La situation actuelle de la transition en République Centrafricaine est très préoccupante. Tout se passe comme si tous les soutiens de Mme Catherine Samba-Panza, cheffe d’Etat l’avaient lâchée. Tel est l’objet du dernier déplacement de la présidente en Angola où le président Dos Santos apparait comme son dernier rempart. La situation de cette première femme à présider à la destinée de la RCA s’amenuise davantage alors que la majorité des centrafricains continuent de tirer le diable par la queue.
La cheffe de l’État est sur une pente raide. Cette situation est hautement liée à son comportement jugé amnésique et suicidaire de boycotter les recommandations de la communauté internationale qui a exigé la nomination d’un premier ministre intègre et capable de combler les carences observées en matière de la bonne gouvernance depuis le départ de Djotodia. Inquiète au vu du pilotage à vue de l’exécutif centrafricain en 7 mois d’activité, pas rassurée sur la gestion peu orthodoxe de la manne financière destinée à juguler la crise, les principaux bailleurs craignent d’injecter à perte des milliards alors que le processus de la transition est en panne depuis de longs mois.
En dépit des mises en garde et de l’absurdité de la nomination d’un premier ministre inexpérimenté, quasi persona non grata aux Etats Unis et qui plus est son beau frère, Catherine Samba-Panza s’est imposée comme une véritable cheffe d’un État souverain en plébiscitant son protégé. Faisant fi de toutes les allégations concernant son super PM Kamoun ; croyant que toutes les informations concernant son protégé étaient erronées, CSP a fini par être rattrapée par son amateurisme. Là voici désormais obligée de rapporter le décret de la nomination de son champion qui battra sans doute le record d’être un premier ministre éphémère et sans gouvernement.
Selon des sources bien informées, depuis la nomination du nouveau premier ministre MK par Catherine Samba-Panza, plusieurs contacts sont tombés dans le rouge. « Il est vrai que la communauté internationale a déclaré dans un communiqué avoir pris acte de la désignation du
premier ministre mais dans les couloirs, il y a beaucoup de choses qui se disent et qui se font d’ailleurs. Le régime actuel s’est fragilisé. Je crois qu’il y aura des réactions épidermiques qui risquent de mettre les uns et les autres devant le fait accompli » a expliqué une source diplomatique.
Aujourd’hui, la cheffe de l’État n’est pas en odeur de sainteté devant ses partenaires, ceux là même qui ont favorisé son accès à la plus haute fonction de la République. Les réalités qui se font enregistrer montrent que la présidente de la transition s’est placée dans la même situation que François Bozizé, un mois avant sa chute. Il faut rappeler qu’à l’époque, fort de l’idée qu’il se faisait du soutien populaire, le général Bozizé négligeait les conseils et les points de vue de ses partenaires. Cette position avait largement contribué à la faillite du régime KNK qui se croyait tout permis à cause du prétendu soutien qu’il avait de la part du peuple centrafricain. Que s’est il passé dans la réalité ? Bozizé s’est isolé et par un coup de bâton magique, il a été renversé du pouvoir par la Séléka.
Mme Catherine Samba-Panza est- elle sur ce même chemin? La présidente a officiellement organisé une marche pour la paix et la réconciliation alors que c’était en réalité une marche de protestation contre la communauté internationale qui lui avait fait des propositions sur la suite de la transition. Le 09 août, Catherine Samba-Panza s’ était présentée comme une dirigeante populaire capable de tenir tête à la communauté internationale. D’ailleurs elle ne s’était pas cachée pour vilipender celle-ci avant d’informer les marcheurs qu’elle ne cèderait pas au dictat de l’étranger. Il a fallu qu’une semaine pour que la cheffe de l’État soit isolée et que les plus hauts responsables du palais de la renaissance ne commencent à penser à une possible déstabilisation du régime.
Selon nos sources, plusieurs cadres et proches de la présidente Catherine Samba-Panza sont inquiets par rapport au processus de l’isolement du régime de la dame de Bangui en cours. « Il est possible de craindre le pire parce que le souvent, c’est par la tiédeur diplomatique que le sort de nos régimes sont décidés. Je crois que la position prise par la cheffe de l’État par rapport à la nomination de Mahamat n’a pas plu à la communauté internationale. Aujourd’hui, il y a réticence dans les relations, ce qui peut conduire à d’autres choses » a confié un conseiller à la présidence.
Selon plusieurs sources, la cheffe de l’État multiplie ces derniers temps les réunions pour essayer de se rattraper. La dame de Bangui est bel et bien en train de perdre les bras lourds qui l’avaient pourtant soutenue par tous les moyens lorsqu’elle briguait la magistrature suprême de l’État. La raison est simple : CSP portée gratuitement à la tête de l’État veut bomber sa poitrine face à ceux qui l’ont créée de toutes pièces. Erreur politique lorsqu’on sait qu’ elle est impopulaire dans son pays ou simple orgueil démesuré ?
Wilfried Maurice SEBIRO