Les personnes déplacées du site de M’Poko réclament de l’assistance humanitaire. Elles se disent abandonnées par les structures humanitaires en place, qui ne leur viennent plus en aide. Version recadrée par la coordonnatrice adjointe des secours d’urgence, Kyung-wha Kang, qui précise que la protection et l’assistance des déplacés incombent en premier chef au gouvernement.
C’est dans une ambiance d’échanges houleux entre un staff des déplacés exaspérés et se sentant abandonner dans une situation pour laquelle ils n’ont rien contribué et la caste des humanitaires, qui tenaient coute-que-coute à écouter les doléances, les besoins afin d’y répondre mais aussi de montrer le degré de leur responsabilité.
Quatre à cinq délégués des personnes déplacées du site de M’Poko se sont exprimés sur invitation de leurs hôtes, Union Européenne-Nations-Unies.
Mme Farafei Marina Mariette qui a parlé au nom des femmes de la zone 4, a orienté son intervention sur les besoins des femmes et des enfants. « Sur le site de M’Poko, les femmes et les enfants sont nombreux. Ils sont abandonnés à eux-mêmes. Les enfants ne peuvent pas aller à l’école à cause de la fermeture de l’École Koudoukou dans le 5ème arrondissement et les femmes sont dépourvues de tout. Mais si vous voulez vous occuper de nous merci, si vous ne voulez pas, merci toujours », a indiqué la présidente, dans une voix émouvante.
Quant à M. Kathi Héritier Bertrand, Secrétaire Général du Comité des personnes du 3ème âge du site, il ne fait aucun doute que les Nations-Unies ne veulent pas leur porter assistance malgré les dures conditions de vie qu’ils traversent : « Les gens ne veulent pas nous assister parce que selon eux nous abritons des anti-balaka avec nous. Et même s’ils sont avec nous c’est aussi les fils du pays. Cela ne devait pas poser de problèmes. Nous sommes abandonnés».
Un autre déplacé qui a parlé a évoqué les difficultés rencontrées dans l’alimentation, la santé, l’éducation. Selon lui, ils sont dans l’abandon.
En réponse, Kyung-wha Kang a expliqué que la protection des personnes déplacées et leur assistance sont du ressort du gouvernement. Selon la coordonnatrice adjointe des secours d’urgence « Il faut que vous sachiez que la première responsabilité de votre protection demeure avec votre gouvernement. Mais comme votre gouvernement n’a pas la capacité de vous protéger, les humanitaires et d’autres acteurs sont là pour justement combler le déficit ».
Elle a confié aux délégués des déplacés qu’ « on me dit qu’apparemment le gouvernement a demandé que la distribution de nourriture soit arrêtée parce que cela a entrainé d’autres déplacés qui venaient ici à cause de cela ».
Un autre déplacé qui a demandé la parole presqu’à la fin de l’entretien a souhaité que les humanitaires et le gouvernement leur indiquent la place qui doit être la leur. «Le gouvernement vient dire que c’est vous qui ne nous assistez plus. Aujourd’hui, vous renvoyez la balle dans le camp du gouvernement. Où est notre place dans tout cela? », s’est-il interrogé.
La République Centrafricaine accueille depuis le 10 février 2015 la visite de la coordonnatrice adjointe des secours d’urgence, Kyung-wha Kang, du rapporteur spécial sur les droits de l’homme des personnes déplacées, Dr. Chaloka Beyani et du directeur des opérations humanitaires de la commission européenne, Jean-Louis de Brouwer. Ces réactions sont recueillies lors de la visite qu’ils ont menée ce matin sur le site des déplacés de M’Poko.
Naim-Kaélin Zamane