« Conscient d’avoir fait partie d’un groupe de personnes qui ont contribué à la souffrance du peuple centrafricain, j’ai l’obligation de favoriser le retour de la paix et de participer activement à la réconciliation nationale. Bien que mes prises de position contre les dérives de la coalition seleka au pouvoir eussent valu mon incarcération, il n’en demeure pas moins que je fasse fi de notre faute collective. Je veux être en paix avec mon Dieu, avec mes compatriotes et avec moi-même. Je ne peux manquer du respect au peuple centrafricain en ignorant sa souffrance et profiter du climat malsain qui règne dans le pays pour présenter ma candidature à la magistrature suprême… » Disait Mohamed Moussa Dhaffane cofondateur de la coalition seleka dans un entretien mailing que nous avons récemment eu ensemble.
Face aux propos imbibés de repentance du numéro deux (2) de la coalition seleka, nous nous sommes posés les questions suivantes: Qui est réellement Mohamed Moussa Dhaffane ? Pourquoi avait-il contribué à la chute du régime de Bozizé en Mars 2013? Que compte t-il faire pour ramener la paix en Centrafrique et contribuer à la reconstruction nationale ?A quoi rime cette repentance ? Restez connecter et suivez sans sourciller notre développement.
Qui est Moussa Mohamed Dhaffane ?
Natif de Birao l’une des sous-préfectures de la Vakaga, Mohamed Moussa Dhaffane avait passé toute son enfance à Bangassou où il fit ses études primaires et secondaires. A peine ses valises posées à Bangui, il devint à la fois Distributeur de pains à la Boulangerie dénommée « La Baguette » et Agent d’achat du poivre noir, du café, du rauwolfia, du piment etc dans la société commerciale d’un de ses oncles. Peu de temps plus tard, il s’engagea comme volontaire à la Croix Rouge Centrafricaine, gravit les échelons de l’institution et devint par la suite le Président National. De même, le Numéro deux (2) de l’ex seleka fut Chef de projet de l’ UNHCR à Mboki (Haut Mbomou), à Boubou ( Ouham) et à Molangué (Lobaye). Loin d’être une hagiographie, cet article démontre plutôt à quel point le parcours de l’ancien Ministre d’état des Eaux Forêts, Chasse et Pêche, de l’Environnement et de l’Écologie était parsemé de patience, de la culture d’excellence et d’une détermination sans faille. Reste à connaitre sa véritable source de motivation pour le putsch de Mars 2013.
Pourquoi le coup d’état de Mars 2013
A entendre le natif de Birao, le délaissement des préfectures de la Vakaga, de la Haute kotto, de Bamingui Bangoron, de Haut Mbomou, de Mbomou, de la Ouaka, de Nana Gribizi et bien d’autres par le pouvoir de Bangui depuis des décennies est la cause inévitable du coup de force de Mars 2013. Il martèle que la population des zones citées ci-haut nage dans une précarité sociopolitique et économique révoltante. Non seulement certaines préfectures sont complètement coupées de Bangui à cause de la défectuosité de leurs routes mais elles subissent également de plein fouet l’injustice sociale. Selon l’ancien Ministre, les ressortissants des préfectures sus mentionnées avaient maintes fois entrepris des démarches citoyennes auprès des régimes successifs mais celles-ci étaient restées lettres mortes. D’où le coup de force de Mars 2013. Le numéro deux (2) de l’ex seleka réaffirmait que l’objectif de leur putsch était d’apporter un changement palpable dans le pays et non de l’engager dans une foire d’empoigne désastreuse. Sans rechigner, il regrette amèrement les nombreuses vies perdues de part et d’autres,les maisons pillées, les villages détruits et incendiés voire la fracture sociale interconfessionnelle. Quoique l’ancien Ministre d’état Mohamed Moussa Dhaffane fût débarqué du gouvernement dès les premières heures de la présidence de Djotodia, il n’exclut pas son rôle de premier plan dans l’embrasement actuel du pays. Fort de cela, il voudrait vaille que vaille ramener la paix et œuvrer pour la réconciliation nationale dans le pays
Que faire pour ramener la paix en Centrafrique et contribuer à la réconciliation nationale ?
L’ancien Ministre d’état estime que la paix doit d’abord être une démarche personnelle avant de devenir collective. Il assène qu’au sortir de sa prison, il l’avait expérimenté au sein de sa propre formation qu’est l’ex-seleka en pardonnant ses frères de lutte d’hier. D’après lui, le seul fait qu’il ait conduit la délégation de l’ex-seleka aux différents pourparlers de paix demeure un signe visible d’une inévitable démarche du retour de la stabilité dans le pays. Il martèle que plusieurs ex-seleka s’inscrivent dorénavant dans la même logique que lui.
A quoi rime cette repentance ?
Sans bégayer, il réitère que c’est pour être en paix avec son Dieu, avec ses compatriotes et avec lui-même. Il pense également que sa repentance pourrait déclencher une nouvelle communauté de vie et de destin dans le pays.
Aux termes de notre fructueux échange avec l’ancien Ministre d’état, nous concluons qu’il est l’une des rares personnalités politiques du pays qui reconnaît publiquement ses torts et se soucie quand même de la souffrance du peuple centrafricain. Au lieu qu’il embellisse son parcours comme les autres le font si bien, il préfère raconter avec aisance son passé sans rechercher la sympathie de ses interlocuteurs. Encore des mots contre des maux.
Rodrigue Joseph Prudence MAYTE
Chroniqueur, Polémiste