« Bonsoir à tous! Comme je l‘ai déclaré ce matin sur RFI, étant l‘invité du moment, je ne me présenterai plus aux élections présidentielles de notre pays. Je souhaite me consacrer à mes projets et à ma famille. A tous mes partisans et sympathisants, cette décision est le fruit d‘une mure réflexion! Mais la tache est tout aussi longue, nous servirons notre pays autrement.»
Ainsi parlait Jean-Jacques de son prénom. Bien curieusement, ces lignes ci-dessus, je les lisais hier sur le réseau social facebook, juste après avoir rangé la dernière parution de l’hebdomadaire J.A – numéro 2828 du 22 au 28 mars 2015 -, dans lequel on trouve l’encart de la page 44 sur le Sénégal, avec cette déclaration du Président Macky Sall : « En politique, il faut savoir revenir sur une décision ». Spontanément, je me suis posé intérieurement cette question que je pose à tous : Jean-Jacques serait-il en train de nous expliquer qu’il renonce au suffrage universel comme mode d’accession au pouvoir – ce qui est différent de renoncer à toute ambition présidentielle -, quitte à revenir sur cette décision quand et comme il voudra, étant entendu que nous sommes en politique ? A mon sens, il conviendrait de lever le voile d’imprécision qui nimbe d’incertitudes les esprits.
Du reste, cette « belle » sortie de Jean-Jacques, que n’a-t-elle suscité de réactions et de commentaires « positifs » de la part d’une partie de la population centrafricaine ! On a pu lire ça et là :
«Félicitation Mr le Ministre, pour cette sage décision mûrement réfléchi, alors bon vent »
« Bravo. Si les autres peuvent suivre l’exemple »
« C est encourageant »
« Sage décision car le type a pris la mesure de sa popularité »
« Bravo Excellence »
« Bravo Sieur, ne renoncez pas à ce que vous venez de déclarer pour que les jeunes suivent votre exemple… je vous envoie par Chronopost un Crémant d’Alsace, le champagne alsacien. »
« Sage décision M. Demafouth » etc.
Et même moi, d’habitude si critique à l’endroit du personnage, je me suis laissé assez vite empoter, et par le charme de cette annonce bien improbable il y’a encore pas si longtemps, et aussi par un tel concert d’éloges adressés par mes compatriotes apparemment sincères et francs à l’endroit de Jean Jacques. Après tout, les voies de Dieu ne sont-elles pas insondables dit-on, et qu’il est difficile à l’Homme de connaître et maîtriser totalement et parfaitement l’au-delà et l’en-deçà de l’Homme ?
Aujourd’hui en RCA, annoncer sa candidature à la présidentielle, semble être l’une des manifestations les plus banales certes, mais en même temps, cet acte représente pour certains, le moyen d’exprimer publiquement et largement, leur degré de patriotisme et le niveau de leur engagement politique. Dès lors, qui aurait cru que c’est le moment choisi par Jean Jacques pour en quelque sorte « déclarer forfait » avant la grande confrontation démocratique ! Et pourtant, Jean Jacques – qu’on le veuille ou non -, aura marqué à sa manière la politique centrafricaine. Aussi bien dans tout ce qu’elle a de plus noble et exaltant – des exemples sont difficiles à trouver -, que de violent et machiavélique. Dans ce dernier cas, l’énumération des faits dont il serait responsable risque d’être interminable et faire remonter à la surface de très mauvais souvenirs enfouis.
Dorénavant, Jean Jacques va « se consacrer à ses projets et à sa famille », à « servir notre pays autrement » et « cette décision est le fruit d‘une mure réflexion ».
En définitive, n’est-ce-pas là un événement marquant et de portée nationale ? N’y a–t-il point là de quoi se laisser émouvoir jusqu’aux larmes ? A mon avis, un tel exemple d’abnégation et de renonciation volontaire au profit du bien être des populations centrafricaines, vaut bien un litre de « mama ti nadè », une bouteille de « champagne alsacien », et pourquoi pas un tonneau de « clochard nouveau » mon vin préféré !
« Bravo. Si les autres peuvent suivre l’exemple » « Bravo Excellence », bravo Jean Jacques !
Mais de qui ai-je donc parlé et qu’ai-je donc écrit jusqu’ici ? De Jean Jacques ? Bien évidemment ! Se pourrait-il que notre Jean Jacques soit en train d’écrire – à l’image de son célèbre homonyme Jean Jacques Rousseau -, un nouveau « contrat social » à l’attention des Centrafricains ? A moins qu’il ne s’agisse ici que des « rêveries du promeneur solitaire » !
Fichtre ! Non seulement on l’appelle Jean Jacques, mais encore et toujours Demafouth et cela change tout ! Demafouth l’enfant terrible du marigot politique centrafricain. Demafouth ceci, Demafouth cela, et j’en passe des pires et des meilleures ! Rien qu’à évoquer ce nom, le Centrafricain averti qui a lu les lignes qui introduisent la présente chronique se demande presque instinctivement : « quel coup foireux veut-il encore nous jouer celui-là » !
Quelques uns des commentaires et réactions ci-dessous traduisent bien ce sentiment :
« il a intérêt à se faire oublier au risque d’aggraver sa situation. Mais connaissant l’homme stratège, il faut le surveiller d’un œil »,
« il devrait se cacher pour finir sa vie »
« vous dites bravo, parce que vous ne le connaissez peut etre pas bien…Demain est un autre jour…Car sa vraie famille c’est la politique et on abandonne jamais sa famille comme ça ».
Pour ma part, rien qu’à penser au parcours de Monsieur Jean Jacques Demafouth, sa décision a quelque chose d’assez déroutant. Comment un homme – à moins de reconnaître qu’il a tout raté -, dont la raison de vivre était apparemment de devenir un jour Président de la RCA – peu importe la voie qui peut l’y conduire -, et qui a consacré presqu’une quarantaine d’années de sa vie au service de cette cause, peut-il de cette manière abandonner définitivement l’ambition de toute une existence ? Qu’a-t-on proposé à Demafouth ? Quelle bonne ou mauvaise surprise nous réserve cet homme politique insaisissable et tant haï que craint, tant haï que craint pour sa finasserie, son intrépidité et son esprit pervers ? ?
Jusqu’à preuve du contraire, renoncer à l’élection présidentielle, n’est pas renoncer à son ambition de devenir président. Après tout, tous les présidents sont-ils arrivés au pouvoir par voie de suffrage universel ?
Une fois de plus « En politique, il faut savoir revenir sur une décision »…
I KOU – I BA !
Guy José KOSSA
GJK – L’Élève Certifié
De l’École Primaire Tropicale
Et Indigène du Village Guitilitimô
Penseur Social