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RCA : Comment protéger les victimes des accusations de sorcellerie

Publié le mercredi 20 juillet 2022  |  MINUSCA
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© Autre presse par DR
Près de la moitié des 42 détenues de Bimbo sont accusées de pratiques de charlatanisme et sorcellerie (PCS), un crime prévu par les articles 149 et 150 du code pénal centrafricain.
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Le contexte socioéconomique de la République centrafricaine, fragilisé par de multiples années d'instabilité politique et sécuritaire, a favorisé la multiplication des actes de violences basées sur le genre, notamment les accusations de pratiques de sorcellerie suscitant moins d'attention, mais dont sont victimes pour la plupart des femmes, enfants et personnes âgées au sein de leur communauté.

C’est dans cette optique que le ministère de la justice, de la promotion des droits de l’homme et de la bonne gouvernance et ONU FEMME ont organisé, le 14 juillet 2022, en collaboration avec la Police de la MINUSCA, un atelier de sensibilisation sur la protection de femmes et d’enfants, contre les violences basées sur les accusations de pratique de sorcellerie, à l’intention des acteurs de la justice centrafricaine.

Le but recherché est d’éveiller la vigilance de ces acteurs de justice dans le traitement des litiges en lien avec ce phénomène et protéger les victimes.

Tous les intervenants ont unanimement affirmé que le phénomène d’accusation de pratique de sorcellerie viole les droits de ces femmes souvent âgées et vulnérables ainsi que ceux des enfants.

« De nombreuses femmes, surtout celles issues de la catégorie des personnes âgées, sont enterrées vivantes, brûlées vives ou même chassées de leur communauté sur la base des accusations de sorcellerie », a indiqué, Nkurunziza Salvator, le représentant de ONU Femme, dans son allocution à l’ouverture de cet atelier.

Les accusations de pratique de sorcellerie sont courantes en République centrafricaine, le législateur a ainsi essayé d’endiguer ce phénomène en l’introduisant dans le code pénal des articles pour que ses auteurs soient punis. Néanmoins, le cadre légal autour de l’infraction de pratique de sorcellerie et de charlatanisme n’est pas clair. Le chargé de mission au ministère de la justice a exprimé cette préoccupation. « Il convient de rappeler qu'en dépit de son incrimination, les violences à l'égard des personnes suspectées de pratiques de sorcellerie demeure. L'application de ce texte pose véritablement un problème en ce sens que les termes sorcellerie et charlatanisme ne sont pas clairement définis par le législateur. Et cette situation nous amène fréquemment à nous poser des questions en quoi consistent réellement les pratiques de charlatanisme et de sorcellerie ? », a-t-il indiqué.

Même son de cloche pour les professionnels du droit. Pour, Marcel Koui, magistrat du siège et président de la chambre correctionnelle de la Cour d'appel de Bangui, la loi sur la sorcellerie et le charlatanisme a besoin d’être modifiée pour mieux définir l’infraction et ainsi éviter des cas d’injustice souvent liés à des vides juridiques.

« Le législateur n'a pas pris le temps de définir les pratiques qu'il qualifie de pratiques de sorcellerie et de charlatanisme sur le plan juridique. Déjà, les magistrats que nous sommes, rencontrons des difficultés à appliquer cette loi. Donc, le premier travail qu'il convient de faire ici, c'est d'abord de toiletter cette loi parce qu’en matière pénale, une loi doit être claire. En matière pénale, le juge ne doit pas penser à la place du législateur, le juge applique la loi », a-t-il déclaré.

Cet atelier a permis d’aborder différentes thématiques qui ont changé la perception des participants sur la manière de traiter les litiges liés aux accusations de sorcellerie et de charlatanisme à l’image de Prudence Ndasonga, adjudant cheffe de la gendarmerie : « les thématiques inscrites au débat sont très importantes et à l'issue, j'ai bénéficié de beaucoup de choses. Plus précisément concernant la définition de la sorcellerie dont le premier modérateur a dit qu'il n'y a pas une définition exacte de la sorcellerie. Je pense qu'au sortir de cet atelier, je vais pérenniser ces acquis là pour aller les vulgariser dans mon unité, en ma qualité de chef de bureau sensibilisation au sein de l'unité de gouvernance ».

Le rapport annuel 2021 du Système de gestion de l’information sur les Violences basées sur le genre (VBG) indique que 11.592 cas de VBG ont été signalés, soit une augmentation de 26 % par rapport aux cas rapportés en 2020. Les plus grands nombres de cas de VBG rapportés en 2021 ont été enregistrés dans les sous-préfectures de Kaga-Bandoro, Zemio, Bocaranga, Bambari, Bangassou, Bimbo et Paoua.
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