Le transfert d’autorité entre la mission africaine du maintien de la paix en Centrafrique et la Minusca placée sous mandat des Nations unies sera effectif le 15 septembre prochain. Sur le terrain, de nombreux défis attendent tous les acteurs impliqués dans le processus de paix et de réconciliation en Centrafrique.
À travers la résolution 2149 du 10 avril dernier qui mettait en place la Minusca, le Conseil de sécurité confiait, d’ailleurs, à cette mission d’exécuter immédiatement après l’adoption de la résolution, « les tâches prescrites au moyen de sa composante civile ».
Le 15 septembre, elle commencera donc l’exécution de sa composante militaire et de police. Comme l’indique son appellation, la Minusca a un caractère multidimensionnel.
En effet, son mandat lui confère des tâches multiples, allant de la protection des civils au désarmement, démobilisation, réinsertion, réintégration et rapatriement, en passant, entre autres, par l’appui à la mise en œuvre de la transition, à l’extension de l’autorité de l’État. S’ajoutent, le maintien de l’intégrité territoriale ; la promotion et la protection des droits de l’homme, ainsi que des actions en faveur de la justice nationale et internationale et de l’état de droit.
Pour ce qui est du désarmement, de la démobilisation, de la réinsertion et réintégration ainsi que du rapatriement, par exemple, la mission onusienne a pour mission d’aider les autorités de transition à élaborer et mettre en œuvre une stratégie révisée de désarmement, de démobilisation, de réintégration et de rapatriement des ex-combattants et éléments armés.
Ceci, pour traduire les nouvelles réalités sur le terrain, tout en accordant une attention particulière aux besoins des enfants associés à des forces et groupes armés, et appuyer le rapatriement des éléments étrangers.
Dans ce même chapitre, la Minusma doit aider les autorités de transition à élaborer et à exécuter des programmes de lutte contre la violence communautaire, regrouper et cantonner les combattants, confisquer et détruire, selon qu'il convient, les armes et munitions de ceux qui refusent de les déposer. Bénéficiant de meilleurs atouts en hommes, matériels et finances, cette mission a les meilleures chances de remettre la RCA sur le chemin de la sécurité et de la paix durable ; ce d’autant plus qu’elle arrive dans une conjoncture de redressement des efforts aussi bien internes qu’externes pour une sortie de crise dans ce pays.
Par ailleurs, les défis qui attendent le nouveau commandement ne sont pas à prendre à la légère. Le dernier cas en date est celui des tueries de Mbré dans la préfecture de la Nana-Grébizi et les villages environnants. Ni la Misca, la force africaine de maintien de la paix, ni les autorités locales sur place ne parviennent pour l’heure à donner la précision sur le bilan de ces violences.
Pourtant le Forum pour la réconciliation et le dialogue politique en Centrafrique tenu à Brazzaville du 21 au 23 juillet avait donné une meilleure orientation aux efforts de pacification et à la décrispation du climat social en Centrafrique. À cette occasion, les protagonistes de la crise centrafricaine - nti-balaka, milices d’autodéfense d’obédience chrétienne et ex-rébellion séléka à dominante musulmane - avaient signé un accord de cessez-le-feu, sous la forte pression internationale.
Malgré le climat qui prévaut actuellement dans certaines parties du pays, avec la violation répété de l’accord suscité, la question de consolidation des acquis du forum inter centrafricain de Brazzaville préoccupe toujours les autorités de la transition. À cet effet, Antoinette Montaigne Moussa, ministre sortant de la Communication, a parlé des initiatives menées dans ce sens lors d’une conférence de presse qu’elle a animée à Bangui.
« La mobilisation générale pour le respect et la promotion des accords de cessation des hostilités. C’est important pour la création d’un environnement propice au lancement à la poursuite du forum national de la réconciliation (…) annoncé à Bangui après celui de Brazzaville. Aujourd’hui, il nous faut former à l’esprit de la cohésion, de responsabilité et de la paix, les signataires de Brazzaville, en particulier les groupes armés. Par la suite, ces intervenants doivent disposer des moyens leur permettant de mener des discussions conformément à l’esprit de Brazzaville » a-t-elle expliqué.
Une délégation d’hommes politiques centrafricains attendue chez le médiateur
Selon une source proche de la présidence centrafricaine et citée par l’AFP, une dizaine de personnalités politiques de la RCA, dont des membres des groupes armés signataires des accords de Brazzaville sont attendus aujourd’hui chez le président Denis Sassou N’Guesso, médiateur dans crise centrafricaine, pour tenter de débloquer la formation d’un nouveau gouvernement.
Cette nouvelle rencontre de Brazzaville sera donc une occasion propice pour « calmer les esprits » des responsables de partis politiques et autres ayant réagi ces derniers temps contre l’annonce de la désignation le 10 août par la présidente de transition, Catherine Samba Panza, de Mahamat Kamoun comme nouveau Premier ministre.
Dans le même élan, certains d’entre eux vont jusqu’à demander une « suspension » pure et simple des tractations déjà engagées pour former une nouvelle équipe gouvernementale.
Du côté de la présidente de transition, le maintien du contact avec le médiateur doit être de rigueur afin de chasser les démons de la division et asseoir la paix dans son pays. C’est probablement pour cette raison qu’aussitôt après la cérémonie officielle marquant le 54ème anniversaire de l’accession de la RCA à la souveraineté nationale, Catherine Samba-Panza s’est rendue le lendemain à Brazzaville.
Et le 15 août, elle a participé à la célébration de la fête de l’indépendance du Congo, au côté de son homologue congolais Dénis Sassou-N’Guesso. À l’occasion de ces festivités, de nombreuses rencontres ont eu lieu à Sibiti entre le chef de l’État congolais, médiateur dans la crise centrafricaine, la présidente centrafricaine, le Premier ministre tchadien et un envoyé spécial des Nations-unies.
Même si l’on ne connaît pas le contenu de ces échanges, l’on croit néanmoins savoir qu’il a été question des revendications formulées en RCA en vue de la nomination d’un autre chef du gouvernement à la place de Mahamat Kamoun, contesté par certains Centrafricains.
Les Centrafricains, il faut le signaler, sont toujours dans l’attente de la formation d’un gouvernement de transition « élargi », une semaine après la nomination de Mahamat Kamoun, censé relancer la transition politique en panne dans ce pays.
Nestor N'Gampoula et Fiacre Kombo