Quand il faut parler de la paix et surtout de la réconciliation nationale dans un contexte comme celui alambiqué de la République Centrafricaine, personne ne peut se mordre le coup lorsqu’il faut mettre les pendules à l’heure. Logiquement, personne n’en voudra au régime de Catherine Samba-Panza lorsqu’il faut prendre des mesures vigoureuses et courageuses pour discipliner les indisciplinés qui polluent allègrement le bon air centrafricain que notre père fondateur avait voulu sain, bon et prospère mais beaucoup la condamneront si la justice n’est pas pleinement pratiquée et qu’au lieu d’une justice équitable, elle laisse voir une justice à double vitesse. Mais le vrai problème c’est le fameux « Chimène c’est bon » qui est loin de tirer la révérence.
Dans la course effrénée vers la fin non voulue de cette transition, où mille et une équation taraude les esprits surtout à l’heure actuelle, il y a bien des choses qui doivent être remises sur la table et réaffirmées si l’on ne veut pas donner raison à Hobbes qui pense que l’ « homo homini lupus ». Dans le jeu des relations internationales, nul ne méconnait l’importance et la valeur de la souveraineté de chaque État non seulement dans ses rapports avec d’autres États mais également avec des institutions et organisations internationales qui n’ont qu’une souveraineté malheureusement pour elles et heureusement pour nous et dérivée. Or, depuis que certains esprits malins ont fait malheureusement lier les moyens économiques à l’égalité souveraine des États, l’après janvier 2014, l’année qui marque la fin de la tragi-comique gouvernance abracadabrantesque de la séléka et que la communauté internationale s’est « impérialisée » et intronisée en Centrafrique sous prétexte d’une assistance humanitaire, le ministère des affaires étrangères semble s’être retiré des grands débats qui ont pour essence de contribuer à manifester le désir d’exister de la Centrafrique, qui , jadis a cessé volontairement de vivre.
Sans conteste, le combat pour la réconciliation nationale vient prioritairement dans la résolution de la crise centrafricaine. Mais tout au plus, celui pour la défense de la souveraineté de la Centrafrique n’en est pas moins important dans la mesure où en même temps que le politique unifie les cœurs des Centrafricains divisés par des assoiffés du pouvoir, en même temps il a le devoir d’assurer le rayonnement de la vitalité de ce peuple au plan international.
Nous ne citerons pas le fameux Nairobi et sa correction sévère qu’est l’Appel de Rome qui ont démontré à suffisance à quel point l’apathie de la transition ne gêne encore guère. Joseph Kabila n’est pas une bonne jurisprudence à imiter dans la mesure où malgré l’immensité de son territoire et la fragilité de ses institutions et de son armée, le langage de fermeté devant la violation de sa souveraineté n’a toujours pas été absent chaque fois que la Monusco s’aventurerait sur ce terrain. Nous ne sommes pas en train d’exiger de l’actuelle transition des protestations hors du commun autrement dit les nombreux vautours qui rodent dans l’intention de chiper le fauteuil de Catherine Samba-Panza, fièrement reçu de la communauté internationale, retrouveront leur espace d’antan.
Qu’a fait la transition pour stopper l’élan grégaire conduisant à des revendications inadmissibles du genre amnistie générale, troisième transition, incorporation des combattants dans l’armée…j’en passe.
Ce ne sera pas Dénis Sassou Nguesso qui donnera cette leçon au régime actuel ni à Babacar Gaye à qui est confiée la célébration de la messe de requiem de la souveraineté de Centrafrique, d’organiser un atelier de réflexion à l’endroit des dirigeants actuels sur la l’affirmation et la conservation de la souveraineté de la RCA.
Naim-Kaélin ZAMANE