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Un craquement, puis un autre et la panique : des survivants du naufrage à Bangui racontent l’efroi

Publié le lundi 22 avril 2024  |  AFP
Naufrage
© Autre presse par DR
Naufrage en Centrafrique
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"J'étais sur le toit de la baleinière quand j'ai entendu le premier craquement". "C'est au deuxième craquement" que le bateau s'est désintégré et "j'ai vu ma femme en train de sombrer sous l'eau", confie lundi à l'AFP un survivant du naufrage meurtrier survenu vendredi à Bangui.

Dans sa concession d'un quartier de la capitale centrafricaine, les traits fatigués, Yalex Masco Sene-Bembe, 38 ans, confie être "en état de choc"."J'ai sauvé quatre personnes, dont ma femme, mon père, ma sœur et une personne que je ne connais pas. J'étais sur le toit de la baleinière quand j'ai entendu le premier craquement. Je cherchais à descendre et c'est au deuxième craquement que la baleinière s'est divisée en
deux", dit-il.

Pris de panique, il a ensuite vu sa femme disparaître sous l'eau. "Je l'ai fait sortir en premier, puis je suis revenu chercher ma sœur et mon père mais ma nièce est morte à l'hôpital."

Selon le dernier bilan établi lundi par la protection civile, 62 corps ont été repêchés dans la rivière Mpoko à Bangui depuis vendredi après le naufrage de leur bateau qui, selon des témoins, transportait environ 300 passagers qui se rendaient aux funérailles d'un chef de village.

"Les victimes sont majoritairement des femmes, des personnes de plus de 50 ans, des enfants et des personnes vulnérables (...) mais aussi des secouristes", explique Thomas Djimasse, directeur général de la protection civile.

Assise sous une véranda et entourée de sa famille, Brigitte Imilymako, troisième épouse du chef de village dont les funérailles étaient organisées vendredi, peine à articuler ses mots.

"C'est au village Bokassi que nous nous sommes rendus compte que la baleinière n'arrivait pas. Mon fils a téléphoné et on lui a annoncé qu'elle avait chaviré. Nous étions paniqués mais avons décidé de poursuivre l'enterrement" de son époux, raconte-t-elle.

- "Insupportable" -

"Nous avons appris (le lendemain) que ma fille était aussi décédée. Je suis sous le choc, perdre mon mari, ma fille et des proches en si peu de temps est insupportable", ajoute-elle, éplorée.

Guy Malizekama, frère du défunt chef de village dont la dépouille a été transportée sur une pirogue avec ses épouses, explique avoir demandé "à louer une baleinière" pour permettre aux nombreuses connaissances d'assister la famille. "Le locataire nous avait dit que c'était en bon état".

Le chef de la protection civile a estimé de son côté que les causes présumées de cette tragédie sont la vétusté de la baleinière, la surcharge avec environ 300 personnes qui étaient entassées à l'intérieur, ainsi que la puissance du courant de l'eau amplifiée par une pluie la veille.

"Une centaine de personnes ont été sauvées sur les 300 présentes dans la baleinière", a ajouté M. Djimasse.
Le nombre de victimes pourrait donc augmenter. Les recherches de personnes portées disparues se poursuivent, une cinquantaine de familles étant toujours sans nouvelles de leurs proches depuis le naufrage.
Peu de temps après son départ de l'embarcadère, la structure en bois du bateau à un étage, surchargée, a cédé sous le poids des passagers.

- Ecrasé "par le poids des gens" -

Le porte-parole du gouvernement centrafricain, Maxime Balalou, a annoncé samedi l'ouverture d'une enquête "pour déterminer les causes de ce drame ainsi que les responsabilités". De son côté, le président centrafricain Faustin Archange Touadéra a décrété lundi un deuil national de trois jours.

Une vidéo du naufrage difusée sur les réseaux sociaux montre des personnes tentant de rejoindre la rive à la nage et d'autres secourues par des pirogues de pêcheurs et d'extracteurs de sable à proximité avant l'arrivée des premiers secours.

Bonaventure Zekemaya, 52 ans, raconte s'être "retrouvé sous le poids des gens" quand le bateau a chaviré: "Heureusement, je sais nager, mais j'ai avalé de l'eau car c'était dificile de repousser les gens sur moi et autour de moi".

"Après m'être battu pour sortir, j'ai vu une femme à côté de moi (...) J'ai juste attrapé ses pieds et je suis sorti avec elle jusqu'à ce qu'on nous secoure" avant, dit-il, "de perdre connaissance".

fan-hpn-sba/mba
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