La fermeture de la morgue de l’hôpital de l’Amitié situé dans le 4ème arrondissement de la ville de Bangui, a des répercussions négatives sur la population et sur les autres centres hospitaliers. D'après le constat fait ce matin par le RJDH, dans les autres centres hospitaliers, les morgues sont pleines, les parents se plaignent de cette situation.
Un corps en état de décomposition se trouve toujours à la morgue de l'hôpital de l'Amitié depuis la fermeture de cette morgue. Des odeurs nauséabondes se dégagent de ce corps et de l’endroit sinistre. Les morgues de l'hôpital Communautaire et celle de l'hôpital général sont remplies des cadavres.
S'agissant du corps en état de décomposition à l'hôpital de l'Amitié, un agent de santé a fait savoir que « ce corps a été déposé il y’a environ un mois et deux semaines. Personne n’est venue le récupérer ».
Germain Piamalé, directeur général de l’hôpital de l’Amitié, qui a déploré le dépôt de ce corps en décomposition a déclaré que la morgue a été fermée. « La décision est entrée en vigueur le 1er février 2015. Personne ne pourrait déposer un corps ici, parce que la recrudescence de délestage dans le secteur rend les activités difficiles », a-t-il soutenu.
Il a par ailleurs reconnu les conséquences de la fermeture de morgue de l'hôpital de l'Amitié sur les autres centres. « La morgue de l’hôpital de l’Amitié a une capacité de plus de 300 corps. Celles de l’hôpital Communautaire et de l’hôpital général, ne reçoivent que 40 corps chacun. De nos jours, ces centres hospitaliers sont submergés », a-t-il déploré.
Les corps entassés dans des morgues
Selon Maurice-Salvador, surveillant de l’hôpital général, « les corps viennent des quartiers, des centres de santé urbain et de l’hôpital de l’Amitié. Il n’y a pas assez de places pour les déposer. Un casier qui devait contenir un seul corps, en contient cinq aujourd’hui. Ce n’est pas normal, mais ce sont des cas de force majeur », a-t-il expliqué.
« Les agents déployés au service des morgues sont plus exposés. Nous sommes exposés à des contaminations liées aux corps que nous manipulons quotidiennement. Le risque d’être atteint de la pneumonie est certes », a-t-il souligné.
Un constat similaire à l'hôpital Communautaire. Le lieutenant Yao Yves-Anicet, surveillant général de cette structure à quant à lui relevé que les parents ont le devoir de lever les corps dans un délai raisonnable, pour éviter tout cas d’encombrement.
L'entassement des corps dans un casier est un danger pour les parents qui viennent lever ces cadavres. Germain Piamalé a par ailleurs regretté cette situation dramatique qui perdure et qui serait devenue un danger public, parce qu’il y’a des personnes qui sont mortes des maladies contagieuses. « Les parents des malades sont exposés à la contamination des maladies dont leurs parents sont victimes. Un corps dangereux doit être déposé à la morgue et de la morgue au cimetière, pour éviter des éventuelles contaminations », a-t-il dit.
Des parents interrogés au niveau de la morgue se sont réservés de tout commentaire. Aujourd’hui certains parents n’arrivent pas à trouver de la place à la morgue. « Nous avons dépensé de l'argent pour le soin de mon père. Voilà qu'il est décédé, il nous faut réunir à nouveau de l'argent pour son enterrement. Mais le morguer vient de nous dire qu'il n y a pas de place pour garder son corps », a répondu Jean Ndokouma, rencontré devant la morgue.
Le corps soignant des différents services hospitaliers disent craindre des contaminations qui pourraient survenir si l’électricité ne soit pas régularisée à l’hôpital de l’Amitié. « Je crains que partant de cette situation, nous qui travaillons dans les hôpitaux soyons atteints des maladies » a confié un agent de santé qui a requis l’anonymat.
La morgue de l’hôpital de l’Amitié est la plus grande de la République Centrafricaine. Elle a été fermée depuis le 1er février 2015 suite au délestage à répétition./
Auguste Bati-Kalamet.