La Coordination Générale des Centrafricains de France avait proposé au mois de décembre 2013 à la communauté internationale, la nécessité d’organiser d’une manière urgente une Table Ronde des forces vives de la nation en vue de rechercher une solution appropriée à la crise profonde qui était entrain de briser les fondements de la nation centrafricaine.
Les Chefs d’États de la CEEAC réunis au dernier sommet de MALABO, ont finalement opté pour cette solution, proposée pourtant depuis plus de huit mois ce qui aurait pu faire éviter à temps l’enlisement de la crise actuelle.
Tout en se réjouissant de l’adhésion de la communauté internationale à cette formule politique incontournable, la Coordination Générale des Centrafricains de France condamne très fermement l’attitude méprisante, condescendante de celle-ci consistant à écarter les Centrafricains de la recherche des solutions et décisions concernant la crise que connaît leur pays, prétextant en cela l’absence de leadership politique.
Elle condamne avec la même vigueur ce même esprit méprisant pour la population centrafricaine à travers le traitement fait à la Présidente de Transition au sommet de MALABO, obligée de patienter seule, de longues heures dans un couloir.
Est-il utile de rappeler que la République Centrafricaine est constituée des hommes, des femmes des enfants, bref une communauté humaine comme il en existe partout ailleurs qui ont besoin d’être respectés et secourus en cas de nécessité comme présentement et que leurs représentants doivent bénéficier des mêmes égards que leurs homologues?
La République Centrafricaine connaît certes une crise de grande ampleur mais ne demeure pas moins un État membre à part entière de la communauté internationale qui repose sur des principes fondamentaux d’égalité, de souveraineté. A ce titre elle est en droit non seulement de s’autodéterminer, de s’auto-administrer mais de bénéficier de la solidarité internationale (droit à la paix et à la sécurité, droit à la dignité, droit au développement etc.), conformément à l’incontournable Déclaration Universelle des Droits de l’Homme adoptée par les Nations Unies, comme ce fut le cas de plusieurs pays ayant connu des situations difficiles comme le Kosovo, le Liberia, la Sierra Leone, la Côte d’Ivoire, le Congo Démocratique et même la France à son temps
!
La Concertation des Chefs d’États et de Gouvernements de la CEEAC tenue le 27 juin 2014 en marge du 23è Sommet de l’Union Africaine à MALABO a par ailleurs décidé de l’organisation d’un Dialogue Politique centrafricain à BRAZZAVILLE, sans qu’aucun avis des acteurs politiques et de la société civile Centrafricains, y compris de la Présidente de Transition ait été sollicité.
Cette manière de faire confirme le sentiment de mépris total qu’affiche de tout temps la sous-région à l’égard de la République Centrafricaine.
Même si la convocation d’un Dialogue à BRAZZAVILLE vise à trouver des solutions à la crise centrafricaine, elle n’est pas sans rappeler le cas du Parlement de Transition transporté nuitamment à NDJAMENA au début de l’année pour y siéger sous contrainte.
Indépendamment du caractère inopportun de la délocalisation à BRAZZAVILLE d’un Forum inter-centrafricain censé rassembler toutes les forces vives de la nation (diaspora comprise), avec la médiation du Président Dénis SASSOU NGUESSO, cette décision présente plusieurs inconvénients :
1° La crise centrafricaine étant d’une gravité désespérante, les débats de quelque rencontre que ce soit doivent être suivis à la radio et à la télévision par l’ensemble de la population, du fait de leur aspect pédagogique et de leur éclairage sur les causes de la situation la plus dévastatrice de l’histoire de leur pays;
2° Les problèmes centrafricains ne doivent pas être débattus ailleurs qu’en Centrafrique;
3°Le nombre de délégués centrafricains devant représenter toutes les couches dans leur diversité, la durée du forum, ses coûts peuvent être de nature à lui donner le caractère d’une réunion à la hâte, et constituer pratiquement un huit clos du fait de l’absence du public, précisément la population qui a vécu la crise dans sa chair et son âme;
4° Le traitement superficiel de la profonde crise centrafricaine (qui n’est pas seulement sécuritaire) par un Dialogue à BRAZZAVILLE, dont la date est fixée à la hâte, avec certains participants dont les motivations sont totalement différentes des aspirations réelles de la nation, sont des facteurs de nature à stériliser les résultats de ces assises ;
5° Le Dialogue initialement proposé par la Coordination Générale des Centrafricains de France ne devrait pas se limiter seulement à un forum de cessez-le- feu, comme celui prévu à BRAZZAVILLE, mais pour permettre surtout de lancer les bases véritables de la réconciliation, de la cohésion nationale, de la reconstruction d’une paix durable et du pays à partir de tout ce que chaque Centrafricain a lui-même vécu dans sa chair et son âme, devant prendre conscience de sa propre responsabilité à l’égard de la nation, avec l’impérieuse nécessité de se ressaisir, de se remettre profondément et positivement en cause avec la perspective de refonder une société inclusive.
Par cette énième réquisition, la Communauté internationale et les Chefs d’États de la sous-région sous-tendent à prouver très clairement que la République Centrafricaine n’est plus un État, que le peuple centrafricain n’a plus droit de parole, et donc toujours contraint à avaler la soupe déjà préparée pour lui, même si celle-ci n’est pas à son goût !
En conséquence, tout en prenant position contre la tenue de cette Conférence Nationale inclusive à Brazzaville au lieu de BANGUI, la Coordination Générale des Centrafricains de France demande à tous les centrafricains notamment la classe politique, les communautés religieuses, la société civile, les leaders d’opinion, la jeunesse de s’y opposer fermement, car de nature à marginaliser la population centrafricaine principale victime innocente de la crise.
En attendant les propositions qu’elle compte faire dans le cadre d’une Conférence Nationale inclusive sur le sol centrafricain, la Coordination Générale des Centrafricains de France demande à toutes les forces vives de la nation d’y avoir pour exigence :« ETAT DE DROIT ET DEMOCRATIE » comme fil conducteur nécessaire à la refondation de la nation.
Elle demande par ailleurs que tous les débats d’un tel forum national se fassent non seulement dans les deux langues officielles (français et sango) mais soient entièrement retransmis en direct sur les ondes pour toute la population, appelée également à participer à la reconstruction, à la réconciliation, et à la refondation sociale de la République Centrafricaine.
POUR LE BUREAU EXECUTIF DE LA COORDINATION GENERALE DES CENTRAFRICAINS DE FRANCE (CGCF),
LE PRESIDENT,
EMMANUEL OLIVIER GABIRAULT