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Discours de son excellence le Professeur Faustin Archange Touadéra, President de la République, Chef de l’Etat à l’occasion du forum des premières dames d’Afrique

Publié le mercredi 14 decembre 2022  |  Présidence
Discours
© Autre presse par DR
Discours du President de la République, Faustin Archange Touadéra à l’occasion du forum des premières dames d’Afrique
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A L’OCCASION DU FORUM DES PREMIÈRES DAMES D’AFRIQUE ORGANISE PAR LA WOMEN UNITED FOUNDATION, EN MARGE DU SOMMET USA/AFRIQUE
WASHINGTON DC, 13 DÉCEMBRE 2022

- Excellences Mesdames et Messieurs les Chefs d’Etat et de Gouvernement;
- Mesdames les Premières Dames ;
- Madame Deborah Elisabeth, Fondatrice et Directrice Exécutive de Women United Foundation ;

- Mesdames et Messieurs;


Je suis très honoré de prendre la parole, en qualité d’invité d’honneur, à l’occasion du Forum historique et mémorable, destiné à rendre hommage aux premières Dames emblématiques d’Afrique, organisé par « Women United Foundation », ici à Washington, en marge du Sommet Etats-Unis-Afrique.

Mon exposé s’articulera autour de trois points essentiels à savoir:

- Mon expérience personnelle d’enseignant;
- L’importance de l’éducation pour les femmes ;
- L’importance de l’éducation de la femme pour le développement du continent africain et pour la République Centrafricaine.

Avant de vous livrer ma réflexion sur les thématiques retenues, je tiens à remercier et à rendre un hommage poignant à Madame Deborah Elisabeth, pour cette initiative qui offre un véritable cadre de réflexion stratégique et d’action sur les défis réels qui jonchent le chemin de l’autonomisation des femmes.

Permettez-moi de saisir cette opportunité pour témoigner toute ma gratitude au Président Joe BIDEN, au Gouvernement et au peuple ami américain, pour l’accueil particulièrement chaleureux qui m’a été réservé ainsi qu’à ma délégation depuis notre arrivée à Washington DC.
Je voudrais saluer la présence des Premières Dames à ce forum et leur présenter mes distingués hommages.

Je suis particulièrement heureux de voir une présence aussi soutenue des partenaires intervenant dans l’éducation et la formation des femmes et des jeunes filles.

Plus qu’une expression de soutien, cette présence est le signe manifeste de l’intérêt que toute la communauté internationale accorde aux préoccupations touchant à l’avenir des femmes et des jeunes filles en Afrique.

Madame la Fondatrice et Présidente Excécutive de Women United Foundation ;

Chères Premières Dames;

Il m’a été demandé de dire un mot sur mon expérience personnelle d’enseignant.
Comme vous le savez, il est toujours difficile de parler de soi.

Mais je m’évertuerai de dire un mot sur mon parcours personnel et ma vision de l’autonomisation des femmes et l’éducation des jeunes filles dans mon pays et en Afrique.
Je suis né en République Centrafricaine, une terre bénie par sa beauté et dotée des richesses naturelles immenses, encore exploitées de manière artisanale.

Malheureusement ce beau pays est longtemps privé de la chance d’avoir un avenir meilleur, à cause de nombreuses contraintes héritées de la colonisation et des conflits armés récurrents.
En observant la situation particulière de mon pays, j’ai toujours voulu laisser quelque chose de précieux en héritage aux générations futures.

C’était mon rêve depuis l’époque où j’aspirais à devenir enseignant afin d’éduquer la jeune génération.
Lorsque j’avais commencé la carrière d’enseignant, le même idéal m’a poussé à me perfectionner, à devenir meilleur afin de pouvoir changer des destinées.

J’ai changé d’abord mon propre destin, lorsque j’avais décidé de me dédier à l’étude et de poursuivre une carrière universitaire.

Ma source d’inspiration était cette célèbre vision du Président Nelson MANDELA, et je cite : ”L’éducation est le grand moteur du développement personnel. Grâce à l’éducation, une fille de paysan peut devenir médecin, un fils de mineur peut devenir patron de mine, un enfant d’ouvriers agricoles peut devenir président d’une grande nation”, fin de citation.

