Déclaration
En ce début d’année 2015, par la présente, je voudrai, certes, vous présenter, au Peuple Centrafricain, en général, et à vous, mes Frères Paysans Centrafricains, en particulier, mes voeux de bonne et heureuse année, mais vous entretenir de la situation de notre beau et cher pays, la Centrafrique.
Une version de l’Histoire, nous rappelle que nos ancêtres se réfugièrent en terres Centrafricaines pour échapper aux razzias esclavagistes et pressions diverses, orientales, arabo-musulmanes et occidentales. Depuis la nuit des temps, cette région était donc considérée comme un Havre de paix. Un lieu d’abondance protégée par une luxuriante et diverse flore et faune, faisant office de glacis sécuritaire.
Ce paradisiaque refuge les mettait à l’abri des razzias et leur permettait de résister, au mieux, aux percées esclavagistes menées non seulement par les Orientaux mais aussi par les Occidentaux.
Ainsi nos Ancêtres, Vaillants Paysans, stoppèrent au 19è les avancées esclavagistes arabo-musulmanes dans les confins de l’Ouest, du Centre et du Sud/Est de la République centrafricaine.
A la fin du 19è siècle, la France prit le relais en pénétrant nos terres dans le but de s’en accaparer, d’exploiter nos richesses et nos Vaillants Ancêtres Paysans. C’est ainsi que les femmes Mandja, courageuses, clairvoyantes et avant-gardistes, initièrent en 1903 le premier grand mouvement de résistance contre l’oppresseur et contre la déportation de leurs hommes pour le portage.
De même, les années suivantes, d’autres groupes prirent la relève, à l’instar de la révolte des Banda Yanguéré, en 1905, des populations du Sud-Ouest, en 1907, celles des populations de Mobaye et des Bandas Vidri, en 1909, le grand soulèvement dans la Ouaka initié par le Paysan résistant KOUZOULITOU… Conduisant l’administrateur colonial Français Toqué a souligné que « ce pays était en état d’ébullition permanente, en terme de résistance » jusqu’à l’avènement des indépendances, afin de préserver la dignité de notre Peuple, mais aussi, et surtout, de préserver ce bonheur que nous offrait ces terres toutes aussi riches et généreuses que ce cadre paradisiaque.
Depuis lors, la force d’occupation coloniale française, s’est évertuée à piller nos ressources, à humilier et abuser de nos mères et, à exploiter notre Peuple, qui depuis vit dans une misère qui n’a pas de nom.
Tout au long de l’occupation française, le Peuple uni de Centrafrique résista, avec pour événement majeur de l’Histoire de la Résistance Africaine, la guerre du Kongo-Wara, qui amena les Paysans Gbaya de Bouar à unir tous leurs frères Africains sur une très grande étendue du territoire et au-delà de nos frontières actuelles pour mener à bien une action coordonnée de Résistance et de Libération du Peuple, des jougs du colonialisme. Ce qui consacra son caractère panafricain.
Vous l’avez compris, cette guerre du Kongo-Wara inspira d’autres luttes sur le continent. Elle galvanisa les combattants panafricains, comme W E Du Bois, Marcus Garvey, en Jamaïque et aux USA, Simon Kimbagu, en RDC, Matsoua au Congo, Walter Sissulu, en Afrique du Sud, Ho- Chi-Minh, au Vietnam, Nkuamé Nkrumah, Boganda et tant d’autres de leurs frères.
Jusqu’à l’avènement des indépendances, les Paysans de Centrafrique résistèrent, malgré une répression inhumaine menée par les forces d’occupation, semant la mort et la désolation sur toute l’étendue du territoire, décimant plus de 60% de la population en 20ans, avec pour accablant témoignage l’ouvrage de René Marrant, Batoula, en 1926, qui eu le Prix Goncourt.
Inspiré par Karinou, Barthélémy Boganda continua de mener cette lutte de libération de manière pacifique, mais ce dernier fut malheureusement assassiné, juste avant les indépendances, pour les valeurs humanistes et pan-africanistes, qu’il défendait.
