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Afrique centrale : comment les ADF sont financées par l’Etat islamique

Publié le jeudi 22 juin 2023  |  Agence de Presse Africaine
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© Autre presse par DR
Afrique centrale : comment les ADF sont financées par l’Etat islamique
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Vendredi 16 juin, les habitants de Mpondwe, dans le district de Kasese, dans l’Ouest de l’Ouganda, à la frontière avec la République démocratique du Congo (RDC), ont été horrifiés par l’attaque de l’école secondaire Lubiriha qui s’est soldée par la mort d’au moins 37 personnes dont plusieurs élèves.

L’attentat n’a pas été revendiqué. Mais les forces armées ougandaises accusent les Forces démocratiques alliées (ADF, sigle anglais), un groupe jihadiste né en Ouganda au milieu des années 90 mais qui opère principalement dans l’Est de la RDC depuis le début des années 2000. Selon Kampala, l’attaque a été menée par un commando de cinq personnes, sans plus de détails.

Pourtant, les jihadistes sont censés être affaiblis par l’opération « Shujaa » ( héros, en swahili) menée conjointement depuis plusieurs mois par les forces armées congolaises et ougandaises. Selon le dernier rapport des experts des Nations Unies sur la RDC, cette opération a effectivement ralenti les activités des insurgés. Cependant, le groupe jihadiste s’est « avéré résilient », prouvant sa capacité à conduire des attaques meurtrières contre des civils aussi bien en RDC qu’en Ouganda, avec une forte utilisation d’engins explosifs improvisés (EEI).

Le système « hawala », moyen de financement du terrorisme

Si le groupe a la capacité de résilience, c’est en partie dû à ses liens financiers avec l’Etat islamique (EI). Dans son rapport publié le 13 juin dernier, le groupe d’experts détaille comment les ADF sont appuyés financièrement par EI. « Sur la base de témoignages et preuves documentaires, le groupe d’experts a pu établir que Daech avait fourni un soutien financier aux ADF depuis au moins 2019, par le biais d’un système financier complexe impliquant des individus dans plusieurs pays du continent, partant de la Somalie et passant par l’Afrique du Sud et l’Ouganda. Les preuves recueillies indiquent que plusieurs canaux ont été utilisés par Daech », lit-on dans le document de 243 pages dont au moins sept sont consacrées à l’activité des ADF.

Les experts onusiens sont convaincus que Suhayl Salim Mohamed Abdelrahman alias Bilal al-Sudani, tué en janvier dernier par un raid américain en Somalie, était au cœur de ce système financier, sous les ordres de Yusuf Abdulqadir Mumin, fondateur de l’Etat islamique en Somalie. Selon les experts, le nommé Abdirizak Mohamed Abdi Jimale, qui a rejoint l’Etat islamique en Somalie, a transféré entre 2019 et 2020 plus de 400 000 dollars à deux agents de l’EI basés à Johannesburg, en Afrique du Sud : l’Ougandais Maisa Cissa et l’Ethiopien Sheikh Abdi Oromay. Pour amener cet argent aux destinataires, le groupe terroriste faisait recours au système « hawala » à travers la société HeeryEn outre, le groupe d’experts qui a travaillé sur les relations entre l’Etat islamique et les ADF souligne que, sur les 400 000 dollars que Abdirizak Mohamed Abdi Jimale avait initialement transférés à des contacts en Somalie, au moins 60 000 ont été reçus par des proches du commandant des ADF, Meddie Nkalubo, en Ouganda. « Parmi ces personnes, Aisha Katushabe et Sanyi Nakitende, l’ex-femme de Meddie Nkalubo, ont reçu respectivement 10 000 et 30 000 dollars en septembre 2020 », révèlent les experts. Les fonds reçus ont été ensuite remis « à deux autres collaborateurs des ADF dont Hamidah Nabagala, accusée d’avoir financé les attentats à la bombe de Kampala en octobre 2021 ». Alors que Aisha Katushabe et Sanyi Nakitende ont été arrêtées le même mois en Ouganda pour leur participation au financement de ces attentats, Jimale a été condamné par un tribunal somalien pour ses liens avec Bilal al-Sudani et l’Etat islamique.Trading Entreprise, enregistrée en Somalie et en Afrique du Sud par Bashir Abdi Hassan, un citoyen somalien basé à Johannesburg.

