Le 25 novembre 2013, soit environ 8 mois après la chute du régime de François Bozizé, nous avions publié une tribune dans les colonnes de sozoala sous le titre : CENTRAFRIQUE, DERRIERE CES PHALANGES D’INDIVIDUS. Dans cet article, il était entre autres question des méthodes inhumaines employées naguère par le tristement célèbre Nourredine Adam, patron de la CEDAD (Comité Extraordinaire pour la Défense des Acquis Démocratiques), pour extorquer des informations auprès de ses victimes.
Extrait dudit article: « …, de la barbarie formatée comme mode de gouvernance, on assiste à des tueries ciblées qui seraient attribuées au Comité Extraordinaire pour la Défense des Acquis Démocratiques (CEDAD). Ce cabinet noir, chapeauté par Nourredine, tétanise la population centrafricaine par ses méthodes peu orthodoxes (détention arbitraire, torture pour extorsion d’information, renseignements, écoute téléphoniques…). Selon plusieurs sources concordantes, il ne se passe pas un jour sans que des tortures au sein du CEDAD se transforment en assassinat. Ces sources relatent que l’emplacement stratégique du CEDAD (derrière l’agence air France) permet l’évacuation à la va-vite des corps sans vie des victimes d’exécutions sommaires dans la colline de bas Oubangui. ».
Aujourd’hui, la parole se libère et certains Centrafricains s’interrogent désormais sur la base juridique de l’existence du CEDAD. D’autres tentent même de faire un rapprochement entre le CEDAD et les charniers de Bas Oubangui et du Camp Béal qui avaient fait couler beaucoup d’encre. Toutefois, les rares Centrafricains, qui avaient séjourné pendant un laps de temps dans les locaux du CEDAD, évoquent un endroit d’une extrême violence verbale et physique. Ils décrivent le CEDAD comme étant un lieu très sinistre, sadique et déplorent l’attitude effarant des tortionnaires.
Afin d’extorquer un maximum d’informations, ces derniers attachaient très souvent leurs victimes sur des chaises truffées de pointe (voir image) et les battaient violemment à coups de matraque. Quelques fois, ces bourreaux provoquaient une hécatombe en enfermant, pendant de longues heures, leurs victimes dans des conteneurs surchauffés. D’après un Centrafricain qui avait parcouru ce couloir de la mort, la scène de crime est horrible et difficile à expliquer. Néanmoins, il précise que rien que le cri de certains torturés terrifiait ceux et celles qui attendaient leur tour, si bien qu’ils déféquaient sur eux avant leur départ définitif dans l’au-delà.
Aussi étonnant que cela n’en a l’air, la justice internationale peine à s’emparer du dossier de CEDAD. En dépit des sanctions internationales émises contre les principaux acteurs de la crise centrafricaine, le sulfureux Nourredine Adam circule en toute quiétude. D’où le dépit des Centrafricains qui affirment que Nourredine Adam est l’incarnation même de l’impunité en Centrafrique. Réussira t-il d’ici demain à s’asseoir à la même table que ses victimes pour parler de paix ? Est-il au dessus de la loi ? Pire encore, son nom circulerait parmi les instigateurs des bruits de bottes qui sévissent actuellement à la frontière Centrafricano-tchadienne. Manifestement, Nourredine Adam occupe une place non négligeable dans ce pays de laisser-aller et de laisser-faire.
Qu’on se le dise, une paix sans justice est comparable à une maison construite sur du sable. Si la justice peine toujours à se saisir du dossier CEDAD, nous allons brandir autant que faire se peut les mots contre les maux.
Rodrigue Joseph Prudence MAYTE
Chroniqueur, Polémiste