La chef de l’Etat de transition, Mme Catherine Samba – Panza s’est entretenue au palais de la renaissance avec les leaders des partis politiques ainsi que les 03 leaders religieux de RCA
Une soixantaine de formations ont été reçues par la présidente et le Premier ministre, hier jeudi, 10 juillet matin. Une première réunion d'échange d'informations, pour faire valoir leurs arguments et écouter les clarifications de l'exécutif, ainsi que des éléments dont ils n'avaient pas encore eu connaissance sur ce qu'il s'est dit à Malabo ou lors de la réunion du groupe de contact en début de semaine. Selon la présidence, le but de cette réunion de concertation qui fait suite à la sollicitation de la classe politique, est de rendre compte des conclusions du sommet extraordinaire des chefs d’Etat de la Communauté économique des Etats d’Afrique centrale (CEEAC) sur la crise centrafricaine tenu en marge du 23ème sommet de l’Union africaine de Malabo (Guinée équatoriale). Avec ses hôtes, la présidente par intérim de la Centrafrique a échangé et harmoniser ses points de vues sur les enjeux du prochain forum de dialogue inter- centrafricain de Brazzaville (Congo). Tirant les leçons des précédentes réunions de concertations inter centrafricaines, la chef de l’Etat, a rappelé que, «les expériences du 2è sommet extraordinaire sur la crise de la RCA à Libreville 11 janvier 2013 montrent qu’il y a une mauvaise préparation et un manque de cohérence au niveau des acteurs nationaux préjudiciable à la conduite de la transition».
Est-ce un sommet de trop?
En janvier 2014, le CNT avait été amené par avion à Ndjamena, capitale du Tchad, pour entériner la démission de Michel Djotodia. Ce procédé avait déplu. Beaucoup de Centrafricains avaient perçu cela comme un viol de la souveraineté. Cette fois, la grogne semble plus généralisée. Le sommet de l’Union africaine à Malabo, fin juin, apparaît comme la goutte d'eau de trop. Les décisions prises par les chefs d'Etat de la région sur la Centrafrique, où Catherine Samba-Panza faisait de la figuration, ont été vécues à Bangui comme une nouvelle humiliation, une de trop. Et la présidente l’a bien perçu. Cette grogne des leaders politiques et religieux qui pourrait ternir la portée du forum de Brazzaville. C’est pourquoi a-t-elle expliqué «nous comptons organiser avant le forum de Brazzaville des consultations avec les diverses plateformes politiques, de la société civile pour qu’elles apprêtent leur mémorandum de sortie de crise».
A en croire Mme Samba-Panza, il est fondamental de se rendre à Brazzaville mais «avec une vision claire et partagée du format de ce forum et que les participants soient bien imprégnés des enjeux du forum» Pour elle le forum de Brazzaville est capital en ce sens qu’«il nous a paru important d’informer et de sensibiliser les participants, de définir la liste et les critères de désignation des représentants des forces vives de la nation à ce forum, échanger et harmoniser sur le projet d’agenda de ce forum.»
Dans l’immédiat, les positions de chacun restent inchangées. Si une poignée de partis politiques ont indiqué être prêts à se rendre à Brazzaville (sept, précisément), la plupart n'adhèrent pas à cette idée pour l'instant. Même chose pour la plateforme religieuse en l'état actuel des choses. Quarante-neuf mouvements politiques du pays réservent leur réponse. Ils se réuniront samedi à Bangui pour discuter des conditions qu'ils souhaitent poser à leur participation au forum, et discuter aussi des questions qu'ils souhaitent voir aborder uniquement à Bangui. «Nous allons à Brazzaville pour seulement préparer le dialogue inter centrafricain qui à mon avis doit se tenir à Bangui» a réitéré le président du Parti National pour une Centrafrique nouvelle (PNCN), M Cyriaque Gonda, coordonnateur de l’alliance des forces démocratiques pour la transition (afdt).Pour lui, la solution de sortie de crise proposée par la communauté internationale sans y associer les centrafricains n’a pas été une «solution durable». Une autre réunion de ce type est prévue la semaine prochaine.
Un forum pour rien ?
Indéniablement, si d'ici le 21 juillet, rien ne bouge, les leaders politiques ne feront pas le déplacement et la portée du forum s'en verra donc atteinte. Cette grande réunion se verra réduite à la photo d’une poignée de main entre anti-balaka et Seleka, dont il est prévu qu'ils signent à Brazzaville un cessez-le-feu. Mais à la présidence, on se dit néanmoins confiant quant à l'issue de ce mouvement d'humeur.