L’embargo des Nations Unies sur les armes à destination de la Centrafrique se pose en obstacle et empêche aujourd’hui les forces de défense et de sécurité intérieure d’assurer leur mission de rétablissement de la sécurité sur l’ensemble du territoire national.
Trois gendarmes sont tués la semaine dernière dans une embuscade tendue par des hommes en arme non identifiés au village Nguéréngou situé à 29 Km de Bangui sur l’axe Damara. Aujourd’hui, les parents des victimes estiment qu’il est inacceptable de déployer les forces de défense et de sécurité sur le terrain sans armement.
« Mon neveu Mathieu vient d’être tué au village Nguéréngou. Il a été désigné par la direction générale de la gendarmerie pour aller assurer une mission dans ce village. Quand on parle de la gendarmerie, c’est dire qu’on détient une arme. Or il est parti sans arme. Ils étaient nombreux mais trois d’entre eux étaient tués sur le coup », a expliqué à RNL, Henry Dondra, le parent d’une des victimes.
Par ailleurs, Henry Dondra fait savoir aux autorités de la transition que le réarmement des forces de défense et de sécurité est une priorité.
« D’après des informations aujourd’hui, les gendarmes n’ont pas les moyens de défense. (…) Un pays qui n’a pas de défense, on ne l’a vu nulle part. On doit réarmer », a-t-il insisté.
Interrogés pour leur version des faits, les responsables du ministère de la Sécurité publique se réservent de tout commentaire. Du côté de la direction générale de la gendarmerie, les responsables affirment qu’une enquête est en cours à la Section des recherches et d’investigations (SRI) pour faire la lumière sur la mort des trois gendarmes.
Mais déjà dans une interview accordée à RNL, le Professeur des universités à la Sorbonne, Jean François Akandji-Kombé, n’a pas apprécié les mesures d’embargo imposées à la Centrafrique par le Conseil de sécurité de l’ONU.
« Je pense qu’un Etat qui a la responsabilité de protéger sa population ne peut pas se voir durablement interdit de reconstituer son armée via une mesure d’embargo. On ne peut en même temps, prétendre venir aider des autorités que l’on reconnaît internationalement, et les empêcher d’avoir les moyens minimum pour protéger les personnes et les biens, je dis de temps en temps que la communauté internationale a décidé de faire une levée partielle de l’embargo, je ne sais pas ce que ça veut dire en droit, levée partielle d’embargo. Soit il y a embargo, soit il n’y en a pas ; il n’y a pas de demi embargo », s’est-il révolté.
Montrant que la communauté internationale est partout sur le territoire centrafricain, il a ajouté qu’« Il y a une duplicité dans cette affaire qui est très gênant ». La population centrafricaine compte sur cette communauté internationale pour l’aider à sortir du chaos.
D’après Jean François Akandji-Kombé, « La communauté internationale joue un jeu qui ici est très ambigu. Personne ne peut comprendre qu’avec autant de problèmes sur le territoire centrafricain, il puisse avoir, y compris à Bangui, des meurtres, des pillages ou des braquages ».
Le Professeur des universités relève une imperfection dans l’application de la résolution du Conseil de sécurité des Nations Unies. « La résolution du Conseil de sécurité est une résolution placée sous le chapitre VII, c’est-à-dire sous le chapitre de la coercition. La résolution parle de protection de la population par tous les moyens. On ne comprend pas que lorsqu’il y a des conférences de presse, on vienne nous expliquer que la mission des forces qui sont sur place n’est pas de désarmer. Mais il s’agit de protéger les populations par tous les moyens », s’est indigné le Professeur des universités Akandji-Kombé.