Barthélémy Boganda ne pouvait concevoir que le colon puisse poursuivre impunément ses bases ? à l’approche des indépendances, continuer à exploiter le peuple et ses richesses à son détriment. Les Paysans de Centrafrique, qui avait tant souffert, avait plus que jamais droit au respect et au bonheur, d’où le cri et principe de « ZO-KWE-ZO » ; tout homme est un homme, il a les mêmes droits et devoirs que son frère homme quelque que soit sa couleur, son statut social, son sexe.
Hélas, vous conviendrez avec moi que, depuis lors, les conditions matérielles d’existence de notre Peuple et de nos braves Paysans ne cessent de se détériorer, qu’ils ne peuvent aujourd’hui vaquer, en toute sécurité, à leurs activités champêtres. Avec comme corollaire le non accès pour nos enfants à l’eau potable, aux soins de santé primaire, à l’éducation, reclus dans la forêt pour échapper aux néo-esclavagistes et djihadistes de la Séléka, sans oublier les criminels de la LRA et tous les autres bandits de grands chemins, qui s’évertuent à détruire, piller, violer, incendier nos villages, nos femmes et nos maisons et greniers. Humiliant et massacrant ce grand Peuple, avec la complicité de certains de ses fils, acteurs politiques et militaires, avec le soutien de la force d’occupation française, qui s’évertue à diviser pour mieux régner et exploiter nos ressources, attisant les haines et distribuant des armes aux deux camps adverses .
Le drame est que certains de nos frères jouent le jeu de la division, de la partition rien que pour défendre des intérêts tout aussi occultes, qu’égoïstes.
Le projet de partition prend pied comme par hasard, dans les régions à fort potentiel pétrolier, uranifère, diamantaire et aurifère, qui devrait par la suite profiter à la France et au Soudan, qui compte ainsi combler le déficit créé par le fait qu’ils ne seront plus en mesure de transporter le pétrole du Sud-Soudan dans un an et demi, eu égard au fait que le Sud-Soudan exportera son pétrole via son oléoduc en construction vers le Kenya.
Aussi la France socialiste de François Hollande maintient le chaos, avec le soutien du Tchad et du Soudan, dans le but bien compris de s’accaparer exclusivement de nos richesses, plus particulièrement les produits et matières stratégiques, à savoir pétrole et uranium, tentant de dissuader par là-même d’autres acteurs de s’intéresser à leurs exploitations, au profit de nos populations et des Paysans, en particulier.
Ce qui amena les Paysans de Centrafrique, organisés au sein de l’Association des Paysans Centrafricains (APC), créée en 2010 par des paysans, associés à des intellectuels et patriotes activistes, de s’engager politiquement dans la lutte pour la dignité du Peuple et des Paysans Centrafricains, sous la bannière du mouvement KITE, qui signifie le défi en Sango.
Point n’est besoin de préciser que tant que les conditions objectives de la dignité et du bonheur du Peuple et des Paysans Centrafricains ne seraient pas réunies nos défis demeurent.
Comme vous le savez déjà, notre lutte à pour objectif de relever:
Le défi du changement radical de nos conditions de vie en préservant Notre Dignité, Unité et Liberté, facteurs de création du bonheur.
Le défi de réhabiliter rapidement nos forces armées centrafricaines (FACA) ; bâtir à terme une armée de 60 000 hommes, dotée d’une capacité offensive et défensive, nous permettant de faire face à tous types menaces, intérieures ou extérieures, afin de protéger notre Pays, ses populations et nos institutions.
Le défi de rétablir la paix, l’ordre, la sécurité, la justice et la démocratie au profit de tous.
Le défi de réconcilier les Centrafricains avec eux mêmes, ethnies, régions et confessions religieuses confondues ( animistes, kimbaguistes chrétiens et musulmans).
Le défi d’éradiquer ensemble (animistes, chrétiens musulmans, Kimbaguistes…..) ces fléaux qui gangrène l’Afrique, à savoir le djihadisme et le terrorisme.
Le défi de neutraliser la nébuleuse djihadiste et terroriste locale à savoir la Séléka, qui abrite des réseaux dormant de BOKO HARAM à Bangui, au Km5, à Kaga-Bandoro, à Bria, à N’Délé, à Birao… tout en blanchissant, à travers le trafic de diamant, l’argent des rançons du terrorisme djihadiste international.
