Vingt-huit enfants ont été choisis par leurs pairs pour conduire leur propre forum à Bangui, jeudi et vendredi.
En Centrafrique, alors que le Forum national de Bangui prévu en avril se prépare, les enfants ont aussi leur mot à dire. Après des consultations organisées dans les provinces (comme pour les adultes) par l'Unicef et les ONG sur le terrain, vingt-huit enfants ont été choisis par leurs pairs pour conduire leur propre forum à Bangui, jeudi et vendredi. Ils doivent ensuite remettre leurs recommandations à la présidente Catherine Samba-Panza et au Conseil national de la transition (CNT).
Dans cette salle, quelque part à Bangui, on prépare activement la synthèse qui sera remise solennellement à la présidente. Pour les adultes, c’est un moyen de faire participer les enfants à la vie de la cité, mais aussi d’exorciser les drames qu’ils ont vécus, comme l’explique Ennio Bedema de l’Unicef: «Qu’est-ce que leurs yeux ont vu ? Qu’est-ce que leurs oreilles ont entendu ? Qu’est-ce que les mains ont fait ? Qu’est-ce que le cœur a ressenti ? Où est-ce que les pieds allaient et ne peuvent plus aller ? Qu’est-ce que les mains ont fait et qu’elles ne faisaient pas avant?»
Diane vient de Bossangoa. Comme les autres, elle a subi la crise de plein fouet: «Nous étions dans la brousse pendant un an et six semaines. Par exemple, moi j’ai perdu mes deux parents à cause de ce conflit. La guerre nous a amenés à devenir des enfants délinquants, à avoir des grossesses non désirées. C’est pourquoi nous, les enfants de Centrafrique, nous nous sommes réunis ici pour dire non à toutes ces violences.»
Après les constats, la réflexion et les recommandations seront prises en compte lors du Forum national, ont promis les autorités : « Ce sont tout d’abord des enfants qui sont très conscients de leur réalité, et qui ont vécu cette crise autant que les adultes et qui ont autant à dire que les adultes », ajoute le représentant de l'Unicef.
Tous les thèmes sont abordés: violence, viols, gouvernance, impunité. Abass vient de Bria. Il a choisi son thème de prédilection: «En ce moment, il y a la justice qui fait son travail, mais je veux accorder la justice dans le pays, devenir magistrat pour appliquer la justice de mon pays. C’est ça mon rêve.»