Avec certitude, et donc sauf décision contraire ou circonstance exceptionnelle, se tiendra ce mardi 17 février 2014, une réunion extraordinaire du conseil d’administration de l’Agence de Régularisation des Télécommunications en Centrafrique (ART), exclusivement consacrée au choix du nouveau Directeur général dudit office public, malheureusement très connu pour ses multiples scandales et magouilles que pour la qualité de ses services. A titre de rappel l’on se souviendra entre autres :
de l’affaire du siège inachevé de l’ART dont le marché a été attribué par François Bozizé à Edouard Ngaissona ;
de l’affaire Ministère public et ART contre Ndogbolo Kokezo et autres
des rapports de l’Inspection Générale d’Etat déposés sur le bureau de Samba-Panza et concernant des détournements divers et notamment des centaines de millions de FCFA engloutis dans le paiement des factures de téléphones de particuliers etc…
Aussi, par décret en date du 2 décembre 2014, la Présidente de la transition, procédait au limogeage pour mauvaise gestion, de Moustapha Saboun nommé Directeur général de l’ART par décret du 27 juin 2013. Aussitôt, par un jeu de « chaise musicale », décidé en date du 9 décembre 2014 par Michel Koyt l’actuel Président du conseil d’administration de l’ART, la direction générale intérimaire fut confiée à Elvis Bomayako jusqu’ici Directeur administratif et financier (DAF) de l’institution, qui a quant à lui, cédé sa place à Bruno Ngombé qui assurait les fonctions de Responsable des ressources humaines.
Michel Koyt, faut-il le préciser, est avant tout professeur linguiste de son état. Avant de redevenir PCA de l’ART il y ‘a à peine trois mois, il eut à occuper auparavant le même poste duquel il fut éjecté, pour son avidité et sa gestion très peu orthodoxe. L’homme traîne on le sait, une réputation très sulfureuse et son nom a été cité à maintes reprises dans des scandales de détournements de fonds : l’ affaire de prêts indiens à la RCA et celle de plusieurs millions de FCFA disparus des caisses de la Sonatu où il fut impliqué, demeurent à ce jour encore non élucidées et même pendantes devant le tribunal. Par ailleurs, il se murmure qu’à l’arrivée au pouvoir de Samba-Panza dont il est le « frère aîné », Michel Koyt « s’installa » carrément au domicile de celle-ci pour attendre sa nomination. Mais entretemps, il se serait autorisé de faire le tour des libanais et autres hommes d’affaire, pour les inviter à le « saluer », euphémisme purement centrafricain qui veut bien dire ce qu’il veut dire. Ce comportement, ajouté à son passé déjà assez lourd, provoqua la colère de sa « sœur cadette » qui, depuis qu’elle fut élue, ne lui confia aucune fonction officielle. Mais comme cela se passe semble- t-il souvent dans l’entourage de ceux qui sont au pouvoir, la famille intervint tant et si bien avec force pression auprès de Samba-Panza qui, pour gagner en quiétude, céda à la demande de Michel Koyt de repartir comme PCA à l’ART. Pourquoi ce choix ? De notoriété publique, l’ART est et demeure à ce jour, l’une des « vaches à lait », pour ne pas dire l’une des « vaches à traire » vers l’enclos duquel des regards sont tournés et à la porte duquel se bousculent ceux qui ont des raisons de croire à leur chance d’arriver à la mangeoire publique. Pour preuve, n’est-ce pas qu’à peine revenu, l’ancien-nouveau PCA aurait déjà bénéficié d’un renouvellement complet et à « sa mesure », de tout le mobilier de son salon ? Et ce n’est là qu’une simple entrée en matière. Attendons d’ici à quelques mois et nous verrons ce que nous allons voir.