Le défi de liquider la LRA, les partitionistes et autres bandits de grands chemins qui troublent la quiétude de nos braves soeurs et frères paysans.
Le défi d’offrir une éducation gratuite de qualité à tous.
Le défi d’offrir gratuitement de l’eau potable à tous.
Le défi d’offrir un système de santé gratuit accessible à tous.
Le défi d’offrir de l’énergie 100% renouvelable gratuite à tous.
Le défi de protéger notre environnement, au profit du bonheur de l’humanité, en stoppant l’exploitation du bois et en proscrivant l’exploitation de notre uranium.
Le défi d’offrir une vie décente à tous.
Le défi d’offrir des logements décents à tous.
Le défi de développer des infrastructures, à savoir des routes bitumés, le chemin de fer, qui nous permettra d’honorer notre volonté de puissance.
Le défi de reconstruire des villes, modernes, propres respectueuses de l’environnement, où il y fera bon vivre.
Le défi d’offrir des crédits bancaires à tous.
Le défi de défendre notre souveraineté monétaire et financière.
Le défi de faciliter l’accès à l’emploi à tous.
Le défi de faire de notre pays le grenier de l’Afrique, afin de nourrir et d’habiller l’Afrique.
Le défi de permettre aux femmes de jouer un rôle central dans la gestion de notre pays .
Le défi de revoir nos relations avec la France, le Tchad, le Soudan et d’autres pays et partenaires.
Le défi de revoir nos accords avec la France et mettre un terme au néocolonialisme français, afin qu’elle comprenne que le monde a changé, que nous ne sommes pas sa propriété, mais que nous sommes un peuple souverain, libre et digne de faire face à notre destinée, que nous avons droit au bonheur, que nous avons le droit d’être heureux en Afrique.
Le défi de devenir une puissance régionale et continentale à terme.
Le défi bâtir une Centrafrique puissante et prospère au sein d’une Afrique tout aussi puissante et prospère, où tous nos frères et les amis de l’Afrique pourront en toute liberté et égalité participer à son édification.
Le défi d’édifier une grande nation, un état de droit, fondée sur des valeurs démocratiques, humanistes de respect, de solidarité, de tolérance, d’unité, de liberté, de respect de la vie et de la dignité humaine.
Le défi de garantir le bonheur à tous.
Le défi de mener à bien cette révolution du bonheur des peuples et de nos frères paysans, à laquelle nous aspirons tous, pour laquelle nous avons consenti à faire tant de sacrifices à verser tant de sang: la « Révolution Ti BOMENGO »ou « la révolution du bonheur du peuple ».
En conséquence par cette solennelle déclaration, j’annonce le lancement de la « Révolution Ti BOMENGO », qui n’est autre qu’une « révolution du bonheur ».
Cette révolution a pris naissance ici, en Centrafrique, dans le coeurs et l’esprits des Paysans de Centrafrique, laquelle fera le Coeur de l’Afrique.
Chers Soeurs et Frères Paysans de Centrafrique,
Vous m’avez confié la lourde et noble mission, au Congrès des Paysans de Centrafrique le 07 Septembre 2014 à Bayanga, de mener à bien la lutte de libération des Paysans et du Peuple Centrafricains,
En cette année 2015, je puis vous assurer que nous libérerons notre pays du joug des oppresseurs, pour fonder une grande nation au sein d’un état puissant et prospère, en mesure de préserver l’Unité de notre peuple et de l’Afrique, la Paix et la Sécurité de tous mais aussi la démocratie, au profit du bonheur de notre Peuple.
Que Dieu et nos ancêtres nous aident à rétablir la sécurité, la paix, la démocratie et le bonheur, en Centrafrique.
Que Dieu bénisse notre Pays et notre Peuple.
Que Dieu bénisse la « Révolution Ti Bomengo ».
Que Dieu bénisse l’Afrique.
Ensemble nous vaincrons !
Le Paysan BIDA KOYAGBELE, Secrétaire général du mouvement KITE