Le succès que la Communauté Economique des Etats de l’Afrique Centrale (CEEAC) cherche à avoir, c’est de réunir les principaux acteurs de la crise centrafricaine autour d’une même table pour discuter.Mettre Bozizé et Djotodia face à face c’est l’un des principaux objectifs que les chefs d’État de la sous région de l’Afrique Centrale recherchent à travers le forum de Brazzaville. Ils ont, en effet, constaté que la crise centrafricaine a dépassé tous les pronostics et remis en cause tous les plans qu’ils ont décidés jusque là pour mettre fin à cette situation.
Pour mémoire, après les accords de Libreville initiés par la Communauté Économique de l’Afrique Centrale tenue par Idriss Déby du Tchad, les décideurs de la sous région avaient pensé que la solution à la crise centrafricaine passait par le départ de François Bozizé. La voix a été libérée depuis Damara, Bozizé et ses proches se sont battus en vain et le pouvoir leur a échappé le mars 2014.
Au lendemain de cette prise de pouvoir par la force, au niveau de la sous région, même si aucun chef d’État ne s’est réjoui officiellement de ce renversement, l’on savait que cela avait plu à beaucoup de présidents dont Idriss Déby connu comme le soutien numéro 1 des Séléka pendant leur lutte et durant la courte période passée au pouvoir. L’avènement des antibalaka qui a contraint Michel Djotodia à quitter le pouvoir, a remis en cause tous les plans de sortie de crise que les chefs d’Etat ont établis sur le cas centrafricain. Avec cette nouvelle force qui a déstabilisé le pouvoir de la Séléka en un temps record, les chefs d’État de la CEEAC surtout les soutiens de la Séléka sont mis devant des faits accomplis.
Michel Djotodia parti, les chefs d’Etat soutien ou non de ce dernier se sont retrouvés avec une nouvelle situation à gérer. Idriss Déby va plus loin en se mettant à l’écart de la résolution puis qu’il a épuisé toutes ses cartes. L’Union Africaine prend le relais mais toujours rien. D’un coté, les antibalaka mettent la pression avec les tueries, les pillages et autres de l’autre les ex-Séléka sillonnent des localités et font des représailles. Avant que les Nations Unies prennent la commande, la CEEAC veut tenter une dernière chance.
Dans certaines chancelleries occidentales, on affirme que la CEEAC veut se maintenir dans le circuit de la résolution de la crise. C’est tout ceci qui justifie le forum convoqué de toute urgence par les chefs d’État de la sous région du 21 au 23 juillet prochain à Brazzaville. Selon des informations proches de la représentation de la médiation à Bangui, de grandes décisions sont attendues lors de cette réunion. « Il est prévu l’implication des antibalaka dans le processus de la transition telle que leur entrée au CNT ainsi que dans le bureau de cette institution, l’étude et l’application de l’accord de Ndjamena, la répartition dans le gouvernement » a confié un cadre de la Misca à la rédaction de Centrafrique Libre. Selon toujours la même source « pour la sous région, même absents, Michel Djotodia et François Bozizé restent pesants dans la balance. L’un est en exil de manière officielle au Bénin mais il est toujours écouté voire très écouté à Bangui et dans toutes les bases des ex-Séléka. De l’autre, François Bozizé aussi loin soit loin, continue de donner des ordres qui sont respectés dans les moindres détails sur le terrain. L’objectif de la CEEAC et des chefs d’État de la sous région est de mettre ces deux personnalités autour d’une même table pour qu’elles puissent prendre des engagements clairs et précis. C’est la seule option que l’on puisse envisager à l’état actuel de la crise ».
De sources proches de la CEEAC, des contacts ont été pris avec François Bozizé pour sa participation au forum de Brazzaville. Nos sources ne nous ont pas dit si oui ou non que Bozizé sera de cette rencontre « des efforts sont faits pour qu’il vienne mais pour l’instant c’est le silence encore sur ce dossier » a expliqué une source bien informée au niveau de la Misca. La même source a précisé que du coté de Michel Djotodia, les tractations sont bien avancées « sauf changement de dernière minute, l’ancien président Michel Djotodia devra être à Brazzaville mais comme vous le savez si Bozizé refuse de venir cela peut tout changer » a noté la source.
Il est clair que la CEEAC et les chefs de l’Etat veulent à travers le forum de Brazzaville réunir les auteurs principaux de la crise que traverse la République Centrafricaine, crise dont les solutions jusque là sont introuvables. A voir les choses de prêt, les gymnastiques des politiques à Bangui ne dérangent pas le CEEAC qui a les yeux rivés sur les deux anciens présidents.
Sagouin