En prenant la décision de nommer, Mahamat Kanoun, Catherine Samba-Panza a fait une preuve de reconnaissance envers Michel Djotodia qui lui a ouvert la voie de la présidence. En dépit des controverses que cette nomination a soulevées, elle marque en quelque sorte le retour de Michel Djotodia à la commande. Ceux qui, après l’élection de Mme Catherine Samba-Panza craignaient à la continuité du système Djotodiste semblent avoir raison. La réalité politique qui a marqué le pouvoir de la dame Samba-Panza depuis le 20 janvier montre que le système amené par Michel Djotodia est toujours d’actualité.
La cheffe de l’État n’a pas décrété une rupture avec les excès du passé alors que la population avait placé en elle un énorme espoir après sa victoire aux élections censées trouver un remplaçant au chef rebelle Michel Djotodia, poussé à la démission par les présidents de la sous région, harcelés par la France de Hollande.
Dès les premières heures de son élection, Catherine Samba-Panza a opté pour la continuité en gardant dans son proche entourage les caciques du régime de Djotodia. C’est ainsi que la cheffe de l’État a fait la part belle aux cadres de l’ex coalition Séléka dans son premier gouvernement, cela contre toute attente.
La première dame n’est pas restée à ce niveau parce qu’elle a gardé plusieurs proches de Djotodia dans son entourage restreint parmi lesquels, M. Mahamat Kamoun. Pour la petite histoire, c’est Mahamat Kamoun qui a introduit le dossier de
Catherine Samba-Panza auprès de Michel Djotodia pour le poste de maire
de Bangui.
Cette information a été confiée à Centrafrique Libre par un ministre très proche de la cheffe de l’État « beaucoup de gens pensent que la cheffe de l’État était placée à la mairie par le ministre de l’administration du territoire avec qui elle a des liens mais ce n’est pas du tout vrai.
Quand Michel Djotodia avait demandé quelqu’un pour le poste, c’est Kamoun à l’époque, directeur de cabinet à la présidence qui a donné le nom de Catherine Samba-Panza. Le chef de la Séléka a entériné cette proposition et a nommé dame Samba-Panza maire de Bangui, poste qui lui a ouvert la voie de la présidence de la République » a confié ce membre du gouvernement.
Préparant les préparatifs de son élection l’actuelle cheffe de l’État avait rencontré les conseillers nationaux, Kamoun était toujours là à ses côtés. Selon certaines sources, l’actuel premier ministre s’était également investi et aurait convaincu quelques conseillers nationaux de confession musulmane qui auraient bravé les consignes de vote en portant massivement des voix sur CSP.
Si Catherine Samba-Panza a pris une bonne partie des voix des représentants de la Séléka au Conseil National de Transition, c’est parce que Kamoun et bien d’autres proches de Djotodia l’avaient ralliée et avaient battu compagne pour elle. Cheffe de l’Etat, Catherine Samba-Panza fait un premier geste à Mahamat Kamoun qui lui a donné la chance de sortir sur la scène politique nationale. Elle l’a nommé conseiller spécial à la présidence.
De sources bien informées, comme conseiller spécial, Kamoun était l’un des plus écoutés de la présidence.
Face au compétent, expérimenté et intègre Karim Meckassoua , Catherine Samba-Panza a préféré renvoyé l’ascenseur à Kamoun son ex mentor devenu quelques temps après son fidèle lieutenant. Selon de nombreux observateurs avertis de la politique il n’ y a pas de comparaison à faire entre, l’ancien ministre d’État Karim Meckassoua et Mahamat Kamoun.
Le premier ministre inexpérimenté va devoir apprendre le métier alors que les démunis ne supportent plus de vivre comme des animaux sur les sites de déplacés et en brousse.
Retenons donc les deux principales raisons de la nomination de Mahamat Kamoun selon le microcosme centrafricain: Premièrement, la cheffe de l’État l’a choisi parce qu’en son temps, Kamoun l’avait proposée à la mairie donc il faut une récompense pour cela.
Deuxièmement, Kamoun représente le système auquel appartient Catherine Samba-Panza qui voulait nécessairement éviter Meckassoua connu pour être un rigoureux. Selon des sources bien informées la nomination est une récompense pour un service rendu. Ce n’est pas aussi une question de compétence mais plutôt une consécration des liens amicaux voire familiaux entre des proches.
Wilfried Maurice SEBIRO