Les deux Doctorats que j’avais obtenus en Mathématiques m’assuraient certes une place dans l’élite universitaire, mais je me suis rendu compte que j’avais le devoir de faire davantage, de me mettre au service de mes concitoyens.

J’ai eu du mal à me détacher du monde universitaire (en partie parce que j’enseigne encore les Mathématiques à l’Université de Bangui), mais la passion de changer des destinées m’a poussé vers la politique, où j’ai compris que mon rêve avait plus de chance de se concrétiser.

Pour réaliser mon rêve, il fallait que j’avance, mais sur une nouvelle voie, car je suis animé par l’ardent désir de faire de la République Centrafricaine un pays uni, un pays pacifié, un pays prospère, fondé sur les valeurs cardinales de l’Unité, de la Dignité et du Travail.

J’ai donc, en 2015, sollicité le mandat du peuple centrafricain qui m’a été accordé, mandat qui vient de m’être renouvelé, le 27 décembre 2020.

Ma mission en tant que Président de la République Centrafricaine est directement liée à l’héritage que je veux laisser aux générations futures.

Chaque jour de mon existence est une nouvelle quête, un nouveau défi, une partie de la vision que j’ai de notre société, telle qu’elle sera dans quelques années, une projection dans laquelle les enfants d’aujourd’hui seront les citoyens de demain, les bâtisseurs d’un pays prospère.

Pour un Mathématicien, à moins que nous ne parlions de la liste des Problèmes du Prix du Millénaire (Millennium Prize Problems), il existe des solutions à tous les problèmes.

Pour moi, l’éducation constitue l’un des leviers les plus importants pour améliorer les conditions de vie sociale, économique et culturelle d’une nation.

Malheureusement, le secteur de l’éducation en Afrique et plus particulièrement en République Centrafricaine a été considérablement affecté par les crises militaro-politiques internes, le terrorisme, l’extrémisme violent, l’insécurité due à la présence des groupes rebelles dans certaines régions, l’extrême pauvreté, les conséquences désastreuses du COVID 19 et la mauvaise gouvernance.

Ces défis majeurs ont mis les Etats africains dans l’incapacité d’assurer l’accès de tous les jeunes aux services d’éducation, surtout les jeunes filles.

Les conditions d’accès à l’éducation restent difficiles avec des classes pléthoriques, de fortes disparités territoriales et socio-économiques, des inégalités du genre et l’insuffisance chronique du personnel enseignant.

Par exemple, en République Centrafricaine, il y avait, en 2018 et 2019, moins de 8 filles pour 10 garçons scolarisés dans le cycle primaire et environ 6 filles pour 10 garçons scolarisés dans le cycle secondaire.
Le pays se trouve ainsi éloigné des Objectifs de Développement Durable 4 (ODD4) qui ciblent l’achèvement universel des études primaire et secondaire de toutes les filles et les garçons d’ici 2030.
Les acteurs du système éducatif centrafricain ont identifié les freins suivants à la scolarisation des jeunes filles :

- La pauvreté des ménages et les pesanteurs socio-culturelles qui favorisent les mariages précoces et assignent les filles aux tâches domestiques au détriment de l’éducation ;

- L’éloignement des établissements, surtout pour l’enseignement secondaire et l’insécurité qui en résulte ;

- Les infrastructures scolaires peu adaptées aux filles, telle que l’absence de latrines fonctionnelles et séparées ;

-Les violences basées sur le genre dont les harcèlements sexuels et l’impunité dont bénéficient leurs auteurs dans le système éducatif.

Face à ces situations, mon Gouvernement a élaboré des stratégies pouvant favoriser une éducation inclusive, équitable et protectrice.

Aussi, le Plan Sectoriel de l’Éducation 2020–2029, véritable engagement de l’Etat à œuvrer en faveur du relèvement du système éducatif, a développé un Guide pour l’élaboration de plans sectoriels de l’éducation favorisant l’égalité des sexes.

