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« Mon mari m’a abandonné en me laissant nos cinq enfants »

Publié le mardi 9 mai 2023  |  MINUSCA
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© MINUSCA par DR
«Mon mari m’a abandonné en me laissant nos cinq enfants»
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Une centaine de femmes dont une majorité de veuves, femmes abandonnées et une trentaine d’orphelins de Paoua, chef-lieu de la préfecture de Lim-Pende, ont reçu, le 1er mars 2023, un lot de matériels agricoles offert par le Bureau régional de la MINUSCA. L’objectif recherché à travers cette action est de permettre à ces bénéficiaires, victimes de conflits, d’initier des activités génératrices de revenus.

L’une d’elles, Hortense BENDIMA, a accepté de nous raconter son histoire.

Hortense Bendima, âgée de 33 ans, habite le quartier 200 villas à Paoua. Madame Bendima est membre de l’Organisation Paysanne Rurale de Base (OPRB), une association de veuves et femmes abandonnées.

En 2004, alors qu’elle n’avait que 24 ans, Hortense a épousé un homme de son entourage dont nous tairons le nom. Après 8 ans de vie commune, la trentenaire raconte que son homme est parti un beau jour de la maison sans même lui laisser un message.

« J’étais sortie pour des courses le matin, il était encore à la maison. A mon retour, il n’y était plus. Au début je pensais qu’il allait trainer en ville, je ne me suis donc pas inquiétée, surtout que le mariage battait de l’aile. C’est après plusieurs jours sans nouvelles que je me suis inquiétée », raconte Hortense. La jeune dame dit avoir pensé qu’il était arrivé quelque chose de grave à son mari. Elle l’a donc cherché dans les centres de santé et centres de détention, sans succès.

Quelques mois après, Hortense explique avoir appris à travers des connaissances que son homme serait en vie et en bonne santé. « C’est à ce moment que j’ai compris qu’il m’avait abandonnée seule avec nos enfants », nous confie-t-elle avec un air résigné. A ces mots, Henriette, un autre membre de l’OPRB assise à côté et suivant avec intérêt l’échange, s’y invite. « C’était un irresponsable qui ne se sentait pas capable de nourrir cinq enfants ». Ces enfants dont on parle sont âgés de six à 16 ans. Ils sont scolarisés grâce aux efforts de leur mère. Hortense dit avoir quitté le domicile conjugal pour rejoindre sa famille où elle vit désormais avec ses frères et sœurs, grâce à deux sources de revenus.

Du lundi au vendredi, avec d’autres femmes, Mme Bendima est dans le champ de leur regroupement (OPRB) dès les premières lueurs du jour. Elles y cultivent du manioc, de l’arachide et d’autres tubercules de saison. Des produits destinés à la vente et dont les bénéfices sont partagés entre les femmes veuves et abandonnées, mais une autre partie de leur labeur est réservée pour les besoins des orphelins de guerre que ces femmes ont décidé de soutenir. La mère célibataire qu’est désormais Hortense a du répit les weekends. Les après-midis de samedi, elle revient tôt du champ pour se reposer et se préparer pour le culte du dimanche matin.

Cependant, la jeune dame ne vit pas de l’agriculture avec ses consœurs. Elle tient à titre personnel un petit commerce de Dura, la boisson alcoolisée locale. Elle a décidé de préserver ses enfants du travail avant l’âge. Leurs seules occupations sont les études et quelques coups de main qu’ils lui apportent dans la gestion de la maison.

A la question de savoir si elle compte se remarier un jour, Hortense répond avec un sourire : « pourquoi me marier pour être abandonnée pour la 3e fois ? Après mon premier mari, je m’étais remise avec un homme 3 ans plus tard. Après que je lui ai fait une fille qui a deux ans aujourd’hui, ce dernier aussi m’a quitté. Je vais désormais rester seule et prendre soin de mes enfants ».

SAFIATOU DOUMBIA
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