Textes : (Jo.2, 12-18 ; Ps. 50 (51) ; 2Co. 5, 20-6, 2 ; Mt. 6, 1-6. 16-18)
« Revenez à moi… »
Dieu aime son peuple. Il le conduit par sa main toute puissante. Il l’a fait sortir de l’esclavage. Il l’a ramené sur la terre, jadis, donnée à Abraham, son père. Le peuple est désormais libre ; libre de ses mouvements, mais aussi libre de sa conduite. Cependant, il se pose la question de la gestion de la liberté. Au nom de la liberté, Israël est allé jusqu’à enfreindre les clauses de l’Alliance conclue entre Dieu et Abraham : « Tu es mon peuple, je suis le Seigneur, ton Dieu. Tu n’adorera pas un autre Dieu que moi ». Le peuple s’est éloigné de Dieu. Il s’est mis à servir d’autres dieux, qu’il croit susceptibles de lui procurer le bonheur, l’honneur et la gloire. Cela se traduirait aujourd’hui par la conquête du pouvoir, l’enrichissement par tous les moyens : le mensonge voire l’élimination physique.
Le peuple a le cœur rempli d’orgueil : « Nous sommes les fils d’Abraham ». Il ne cherche pas à plaire à Dieu comme Abraham l’a fait. Contrairement à son père Abraham, le peuple ne mérite plus la confiance de Dieu. Mais Dieu, dans sa miséricorde, suscite le prophète Joël qui révèle au peuple ce que lui, Dieu attend de lui pour renouveler avec lui l’Alliance conclue avec Abraham : « Revenez à moi de tout votre cœur ». L’appartenance à la race d’Abraham n’est pas un gage pour le salut du peuple. Dieu veut une démarche individuelle et personnelle qui engage chacun dans une dynamique de relation avec lui.
« Déchirez vos cœurs et non pas vos vêtements »
Le vêtement protège le corps et cache ce qu’on ne veut pas que les autres voient : une cicatrice à la jambe, une malformation au bras, une vilaine tache sur le corps. Pour des sorties en des occasions de fête par exemple, on s’habille, on porte ses vêtements les plus beaux. On adapte les couleurs aux circonstances du moment. Or, ce ne sont pas les apparences que Dieu veut. Il veut un changement profond et vrai. Il veut un cœur nouveau et sincère qui ne cache pas de mensonge.
Ainsi, pour le cas de notre pays qui aspire au retour de la paix, le peuple, comme Dieu, ne veut pas de « Retournement de veste » qui ne change rien en celui qui la porte. Le paraître ne procure pas le salut. Le temps des grands discours remplis de mensonges est révolu. Le peuple attend entendre les cœurs parler avec des mots du cœur de toutes les émotions des cœurs déchirés en ces années événements douloureux.
C’est un exercice difficile et amer pour celui qui s’engage. Mais, il reste le chemin inévitable pour « devenir juste de la justice même de Dieu », la justice du peuple, comme nous dit Saint Paul dans la deuxième lecture. Les cœurs seront apaisés, les larmes séchées et les deuils comme dépassement des émotions seront faits. Alors, le peuple reviendra de sa grande colère pour faire un don consensuel de son entière confiance à ceux de ses fils qui lui garantirons la paix, la sécurité, le vivre ensemble et le bien-être social et économique.
En ce début de ce carême, Jésus nous invite à renoncer à toute forme d’hypocrisie pour vivre de la justice même de Dieu, cette justice qui nous rend libre et respecte chaque être humain.
A vous tous, une bonne entrée en carême.
Pascal TONGAMBA