Plusieurs personnes ont été tuées lors de violents combats opposant des factions de l’ex-coalition rebelle de la Séléka depuis lundi à Bambari, ville du centre de la République centrafricaine (RCA), distante d’environ 400 km de la capitale Bangui, rapportent des sources au sein du mouvement armé et l’administration locale.
"Depuis hier soir, une mésentente provoque des affrontements entre des éléments qui se trouvent à Bambari. C’est un combat terrible. De notre côté, on déplore 5 morts lundi et un autre mort aujourd’hui. Chez l’ennemi, je ne connais pas le bilan", a témoigné le colonel Djouma Narkoyo, porte-parole de la Séléka joint mardi par Xinhua à Samoindja, à plus de 900 km au Nord-Est de Bangui, à la frontière soudanaise.
Ces combats mettent aux prises des troupes du commandement suprême de l’ex-alliance rebelle placée sous l’autorité du général JosephZoundéko, le chef d’état-major, et d’autres combattants, des peuls, menés par Ali Djarras, dans le rôle de "comzone", c’est-à- dire commandant de la zone dont la présence dans la ville est antérieure à celle de l’état-major de l’ex-rébellion depuis mai.
Selon le colonel Narkoyo, Djarras, ex-chef d’état-major de la rébellion dirigée par le rebelle tchadien Baba Ladé dans le Nord- Ouestde la RCA, notamment à la frontière tchadienne, a rallié la Séléka à Kaga-Bandoro en février 2013, peu avant la prise du pouvoir de celle-ci et son leader Michel Djotodia un mois plus tard.
Détaché depuis plus de huit mois de Bangui, le "comzone" s’est entouré de combattants peuls pour imposer son autorité à Bambari, où des tensions ont aussitôt surgi avec la population composée majoritairement d’agriculteurs dont la force des bras fait de cette ville le grenier du pays.
"Depuis huit mois, j’ai géré une situation très difficile", a confié le préfet du département de la Ouaka dont Bambari est le chef-lieu, Ben Ousmane Abakar.
Pour le colonel Narkayo, "Djarras digère mal notre présence à Bambari", explique Narkoyo.
D’autres sources expliquent la tension entre les deux factions rebelles par la perception de dividendes provenant des sociétés de téléphonie mobile par un camp au détrimentde l’autre.
Survenus depuis la veille de 16h00 jusqu’à 20h30 (19h30 GMT) selon lepréfet, les combats, intenses et extrêmement violents, ont reprismardi matin aux environs de 04h30 (3h30 GMT), pour s’arrêter à 11h00 (10h00 GMT), de l’avis de Narkoyo faisant état de l’ utilisation par lesdeux camps d’armes loures "de tous calibres" dont leslance-roquettes et des Kalachnikov.
"On enregistre beaucoup de décès des deux côtés. C’est un combatdur. Ma famille et moi, nous sommes en danger. Au moment où je vousparle, je suis cloîtré dans ma chambre. Je suis abandonné à moi-mêmeavec ma famille. Je ne comprends pas cela. Ni les autorités, ni lesNations Unies que j’ai tour à tour appelées pour venir m’apporter la protection ne se manifestent", s’inquiète le préfet.
Comme le témoigne le rapport de l’autorité administrative, aucun bilan précis ne permet pour l’heure d’apprécier l’ampleur des hostilités provoquées, à l’en croire, par la décision du général Zoundéko de procéder au remplacement des hommes d’Ali Djarras à un check-point érigé dans la ville.
C’est un incident de plus qui ne rassure pas quant à une rapide desortie de crise en RCA qui vient de se doter d’un nouveau gouvernementd’union nationale dirigé par Mahamat Kamoun, ex- directeur de cabinetde Michel Djotodia alors président par intérim, ayant par ailleurs servi comme ministre d’Etat, conseiller spécial de l’actuelleprésidente de transition Catherine Samba-Panza.
"Depuis 12h00, il y a un calme précaire. Il y a l’état d’ urgence", a cependant précisé le colonel Narkoyo. Cette ville de 40.000 à 50.000 habitants avait déjà été au cours des derniers mois le théâtre d’affrontements sanglants entre lesex-rebelles de la Séléka et leurs adversaires des milices anti-Balakas, les uns et les autres signataires d’un fragilecessez-le-feu conclu le 23 juillet à Brazzaville (Congo).
En plus de la Séléka, un contingent de la Mission internationale de soutien à la Centrafrique sous conduite africaine (MISCA) et un autre de la force française Sangaris sont déployés dans la localité.
Des accrochages ont aussi opposé ces forces chargées d’aider à restaurer la paix et la sécurité dans le pays aux anciens maîtres de Bangui.