YAOUNDE, (Xinhua) -- Le nouveau gouvernement d'union nationale centrafricain dirigé par Mahamat Kamoun, composé de 31 membres dont trois représentants de l'ex-rébellion Séléka et deux des miliciens anti-Balakas, a pu voir le jour vendredi soir après une deuxième mission dépêchée par la présidente de transition Catherine Samba-Panza auprès de son prédécesseur Michel Djotodia, leader de l'ex-rébellion Séléka en exil au Bénin.
Nommé le 10 août après la démission d'André Nzapayéké et son équipe suite à l'accord de cessez-le-feu du 23 juillet à Brazzaville (Congo), M. Kamoun, premier responsable de confession musulmane à incarner l'une des têtes de l'exécutif, a dû attendre près de deux semaines pour voir son cabinet dévoilé, après un discours à la nation de la présidente de transition vendredi matin à Bangui.
Avec une partie de la classe politique centrafricaine et la société civile, l'ex-Séléka, écartée en janvier dernier du pouvoir qu'elle avait conquis par armes le 24 mars 2013, s'opposait à cette nomination, accusant Mme Samba-Panza de n'avoir pas respecté les clauses du compromis obtenu à Brazzaville, qui prévoyait selon l'ex-Séléka que ce poste lui revienne.
Pour sortir de l'impasse, il a fallu dépêcher une nouvelle mission officielle comprenant le porte-parole de la présidence, Anicet Guiyama Mazogo, auprès de Michel Djotodia, révèlent des sources concordantes à Bangui.
"Il y avait déjà eu une autre mission auparavant", a affirmé Gervais Lakosso, coordonnateur de la société civile, qui fait le constat d'un "gouvernement pléthorique" de 31 membres, comparativement au schéma de 25 postes qu'aurait prescrit la communauté internationale.
"On a constaté une légère amélioration dans les profils des membres du gouvernement. Il y a quelques technocrates, à l'instar du ministre des Finances, Bernard Koumba Bounandélé, un ancien fonctionnaire international qui avait déjà été ministre délégué au Budget dans le gouvernement Tiangaye", a-t-il cependant observé.
Ancien procureur de la République près le tribunal de grande instance de Bangui, le ministre de la Justice Faustin Gabriel Ngodou est aussi présenté comme une figure remarquable de ce cabinet, sur laquelle des espoirs sont fondées pour restaurer la justice sociale dans ce pays aujourd'hui sous coupes réglées, à cause de la guerre.
En dépit de ses menaces de boycott, l'ex-Séléka y est finalement représentée par trois ministres : Arnaud Djoubaye Abazène, proche de Djotodia, aux Transports ; Abdallah Kadre Hassane aux Postes et Télécommunications et Mahamat Tahib Yacoub à l'Elevage.
Dans un communiqué publié le même jour, le groupe armé se dit " scandalisé par la diffusion de la liste des membres du gouvernement comportant les noms de trois de ses hauts cadres. Pourtant, le Bureau Politique n'a jamais été consulté et n'a pas remis une quelconque liste à cet effet".
D'après le texte signé de Habylah Awal, porte-parole du bureau politique, il est en conséquence demandé "à ces cadres (...) de remettre sans délai leur démission".
De leurs côtés, les miliciens anti-Balakas, partisans de l'ex- chef de l'Etat François Bozizé renversé par la Séléka, comptent deux représentants dans le nouveau gouvernement d'union nationale et de transition, dont Jacob Désiré Ngaya, ministre délégué aux Finances.
Aucune réaction officielle n'a encore été publiée par l' organisation. "Pour le moment, au niveau de notre coordination on observe encore", s'est limité à réagir son porte-parole Brice Namsio,joint samedi par Xinhua.
Dans l'ensemble, la moitié du gouvernement Kamoun comporte "des gens qu'on ne connaît pas", selon Gervais Lakosso. Ancien ministre de l'Intérieur, Aristide Sokambi a été promu ministre d'Etat en charge de la Défense.
Nommée aux Travaux publics, Marie-Noëlle Koyara, précédemment ministre de l'Agriculture, occupe le même rang. L'on dénombre en outre 27 ministres et deux ministres délégués.