Quant à l’actuel Directeur Général ad interim, Elvis Bomayako, il y’a juste quelques jours, il était encore sous le coup d’une procédure judiciaire dans l’affaire Ministère public et ART contre Ndogbolo Kokezo et autres, citée ci-haut. De même que son PCA, ceux qui connaissent un tant soi peu l’ancien DAF de Telecel qu’il fut, l’ancien Président démissionnaire de la Fédération centrafricaine de Basket-ball et aujourd’hui Directeur général a.i de l’ART, l’homme parait-il, doit toujours beaucoup d’explications, qu’il ne donnera peut-être jamais, sur un certain nombre de dossiers financiers et des intrigues diverses dont celle qui valu à un certain Saï de passer les plus mauvais jours de sa vie. Parce qu’il ambitionnait déjà d’être nommé DG de l’ART.
Ici commence alors, le nouveau feuilleton en cours dans lequel le PCA et le DG a.i de l’ART sont pleinement engagés.
En effet, suite au limogeage de l’ancien DG de l’ART ci-dessus rappelé, le PCA Michel Koyt, a lancé le 26 janvier 2015, un appel à candidature pour le poste devenu vacant. Toutefois, et à première vue, si la procédure de sélection et de recrutement adoptée paraît régulière en la forme, il n’en demeure pas moins qu’au fond, le jeu semble piper de telle sorte que le scénario prévu, ne servirait en réalité, qu’à faire valoir une seule candidature interne, celle de l’actuel DG intérimaire, Elvis Bomayako, soutenue par le PCA en personne.
Tout d’abord au passage, notons avec stupéfaction, que pour un poste de ce niveau, l’un des principaux critères de sélection retenus est en fait un critère d’exclusion : « Avoir exercé une activité professionnelle en RCA, au cours des 10 dernières années ». Autrement dit, à un moment où beaucoup d’états africains mettent en place des mesures visant à encourager le retour dans leur pays d’origine de la plupart des cadres nationaux bien formés et exerçant diverses fonctions de responsabilité à l’étranger, la RCA, qui plus est, ne saurait se vanter du nombre de ses « cerveaux », s’emploie curieusement pour sa part, à favoriser et à entretenir l’exil de ses « enfants » méritants sur qui elle aurait dû compter. Dès lors, on comprend aisément, le sens du combat et l’engouement de certains immigrés centrafricains, qui voient dans les nominations politiques ou les postes électifs, la seule voie de salut pouvant leur permettre d’éviter le chômage s’ils veulent se réintégrer chez eux.
Pour le reste poursuivons l’analyse des faits.
Le 9 février 2015, Maître Roger Gollondo, Avocat-défenseur des intérêts de l’ART, faisait parvenir à la Direction générale dudit office public, la surprenante correspondance ci-jointe et de laquelle nous tirons intégralement, mot à mot tel qu’écrit, les lignes reproduites ici:
« Je viens d’apprendre avec stupéfaction que dans la procédure suivie contre Ndogbolo Kokezo Michel, Bakounda Crépin, Yazimango Kaïmba Trésor Dieudonné, Kongo Botalo Jules, Grengbo Florent, Bere Eric, Bomayako Elvis, Saï Valeri, Renekouzou Gaétan, une ordonnance de non lieu a été rendue par le Doyen des juges d’instruction, notifiée à l’ART ainsi qu’aux autres parties (Ministère public et les inculpés).
Aussi, je m’étonne de la dite ordonnance pour laquelle un certificat de non appel a été délivré par le greffer d’instruction n’est pas été signifiée au Conseil que je suis.
Par la présente, je vous saurais gré de bien vouloir me communiquer copie de la signification fait à l’ART afin de me permettre d’en aviser, d’autant que j’entends défendre ce dossier jusqu’au bout.
