La présidente de transition centrafricaine est une femme chanceuse : en douceur, elle a succédé à Michel Djotodia qui, soit dit en passant, était arrivé à Bangui les armes à la main, un certain 24 mars 2013. En douceur, elle vient d'obtenir le départ de son Premier ministre, André Nzapayéké, que le consensus trouvé suite à l'éviction de Djotodia, avait choisi pour l'épauler dans sa lourde tâche de sortir la Centrafrique du cycle des violences. Que lui manque-t-il maintenant pour réussir sa mission après la nomination d'un nouveau Premier ministre et d'un nouveau gouvernement ?
Après avoir franchi des obstacles difficiles, l'un des plus grands défis de la présidente Catherine Samba Pandza est de trouver de quoi ne pas faire perdre l'espoir à ses compatriotes.
Pour ceux qui nourrissaient quelques inquiétudes compréhensibles au terme des difficiles pourparlers de Brazzaville entre les frères ennemis centrafricains, les pans entiers de ces doutes sont peut-être en train de tomber un à un. Le premier est assurément cette démarche tenue secrète de la démission de Nzapayéké, dans le cadre de l'application de l'accord de paix signé dans la capitale congolaise. Le second est la désignation à ce poste d'un homme signalé comme appartenant à la mouvance musulmane, le tout étant de favoriser la réconciliation au moyen du partage équitable du pouvoir dans ce pays où la fracture chrétiens-musulmans tend à devenir déterminante.
Une chance en appelant une autre, Catherine Samba Pandza qui souhaitait, dès sa prise de fonction, le 20 janvier, le déploiement des casques bleus de l'Onu serait sans doute comblée par l'arrivée, le 15 septembre, des 12 000 hommes constituant la Minusca (mission multidimensionnelle intégrée de stabilisation des Nations unies en République centrafricaine). Ces effectifs en hausse, dotés de beaucoup plus de moyens, pourraient aider à stabiliser la situation, l'objectif à terme étant de permettre à ce pays d'organiser des élections générales à la fin de la transition prévue l'année prochaine.
L'expérience montre, néanmoins, que les forces onusiennes, ou les forces de maintien de la paix tout court, n'ont jamais remplacé le consensus intérieur autour duquel les citoyens d'un pays confronté à une guerre civile peuvent envisager l'avenir de leur nation. Cela s'est vu tout près de la Centrafrique, en République démocratique du Congo notamment où, de 1999 à ce jour, soit 15 ans de présence des casques bleus, tous les problèmes de stabilisation ne sont pas résolus dans les zones de conflits. Il est donc impérieux que les dirigeants centrafricains, qui se reconnaissent dans les groupes armés en état de belligérance permanente sachent où se trouve la priorité dans le moment présent.
Souhaiteraient-ils, pour les cinq, dix ans à venir, que la Centrafrique demeure ce pays à la main tendue même pour assurer la protection de ses propres enfants ? Que leur pays devienne le point de ralliement des forces internationales, dont on sait que certains éléments qui les composent n'ont pas toujours un comportement exemplaire ? Voudraient-ils pour la prochaine décennie continuer à croire qu'entre eux, fils et filles du même pays, la réconciliation est impossible et que la vie ne serait viable que quand stationneront près de leurs maisons des hommes lourdement armés et lourdement vêtus venus d'ailleurs ? Sans doute, non !
Après avoir franchi des obstacles difficiles décrits plus haut, l'un des plus grands défis de la présidente Catherine Samba Pandza est de trouver de quoi ne pas faire perdre l'espoir à ses compatriotes. Si les forces internationales peuvent être un atout majeur dans cette quête de stabilité, la caution des acteurs centrafricains au schéma de réconciliation dessiné à Brazzaville est indispensable.