Déployées sur le théâtre des opérations pour rétablir la paix et instaurer la sécurité dans tout le pays, les Forces Françaises de « Sangaris » furent accueillies en grande pompe par la population centrafricaine. Sitôt arrivées, elles désarmèrent un nombre considérable des belligérants au regard du mandat reçu des Nations Unies. En un temps record, elles réussirent à baisser d’un cran le taux d’insécurité dans la capitale. Ce succès semblait irriter les forces africaines stationnées à Bangui depuis plusieurs décennies. A titre de rappel, les forces africaines étaient déployées en Centrafrique suite aux multiples mutineries qui avaient secouées le pays. A l’époque, elles opéraient respectivement sous la désignation de la Mission Internationale de Surveillance des Accords de Bangui (MISAB), puis MINURCA, FOMAC, FOMUC, MICOPAX, MISCA et de nos jours MINUSCA.
Durant des décennies de mission pour la paix dans le pays, les forces africaines ont assisté impuissamment aux séries de Coups d’états, des rebellions à répétition. Des événements fâcheux qu’elles n’ont jamais su déjouer. Maintes fois, elles furent traitées de touristes sexuels et de tous les noms d’oiseaux. L’impassibilité de ces forces africaines pendant les premières heures de la présidence de Djotodia ne laissa personne de marbre. C’est fort de ce constat que la venue des soldats français de Sangaris fut communément admise par la population comme une aubaine qui favoriserait l’instauration de la sécurité un peu partout. Presque tous les Centrafricains espéraient que les soldats français ramèneraient la paix dans le pays. D’où le bain de foule qui accompagna les premières minutes du désarmement des antagonistes de la crise par les Sangaris.
Reconnaissons-le, la réussite de cette opération était perçue par les Soldats africains comme un affront. D’emblée, certains officiers africains commencèrent à faire tout un plat sur le sous-équipement de leur force. D’autres se bouffaient le nez par rapport au dysfonctionnement qui existerait dans les différentes chaînes du commandement de l’état major des forces africaines. C’est ainsi que naquirent les querelles de chapelle de la Minusca et du « Sangaris ». Toutefois, il faut noter qu’aucune de ces deux forces ne voudrait perdre la face dans cette vallée d’appréhension. Si les soldats français réalisaient quelques succès lors des missions périlleuses sur le terrain, leurs pairs africains n’arrivaient guère à jumeler courage et efficacité. Quoique chaque état major alimente son arrière-boutique par des stratégies militaires adéquates, il conviendrait d’admettre que les forces africaines devront doubler d’efforts sur le terrain. Elles ne réussiront à naviguer dans les eaux internationales que si et seulement si elles parviennent à changer de bateau.
Derrière ces querelles de chapelle, il y’ a une approche analytique que l’on doit nécessairement faire:
Dans un premier temps, l’on ne doit pas perdre de vue que la diplomatie internationale avait entre temps fixé la date plage de la fin de la transition centrafricaine. Ce qui revient à dire que le retour à l’ordre constitutionnel passerait sans faute par les futures élections générales. Or, ce cas de figure risquerait bien fort de couper l’herbe sous les pieds des soldats africains qui ne font que bâtir leurs comptes en banque par grâce aux multiples crises centrafricaines. Déjà, l’on apprend que l’attaque musclée des forces françaises contre les Selekas, qui occupaient illégalement les édifices publics de Bria, était considéré par leurs homologues africains comme une action solitaire et éphémère. Sauf qu’en agissant ainsi, les Sangaris voulaient juste démontrer à quel point elles sont capable de réduire aussi longtemps que faire se peut les protagonistes de la crise au silence.
Dans un second temps, il semblerait que les officiers africains sont tombés dans l’affairisme et le clientélisme en Centrafrique. Pendant que certains hauts gradés auraient embrassés une nouvelle profession en devenant vendeur de diamants, or etc…D’autres se seraient spécialisés dans la passation des marchés. D’autres encore feraient partie des fournisseurs incontestés de la Minusca. Tout compte fait, il serait souhaitable que les Centrafricains mutualisent leurs énergies si jamais ils comptent contrecarrer ces charognards en col blanc, qui agitent la main de pacificateur dans un gant de vautour. Lorsque l’on a plus rien, les mots contre des maux suffisent énormément.
Rodrigue Joseph Prudence MAYTE