacées arrivaient. « Nous recevons également plus de patients souffrant de blessures causées par des violences, en particulier des violences sexuelles », explique Benjamin Collins, chef de l’équipe médicale de MSF à Kabo.Une vie de déplacements répétésTanguina Chela, 25 ans, a été forcée de fuir son domicile et vit désormais dans la ville de Kabo. © Igor Barbero/MSF Au cours des huit derniers mois, des centaines de milliers de personnes ont été déplacées de force. Selon l’ONU, la RCA compte aujourd’hui plus de 1,4 million de personnes déplacées et réfugiées, soit près d’un tiers de la population totale.Tanguina Chela est l’une de ces nouveaux déplacés. A la fin du mois de mai, elle a fui son village de Gmganga, avec son mari et ses trois enfants. La plupart des 200 habitants de Gmganga sont partis à la suite d’une escalade de violences, craignant que les groupes d’opposition armés n’exercent des représailles à leur encontre en les accusant de collaboration avec les forces gouvernementales.« J’ai laissé là-bas tout ce que j’avais. Maintenant, je n’ai plus de nourriture et je dois mendier pour en avoir », explique Tanguina.Malheureusement, rien de tout cela n’est nouveau pour elle. C’est la troisième fois qu’elle subit un déplacement forcé. Elle avait déjà fait face à une situation identique en 2007 et en 2012.« Tout au long de ma vie, j’ai beaucoup souffert. Depuis que j’ai sept ans, la même histoire se répète sans cesse. J’ai été déplacée pendant longtemps à cause de la guerre. J’ai perdu mes biens, mes terres agricoles, tout… J’ai des enfants, mais je ne sais même pas comment je vais les nourrir. »Tanguina se trouve désormais dans l’un des campements pour personnes déplacées de Kabo, appelé site B. Son coordinateur, Gotologue Auguste, estime qu’il y a plus de 4 200 personnes qui y vivent.Le site B est désormais indissociable du reste de Kabo. La majorité des centaines de petites maisons rondes aux toits d’herbe, faites de briques séchées au soleil, sont là depuis des années. Au fur et à mesure que les gens quittent les maisons, celles-ci sont à nouveau rapidement occupées par des personnes déplacées récemment arrivées comme Tanguina, qui a récupéré une hutte d’une pièce.MSF travaille en RCA depuis 1997. En plus de la présence d’une équipe mobile d’urgence, 13 projets réguliers sont actuellement en cours, à Bangui, Bria, Bangassou, Bambari, Kabo, Batangafo, Paoua, Bossangoa et Carnot. Depuis que le conflit s’est intensifié à la fin de l’année 2020, MSF a œuvré pour assurer la continuité des soins dans tous ses projets et a lancé des projets d’urgence dans les zones touchées par le conflit de Boguila, Bossembélé, Bouar, Grimari, Mbaiki, Damara, Boali, Dékoa, Liton, Kouango et Ippy.
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