Ce guide élaboré avec l’appui des partenaires, prévoit entre autres mesures:

● La prise en charge des frais de scolarisation des filles dans les zones où leur taux de scolarisation est faible ;

● L’organisation des campagnes en faveur de la scolarisation des filles ;

● La création d’un environnement protecteur pour les filles et l’intensification de la sensibilisation sur la lutte contre les violences basées sur le genre en milieu scolaire avec la stricte application de sanctions contre le harcèlement, le viol, les abus, les attentats à la pudeur, en particulier au sein de l’école et du corps enseignant ;

● La formation des enseignants et l’introduction ou le renforcement de modules sur l’éducation sexuelle et la parité des genres dans les curricula;

● L’augmentation du budget de l’éducation nationale et l’intégration massive des enseignants dans la fonction publique.

Pour mieux asseoir ma vision en matière d’autonomisation de la femme centrafricaine, j’ai créé un Ministère chargé de la Promotion du Genre, de la Protection de la Femme, de la Famille et de l’Enfant.
A travers ce Ministère, le Gouvernement a procédé à :

● L’élaboration d’un projet de Loi sur le harcèlement sexuel en milieu familial, scolaire, universitaire et socio-professionnel avec l’appui financier de l’ONU FEMMES;

● L’organisation des journées statutaires sur la scolarisation des jeunes filles ;

● L’adoption d’une Stratégie Nationale de lutte contre les Violences basées sur le Genre et les pratiques traditionnelles néfastes, y compris le mariage d’enfants mineurs;

● Un code de bonne conduite pour les enseignants dont certaines dispositions prévoient le maintien des filles enceintes à l’école;

● La création d’un Comité de coordination du Secteur Genre et Violence Basées sur le Genre et des comités de lutte et d’alerte précoce dans certaines écoles.

- Madame la Fondatrice ;
- Mesdames les Premières Dames;

Il y a un lien étroit entre l’autonomisation des femmes et le développement.
Il est indéniable que le développement de l’Afrique passera par l’autonomisation des femmes et la scolarisation des jeunes filles qui constituent la majorité des populations africaines.

La femme est une force inaltérable, elle est la source de la vie, de la paix et du développement durable.
Malheureusement, en Afrique, la majorité des femmes et surtout des filles continuent de vivre dans la peur et l’ignorance.

Leurs droits à l’éducation, à la formation et à l’autonomisation sont restreints par l’influence de la masculinité négative et l’extrémisme violent, dans certaines communautés.

Les gouvernants africains doivent sortir des discours pieux, passer des idées à l’action, avec un accent spécial sur la prise en compte des aspirations des jeunes en général et des jeunes filles en particulier.
Il faut mettre en place une vaste synergie dans l’optique de garantir aux jeunes filles un futur meilleur et radieux, loin des tâches domestiques auxquelles elles sont souvent assujetties.

Il en sera le cas notamment des orientations vers des filières de formation des jeunes filles dans les offres adaptées au besoin du marché du travail et vers les métiers d’avenir.

Je suis comblé de relever que le sens de l’innovation et le goût de l’entreprenariat sont aujourd’hui le label des jeunes et des femmes, comme le prouve l’explosion du nombre des créateurs et des innovateurs en Afrique.

C’est pourquoi, il est du devoir des Etats africains de créer les conditions optimales pour permettre aux femmes et aux jeunes filles de libérer leur génie, d’exprimer leur talent, de fertiliser leur inspiration et de donner libre cours à leur énergie créatrice.

Les Premières Dames Africaines ont un rôle important à jouer aux côtés des dirigeants africains pour tracer les sillons du bonheur et d’espérance aux femmes et aux jeunes filles porteuses d’espoir pour l’humanité.

Pour accélérer la croissance et le développement intégré de l’Afrique, il faut associer les femmes aux choix politiques et sociaux.

En République Centrafricaine, une loi a institué la parité homme/femme et une discrimination positive à l’égard des femmes, tant dans les administrations publiques et privées que dans les partis politiques et la société civile.

Il faut également lutter contre certaines traditions et lois qui établissent des discriminations envers les femmes et les jeunes filles en Afrique.

C’est pourquoi, je salue ce forum qui est une occasion propice permettant aux Premières Dames d’Afrique de formuler des propositions concrètes, pragmatiques et pertinentes en totale adéquation avec les attentes réelles et véritables des femmes du continent.

Je réitère mes remerciements et encouragements à Women United Foundation pour l’excellent travail d’émancipation des femmes et des jeunes filles qu’elle réalise au quotidien.
Vive la Women United Foundation!

Vive la solidarité internationale!

Je vous remercie.
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