L’Accord de Cessez-le-feu et de cessation des hostilités de Nairobi du 22 janvier 2014, a, devant un mur de protestations, tiré sa révérence sur la pointe des pieds. Ses défenseurs, ayant constaté l’irréalisme de ses ambitions et la folie de ses conclusions, ont opté pour la retractation. Le pouvoir de Bangui, plus inquièt que l’inquiétude a fini par retrouver sa marche normale, celle de conduire le pays jusqu’aux élections législatives et présidentielle censées être le dernier acte à poser.
Or, comme le dit un proverbe populaire, « c’est dans la queue que se trouve le venin ». A vrai dire, l’Accord de Nairobi pour ne pas dire les signataires du texte de Nairobi n’est pas en lui-même et ne sont pas en eux-mêmes un problème pour la République Centrafricaine puisqu’ils ont répondu à une invitation, pour réfléchir et trouver des issues à la situation sociopolitique précaire de la RCA. Michel Djotodjia et François Bozizé vivaient certainement dans l’amertume et la nostalgie du pouvoir, arraché entre leurs mains par le fait de l’histoire et se disaient certainement que les choses devenaient plus compliquées pour leur avenir politique d’autant que des sanctions du Conseil de Sécurité des Nations-Unies, des États-Unis, des instances judiciaires centrafricaines planaient sur eux. A bien comprendre, ils attendaient un miracle pour revenir sur la scène.
Et comme un cheveu dans la sauce, l’invitation de la rencontre de Nairobi est arrivée, initiée par celui que l’opinion connait déjà, pour être détenteur de la médiation centrafricaine. Il est facile de ne pas comprendre que Djotodia et Bozizé puissent devenir de coq à l’âne des amis inséparables tant le premier voyait le second derrière tout le malheur et tous les ratés de son régime, qui n’en avait rien de normal car tiré de partout par les nombreux arrivistes de la coalition séléka, qui avaient confondu la RCA à une République Bananière.
Et donc loin de jouir d’une autonomie dans les pourparlers de Nairobi, les parties aux négociations ont servi de tremplin à une main invisible pour exprimer et faire vivre ses ambitions mêmes machiavéliques et suicidaires pour la Centrafrique.
Si dans cette affaire, le passé et le présent sont maitrisés et contenus par la communauté internationale et les autorités actuelles appuyées par la classe politique centrafricaine, le futur sera problématique au sens où le vide constitutionnel perceptible déjà à quelques mois de la fin de la transition, préfigure le retour en force des initiateurs de Nairobi avec tout leur plan.
Et c’est facile que ce plan réussisse puisque sur le terrain ne règnent que les brodequins guidés de loin, des agents défiant et manageant les forces de l’Onu, de la Sangaris et de l’Eufor-RCA, kidnappant des ministres et « pédophélisant » des mineurs, prenant des motos, dépouillant des civils et que sais-je? La jurisprudence Bria est difficile à répéter dans le contexte actuel du pays avec l’ex-séléka transformé en agneau et surtout la faction de Nourradine Adam (FPRC) qui demande ironiquement à tous ses combattants de libérer les édifices publics occupés et de contribuer à la restauration de l’autorité de l’État. Ne représentant plus un motif nécessitant compromettant même si dans les faits les exactions contre la population civile continueront, aucune action d’envergure n’est à mener vers eux au nom des fameuses mesures de confiance.
La seule façon de contourner cette situation c’est d’organiser les élections dans le délai prévu et de remettre le gouvernail du pays entre les mains des nouvelles autorités.
Naim-Kaélin ZAMANE