Dans l’hypothèse où l’ART serais d’accord avec la décision rendue, je vous prie de noter que la non contestation signifie la fin de la procédure engagée en la cause et cela ouvre droit aux inculpés ayant bénéficiés du non lieu de se retourner contre elle en dénonciation calomnieuse aux conséquences financières importantes… »
A noter surtout, qu’à la fin de sa courte lettre, Maître Roger Gollondo n’a pas du tout oublié de mentionner ce qu’il appelle une note d’honoraires, mais qui cependant, ressemble plutôt à une espèce de « réparation » ou « d’amende » au taux fort. Ce 9 février 2014 en effet, en même temps que sa correspondance, l’avocat qui sait au fond qu’il venait de prendre la Direction générale par interim de l’ART en flagrant délit de magouille et que de ce fait, celle-ci n’oserait rechigner à payer immédiatement n’importe quel montant pour être en paix, conclut en ces termes: « Pour terminer, je vous prie de trouver ci-joint ma note d’honoraires… ». Mais honoraires de quoi?
Montant : 21 000 000 FCFA ( vingt un million ). Et si l’on demandait à Maître Gollondo un début de justification du taux anormalement élevé de ces honoraires? N’y a -t-il point contradiction entre dire « j’entends défendre ce dossier jusqu’au bout » et réclamer le paiement immédiat de la totalité de ses honoraires pour cette même affaire qu’on n’a pas fini ou qu’on ne pourra plus plaider « jusqu’au bout » pour non lieu ? Qu’importe malgré tout, dès lors que l’ART en position de faiblesse du fait de sa propre turpitude, ne semble pas s’engager à contester ce montant. En plus, que peuvent un PCA et un DG a.i, tous les deux « mouillés », contre un avocat qui tire sa célébrité et même son talent, de sa seule appartenance à la grande famille présidentielle? Bref.
Eu égard à ce qui précède, quelques questions s’imposent qui demandent réponses avant le Conseil d’administration du 17 février 2015 :
que s’est-il entretemps passé qui justifie et explique l’ordonnance de non lieu en question ?
dans quelles conditions et à quel prix, au sens propre et au sens figuré, ce non lieu a-t-il été obtenu ?
Pourquoi ce non lieu arrive-t-il si opportunément, juste au moment où Bomayako Elvis assure un interim et surtout à la veille de la désignation d’un nouveau Directeur général de l’ART ?
Pour quelles raisons et comment, le conseil de l’ART , défenseur des intérêts de l’office public, a-t-il été tenu à l’écart de la procédure ayant abouti au non lieu ?
Michel Koyt, PCA de l’ART a-t-il oui ou non été impliqué ou informé des démarches visant à obtenir ce non lieu ?
La Présidence du Conseil d’Administration et la Direction générale de l’ART, ont-elles bien conscience et pris la mesure de cet avertissement de Maître Roger Gollondo ? « Dans l’hypothèse où l’ART serais d’accord avec la décision rendue, je vous prie de noter que la non contestation signifie la fin de la procédure engagée en la cause et cela ouvre droit aux inculpés ayant bénéficié du non lieu de se retourner contre elle en dénonciation calomnieuse aux conséquences financières importantes… »
A y réfléchir cependant, le scénario mis en place ici pour obtenir l’ordonnance de non lieu en question, se comprend aisément. En effet, pour être candidat au poste de Directeur Général de l’ART, l’actuel Directeur général ad interim, devait entre autres conditions exigées, montrer « pattes blanches » en produisant un casier judiciaire vierge. Or apparemment, l’obtention de ce « sésame » de circonstance semblait être hypothéquée par la procédure encore en cours et dans laquelle est impliqué Elvis Bomayako. Ainsi, a-t-il choisi de « ramollir » le PCA qu’il sait très « fragile » en renouvelant tout de suite les meubles de son salon. Quant au Doyen des juges d’instruction qui a pris la décision de non lieu, a-t-il simplement observé son serment de magistrat, ou a-t-il laissé sa conscience être « proprement secouée et orientée » ?
Le dénouement de cette affaire nous le saurons, en sachant déjà que tout est mis en oeuvre pour amener le conseil d’administration acquis à sa cause , à porter Elvis Bomayako, à la Direction générale de l’ART, lors de sa séance de ce 17 février 2015. Si elle a lieu.
Samba-Panza laissera-t-elle faire une fois de plus ?
Narcisse F. GBAKPOMA