Biens immobiliers, comptes bancaires, véhicules de luxe... La Centrafrique a récemment accentué son offensive judiciaire en France contre son ancien président François Bozizé, renversé en 2013, qu'elle accuse d'avoir détourné avec son entourage des fonds pour s'enrichir.
Après une première plainte en novembre 2014 qui a déclenché l'ouverture d'une enquête préliminaire, Bangui a déposé le 13 mars une nouvelle plainte avec constitution de partie civile, démarche visant à obtenir la désignation de juges instructeurs, a-t-on appris lundi de source proche du dossier.
Les poursuites contre M. Bozizé et son entourage visent des faits présumés de recel de détournement de fonds publics, abus de biens sociaux, abus de confiance et recel de corruption d'agent public étranger.
"Le patrimoine de François Bozizé et de son entourage ne peut en effet sérieusement avoir été acquis au travers de leurs salaires officiels", selon la plainte de mars que l'AFP a pu consulter.
Les autorités centrafricaines jugent "fort probable" que le patrimoine de François Bozizé, chef de l'Etat de 2003 à 2013, et de plusieurs de ses proches ait "été financé par des moyens illicites".
Outre François Bozizé et sa famille, sont explicitement visés par la plainte d'anciens responsables gouvernementaux, comme l'ex-président de la Cour constitutionnelle, Marcel Malonga, ou encore Sylvain Ndoutingai, qui a été ministre de l'Energie et des Mines.
Plusieurs millions d'euros de commissions versées pour l'obtention de contrats d'exploitation minière sont au cœur des soupçons des autorités centrafricaines, qui, dans leur plainte, évoquent notamment le gisement d'uranium de Bakouma.
Après avoir acheté la société minière canadienne UraMin, le géant français du nucléaire Areva aurait versé des commissions pour exploiter ce gisement, une opération dans laquelle le député français Patrick Balkany serait intervenu.
"La multiplicité des infractions dénoncées, au-delà des faits reprochés au clan Bozizé, va conduire à des investigations multiples qui pour partie se croiseront, avec des investigations en cours, notamment concernant M. Balkany", a commenté l'avocat de la Centrafrique, Me William Bourdon.
Sollicité lors du dépôt de la première plainte de la Centrafrique en novembre, Patrick Balkany n'avait pas donné suite.
Les poursuites judiciaires engagées en France par Bangui font écho à de précédentes affaires dites de "biens mal acquis" par des dirigeants africains. Des juges enquêtent ainsi sur les riches patrimoines de Denis Sassou Nguesso (Congo), Teodoro Obiang (Guinée équatoriale) ou du défunt président gabonais Omar Bongo.