Selon un mécanisme de contournement difficile à tracer, Cissa et Oromay ont ensuite demandé à Abdi Hassan de retransférer une partie des fonds à Abdiweli Dubat Dege, un Kenyan. Lequel a ensuite transféré les fonds à des personnes en Ouganda, en Tanzanie et au Mozambique. Les experts onusiens affirment que Abdi Hassan et Dege ont utilisé des services hawala. Ils ont également eu recours à Mama Money et Selpal, deux services de transfert d’argent « détournés » par l’Etat islamique et d’ « autres réseaux criminels pour acheminer d’énormes flux d’argent dans toute la région ». Mama Money est une « solution fintech » sud-africaine qui permet d’envoyer de l’argent dans plus de cinquante pays africains, asiatiques et européens.

En outre, le groupe d’experts qui a travaillé sur les relations entre l’Etat islamique et les ADF souligne que, sur les 400 000 dollars que Abdirizak Mohamed Abdi Jimale avait initialement transférés à des contacts en Somalie, au moins 60 000 ont été reçus par des proches du commandant des ADF, Meddie Nkalubo, en Ouganda. « Parmi ces personnes, Aisha Katushabe et Sanyi Nakitende, l’ex-femme de Meddie Nkalubo, ont reçu respectivement 10 000 et 30 000 dollars en septembre 2020 », révèlent les experts. Les fonds reçus ont été ensuite remis « à deux autres collaborateurs des ADF dont Hamidah Nabagala, accusée d’avoir financé les attentats à la bombe de Kampala en octobre 2021 ». Alors que Aisha Katushabe et Sanyi Nakitende ont été arrêtées le même mois en Ouganda pour leur participation au financement de ces attentats, Jimale a été condamné par un tribunal somalien pour ses liens avec Bilal al-Sudani et l’Etat islamique.

L’Afrique du Sud, pont entre l’Etat islamique et les ADF ?

Les premières revendications de l’Etat islamique dans les Grands Lacs remontent à 2019. Mais à en croire les experts onusiens, les premiers liens avec le groupe jihadiste et les insurgés ougandais qui se sont transportés dans l’Est congolais ont été établis bien avant. Leurs investigations ont révélé que des individus basés en Afrique du Sud ont contribué à former les liens avec l’Etat islamique dès 2017, notamment par l’intermédiaire d’Abwakasi, qui a rejoint les ADF en 2017 à partir de ce pays de l’Afrique australe.

Les experts affirment aussi avoir obtenu des documents attestant des liens clairs entre les ADF et des agents de l’Etat islamique en Afrique du Sud. Selon eux, « ces agents comprennent Abdella Hussein Abadigga et Farhad Hoomer » qui sont actuellement sur la liste des personnes sanctionnées par les Etats-Unis pour leurs liens avec Bilal al Sudani et l’Etat islamique. Ils sont tous les deux aussi en contact avec Patrick Modise qui fut détaché au comité d’immigration et de logistique de l’Etat islamique en Syrie entre 2014 et 2017.

Les experts onusiens précisent par ailleurs que Abadiga a dirigé une cellule de l’Etat islamique en Afrique du Sud après son passage en Syrie en 2014. Tous ces agents étaient en contact les uns avec les autres et avec Abwakasi. Toutefois, Modise a contribué à établir les premiers contacts entre les ADF et l’Etat islamique en 2017. Il avait informé Musa Baluku que l’Etat islamique avait accepté le serment d’allégeance en octobre 2017.

En partance pour Goma en provenance d’Afrique du Sud, le même Abadigga et trois autres personnes ont été arrêtés alors qu’ils tentaient de rejoindre les ADF. Il transportait deux drones et une caméra destinée aux ADF. Abwakasi aurait tenté d’obtenir leur libération par l’intermédiaire de Farhad Hoomer qui s’est rendu en RDC en 2018. Libéré, Abadigga retourne en Afrique du Sud où, selon les informations du groupe d’experts, il aurait continué à diriger une cellule de l’Etat islamique. Il a été arrêté fin 2022 pour participation à une menace terroriste.

Meddie Nkalubo, l’un des principaux commandants des ADF en charge de la collaboration avec Daech au niveau régional, a bénéficié d’importantes contributions d’un collaborateur et recruteur des ADF, Swalleh Abubakar. Il était lié à la mosquée Usafi, affiliée aux ADF, dans le quartier de Kisenyi, à Kampala. En avril 2021, il a remis 30 000 dollars à l’ex-femme de Nkalubo, Sanyu Nakitende, à Lusaka, en Zambie.

Jusqu’en 2022, la province de l’Etat islamique en Afrique australe était composée des ADF et du groupe jihadiste mozambicain Ahl Sunna Wal Jamm’a, plus connu sous le nom de « al-shabab », évoluant dans le Cabo Delgado, à ne pas confondre avec les « Shebabs » de la Somalie affiliée à Al-Qaïda. Depuis, l’Etat islamique en a fait une province à part entière comme le Sahel détaché du Nigeria.

AC/odl/APA


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