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Centrafrique : l’Onu et la Minusca confirment leur collaboration avec les mercenaires du Groupe Wagner

Publié le mardi 12 juillet 2022  |  Letsunami.net
L’union
© Autre presse par DR
L’union européenne s’apprête à sanctionner le groupe Wagner en République centrafricaine
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Au lendemain de l’opération militaire menée contre les rebelles de l’UPC, membres de la Coalition des patriotes pour le Changement (CPC) à Ouadda – Djallé dans la préfecture de la Vakaga, située à 175 Km de Birao, le 26 juin 2022, par la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en République centrafricaine (MINUSCA), conformément à son mandat de protection des populations civiles, semble – t – il, tous les Centrafricains dont l’esprit et l’âme ne sont pas encore corrompus, ne peuvent qu’être sidérés en lisant le communiqué y relatif, et en écoutant les sorties médiatiques de Vladimir Monteiro et des hauts responsables de cette institution onusienne. Des théâtralisations, en réalité, qui frisent l’hypocrisie, le double langage, et la danse du caméléon de l’Onu et de ses petits fonctionnaires dans la gestion et la résolution de la crise centrafricaine.

Outre les litanies des propos baveux sur cette intervention militaire qui s’inscrit, d’après le communiqué du 29 juin 2022, dans le cadre des opérations robustes de domination de zone visant à réduire la présence des groupes armés à travers des actions proactives et préventives de la Force de la MINUSCA en vue d’une protection effective des populations civiles, pilier du mandat de la Mission, il y a trop de silences complices, d’immobilisme, de non – réactivité et de « laissez – faire » sur des actes de graves atteintes aux droits humains, de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité perpétrés par les mercenaires russes du Groupe Wagner et rwandais sur des populations civiles.

Face à cette posture indéniable de deux poids deux mesures, deux questions fondamentales se posent : le recours à la force est – il devenu désormais la solution à la crise qui perdure depuis la signature de l’Accord de Khartoum du 6 février 2019 ? Dans l’affirmative, pourquoi alors cibler les groupes armés, c’est à – dire – des Centrafricains qui ont décidé de reprendre les armes pour s’opposer au refus de l’Imposteur de Bangui d’organiser un dialogue politique inclusif, attirer l’attention de la communauté internationale sur son incontestable illégitimité pour avoir été déclaré élu par seulement 17% du corps électoral à l’issue des scrutins truqués du 27 décembre 2020, desquels plus de 300.000 Centrafricains ont été délibérément exclus et décentrafricanisés, et pour dénoncer la présence des mercenaires russes et rwandais dans le pays et leurs crimes sur des populations civiles ?

Il ressort d’une lecture minutieuse de toutes les résolutions du conseil de sécurité relatives au déploiement de la Minusca en Centrafrique, depuis 2014 à ce jour, qu’il lui est assigné, en tant que toute mission de maintien de la paix, entre autres recommandations ou tâches prioritaires, un mandat de neutralité, du recours à la force en cas d’extrême nécessité, de protection de la population civile, d’appui à l’extension de l’autorité de l’Etat, au déploiement des forces de sécurité et à l’intégrité du territoire, et d’assistance humanitaire ; ce qui signifie que la Minusca ne saurait ni proposer ni utiliser la force comme mode de règlement de la crise centrafricaine. Cette posture est conforme aux idéaux de ses Pères fondateurs qui, en la mettant en place, lui ont attribué une vision stratégique pluriannuelle visant à créer les conditions politiques, sécuritaires et institutionnelles qui permettent d’engager une réconciliation nationale et d’instaurer une paix durable par la mise en œuvre de l’APPR et l’élimination de la menace que représentent les groupes armés en adoptant une approche globale et une contenance « proactive et robuste, sans préjudice des principes fondamentaux du maintien de la paix ».

Fort étonnamment, au lendemain de son déploiement en Centrafrique jusqu’à ce jour, la Minusca a toujours fait l’objet de nombreuses et très vives critiques du fait des accointances de certains de ses contingents avec les groupes armés, suivies d’opaques manœuvres d’aides en logistiques et en matériels, d’une part, et d’absence de réactivité en temps réel afin d’anticiper et réprimer toute attaque contre la population civile, d’autre part. Pis, certaines graves exactions, certains crimes de guerre et certains crimes ont été perpétrés par les groupes armés et les mercenaires du Groupe Wagner, au vu et au su des soldats onusiens, parfois avec leur complicité.

Dans le registre des exactions dont les groupes armés se sont rendus responsables, alors que des contingents de la Minusca étaient présents dans les parages, il y a les horreurs de Lémouna, Koundjili, Djoum – Djoum et Bohong au mois de mai 2019 avec une cinquantaine de tués au compteur, les massacres d’Alindao en novembre 2018 ayant fait plus d’une centaine de morts, et les violences meurtrières de Zémio en août 2017 ayant entraîné plus d’une trentaine de morts. En ce qui concerne les mercenaires du Groupe Wagner, les forces onusiennes étaient restées l’arme au pied au moment où ils commettaient les crimes de guerre à Bambari en juin 2021, les barbaries de Bossangoa le 21 juillet 2021 ayant fait une quinzaine de tués avec une balle dans la tête, et le massacre de 17 jeunes abattus à bout portant sur un chantier minier de Pendé, situé à une trentaine de kilomètres à l’ouest de Lamy-Pont, en janvier 2022.

Alors pourquoi ce brusque changement de posture, après l’attaque et la prise de la ville de Ouadda – Djallé par les combattants de la CPC ? Pourquoi avoir lancé, le 26 juin 2022, contre leurs positions une opération militaire avec une action des troupes au sol, appuyée par des hélicoptères armés de la MINUSCA ? Est – ce effectivement pour assurer la protection des populations locales, et ce, en réponse au refus catégorique des assaillants de déposer des armes, rejoindre le processus DDR et de quitter la ville, comme il a été fait mention dans le communiqué du 29 juin 2022 ? S’il devait en être ainsi, pourquoi donc la Minusca n’avait – elle pas usé de la même méthode, c’est – à – dire en recourant à la force pour empêcher les événements de Aïgbando, le bombardement par hélicoptère des villages Yanga et Yanga Douroundjia, les incendies et les pillages des villages Ndha, de Tirougoul et de Gordil par les mercenaires du Groupe Wagner ? Comme nous l’avons évoqué un peu plus haut auparavant pourquoi cette position de deux poids deux mesures ?

Pour la simple raison qu’elle collabore avec ces mercenaires du Groupe Wagner. Ses principaux responsables tiennent régulièrement des réunions avec ces bandits de grand chemin et ces assassins, tout comme les différents contingents sur le terrain leur apportent des soutiens multiples et multiformes. C’est ce que le Journal « Libération » l’a révélé dans son article intitulé : « Centrafrique : entre les casques bleus et les mercenaires russes, un flirt à haut risque », publié le 1er février 2021. Il ne saurait en être autrement tant l’Onu et la Minusca sont restées fort curieusement insensibles aux recommandations du Groupe des experts de l’Onu appelant à leur départ de la République centrafricaine, contenues dans leur rapport du 30 juin 2021 adressé au conseil de sécurité. C’est ce que le porte – parole politique de la CPC Serge Bozanga a qualifié de « collusion immorale ». Une collusion à haut risque pour le retour de la paix dans un contexte de violation permanente de la déclaration du cessez – le – feu par les Faca et leurs supplétifs russes et rwandais, et de regains des hostilités sur une bonne partie du territoire national.

Jean – Paul Naïba
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